Dakar, La tuberculose est restée une maladie endémique au Sénégal en dépit des efforts du gouvernement et de ses partenaires dans la réduction de la charge morbide, a soutenu vendredi à Dakar Marie Sarr, coordonnatrice du Programme national de lutte contre cette maladie.
Intervenant à l’ouverture d’un atelier de plaidoyer d’élus sénégalais en faveur de la lutte contre la tuberculose, le docteur Sarr a entre autres lié la persistance de la maladie aux "cas manquants ou non détectés qui entretiennent sa transmission dans la communauté".
"Le secteur de la santé a agi avec les leviers sanitaires. On a également actionné le levier communautaire, mais les résultats escomptés n’ont pas été à la hauteur des attentes. Il nous faut aujourd’hui encore d’autres approches", a souligné la coordonnatrice du PNT.
Elle a rappelé les stratégies actuelles de prise en charge articulées autour d’un traitement gratuit, de la disponibilité des médicaments dans toutes les structures de santé et de l’appui nutritionnel pour les malades.
"Mais la lutte est rendue difficile par l’émergence d’une nouvelle forme résistante aux médicaments, nécessitant un traitement plus long et plus lourd", a déploré Marie Sarr.
Chaque année 300 cas de tuberculose multi résistante sont attendus alors que seuls 70 cas sont dépistés, d’après les données du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Ainsi, en phase avec la stratégie mondiale d’élimination de la Tuberculose d’ici 2030 dénommée "End TB" initiée par l’Organisation mondiale de la Santé, le PNT compte mettre en branle de "nouvelles stratégies avec un changement de paradigme pour actionner d’autres leviers susceptibles d’éradiquer la maladie".
Il s’agit essentiellement du levier sectoriel avec l’implication d’autres ministères, la sensibilisation des décideurs, des députes, les conseillers et toutes les institutions pour qu’ils soient pleinement imprégnés des défis, a dit la coordonnatrice du PNT.
Soutenant que l’idée est de "partager cette problématique et les inviter à appuyer le PNT parce que ce n’est plus une lutte du secteur de la santé mais une lutte multisectorielle pour avoir des défenseurs".
"Il faut une synergie de tous pour placer le PNT dans un meilleur cadre dans les prochaines années pour des résultats plus efficients", a plaidé Dr Marie Sarr.
Membre de la commission santé de l’Assemblée nationale, la députée Juliette Zinga a pris des engagements au nom de ses pairs pour accompagner le PNT tout en les invitant à les aider à "identifier les actions qui reviennent à chacun pour sonner le glas de la maladie".
"Les élus sont les premiers interpellés pour accompagner le programme pour partager les résultats pour avoir une synergie d’actions pour les recherches de financements ciblés et harmoniser ce que nous faisons dans la lutte", a-t-elle indiqué.
Membre du Haut conseil des collectivités territoriales, Alassane Cissé pense que la maladie est endémique du fait des habitudes dans l’habitat avec des maisons construites comme des pagodes où l’air ne circule pas.
"C’est l’affaire de tout un chacun c’est un problème de santé publique qui interpelle également les élus et les communautés", a-t-il dit.
"Quand on met un traitement curatif c’est parce qu’on a failli dans la prévention. On ne peut avoir meilleur cible que les parlementaires", a souligné pour sa part Dr Alioune Niang, pneumologue qui a fait une présentation sur le traitement de la maladie.
Ainsi il s’agit de "comprendre les déterminants sociaux de la maladie pour mieux sensibiliser sur la prévention", a-t-il ajouté. En 2017, le PNT a dénombré 13605 de tuberculose toutes formes confondues dont 10 117 de TB contagieuse avec 86% de succès thérapeutique et 3% de décès.
L’analyse épidémiologique a également montré que la charge morbide se concentre particulièrement sur six régions : Dakar (42% des cas), Thiès, Diourbel, Saint Louis, Kaolack, Ziguinchor.