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Aménagement et attractivité du territoire: Ces goulots qui freinent l’émergence des terroirs
Publié le mercredi 11 juillet 2018  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par SB
Ouverture de la Conférence nationale sur l’aménagement et l’attractivité du territoire
Dakar, le 9 juillet 2018 - Le président de la République Macky Sall a présidé la cérémonie officielle d`ouverture de la Conférence nationale sur l’aménagement et l’attractivité du territoire (Cnaat). La rencontre s`est tenue au CICAD.
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La conférence nationale dédiée à l’aménagement et à l’attractivité du territoire a mis à nu, hier, les principaux goulots d’étranglement qui freinent l’émergence des communes.

Comment faire des territoires des lieux endogènes de développement, en tenant compte de la préservation de l’unité nationale et de la cohérence territoriale ? C’est, en substance, la question à laquelle les différents acteurs du secteur ont essayé d’apporter des réponses adéquates, à l’occasion de la Conférence nationale sur l’aménagement et l’attractivité du territoire. Elle a été ouverte, hier, au Centre international de conférences Abdou Diouf et présidée par le chef de l’Etat.

D’emblée, les débats ont été ouverts sur fond de diagnostic sans complaisance des politiques d’aménagement du territoire national imprimées par les différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays. Selon le professeur titulaire des universités en aménagement du territoire, gouvernance environnementale et décentralisation, Mawloud Diakhaté, qui s’est attelé à la tâche en sa qualité de président du Comité scientifique de ladite conférence nationale, les approches de l’aménagement du territoire jusque-là mises en œuvre au Sénégal, ont généré des situations spatiales particulièrement marquées par une croissance urbaine symbolisée à la fois par un étalement urbain débridé et un dépérissement des cœurs de ville, si ce n’est leur bidonvilisation.

Macky Sall : ‘’Nos territoires ne sont pas viables’’

‘’Depuis plus d’un demi-siècle, force est de constater que l’aménagement du territoire est réalisé au Sénégal par saupoudrage d’équipements et d’infrastructures. Au constat de son impact spatial, on assiste, encore aujourd’hui, au creusement des disparités socio-économiques entre les territoires de la côte atlantique et ceux de l’intérieur, en d’autres termes entre le tiers dit utile et le désert sénégalais’’, a déclaré le directeur de l’école du parti de l’Alliance des forces de progrès (Afp) de Moustapha Niasse. Il explique ainsi cette situation par une faiblesse du cadre institutionnel, une faiblesse des ressources des collectivités territoriales, notamment celles dites rurales, les incohérences territoriales et imprécisions des limites des collectivités territoriales.

Toutes choses qui amènent le président de la République, Macky Sall, à reconnaitre ouvertement que la réalité n’est pas flatteuse. ‘’Nos territoires sont marqués par une anarchie. Ils ne sont pas viables. C’est cela la réalité, il faut le reconnaitre’’, admet-il. Le président Sall impute cette situation à ses prédécesseurs qui, à l’en croire, se servaient des territoires pour régler des comptes politiques. ‘’A chaque fois que nous nous sommes approchés des élections, le pouvoir central a essayé de faire une répartition selon le positionnement politique. Il nous faudra beaucoup de courage pour affronter la nécessaire correction territoriale. Ça ne va pas du tout être facile, ça demande beaucoup de courage’’, a-t-il soutenu.

OTD : ‘’Le président a mis en œuvre une politique de rattrapage’’

Pour inverser la tendance et aller vers des territoires viables et compétitifs, le chef de l’Etat préconise un changement total de paradigme avec une approche scientifique détachée de toute considération politique. Pour ce faire, le président du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) invite l’ensemble des acteurs et des tenants du pouvoir à introduire une dimension tenant en compte des variables tels que les potentialités naturelles locales, le niveau technique du capital humain, la qualité des équipements et des infrastructures, les politiques locales de développement territorial, la qualité du cadre de vie ou encore l’environnement des affaires. Cela dans le but de rendre attractives les différentes collectivités territoriales. ‘’L’attractivité, concept polymorphe, est communément conçue vis-à-vis des entreprises comme la capacité d’un territoire quelconque à fournir, grâce à ses ressources, les conditions d’implantation les plus intéressantes que celles des territoires concurrents. Elle renvoie à la capacité d’un territoire à attirer des investissements nationaux ou internationaux pour sa requalification, notamment en termes de qualité de vie, quantité et d’emplois créés’’, a indiqué Ousmane Tanor Dieng.

Pour le secrétaire général du Parti socialiste, dès lors que depuis 2012, le président de la République a mis en œuvre un vaste programme de rattrapage, à travers notamment le Pudc, le Puma et plus récemment Promoville, afin de renforcer la structure des territoires, il s’agit, aujourd’hui, après ces initiatives ‘’audacieuses’’ et ‘’hardies’’, de les rendre compétitives afin qu’elles répondent de la meilleure façon au rendez-vous de l’intégration sous-régionale et de la mondialisation. ‘’Le temps est arrivé, pour le Sénégal, d’entrer de plain-pied dans l’ère de la transformation des produits de ses divers écosystèmes. Car la territorialisation des politiques publiques constitue un vecteur du développement territorial qui, lui-même, est une demande de mobilisation des acteurs locaux pour l’élaboration et la mise en œuvre d’un projet commun à un territoire donné’’, a-t-il déclaré.

Pour sa part, le président de l’Union des associations des élus locaux, Adama Diouf, estime que si le Sénégal ne peut pas se développer sans passer par ses territoires, il est impératif d’insister sur les deux moteurs d’animation des territoires que sont la décentralisation et la déconcentration. Allant plus loin, le maire de Diamniadio, Moulaye Guèye, invite le président de la République à toujours privilégier le dialogue et la concertation entre les différents acteurs du secteur, pour définir des politiques territoriales concertées qui prendraient en charge les réelles préoccupations des populations.

Justement, selon le président Macky Sall, c’est là toute la portée de cette conférence nationale. ‘’L’organisation de cette rencontre confirme mon ambition de bâtir dans l’équité et la cohésion un Sénégal de paix et de prospérité à partir des territoires. Cette rencontre me donne l’opportunité d’être à l’écoute des acteurs territoriaux, d’actualiser notre politique d’aménagement du territoire et d’en dessiner les nouveaux contours au-delà des enjeux et mutations en cours’’.

130 milliards pour soulager les territoires

Pour rendre viables et attractifs les territoires, le régime du président Macky Sall sort les gros moyens. En plus d’une augmentation de 5 milliards de francs Cfa par an sur les finances des collectivités territoriales, une enveloppe de 130 milliards sera dégagée. La convention de financement a été signée hier au cours de la Conférence nationale sur l’aménagement et l’attractivité du territoire. Ainsi, en vue d’accompagner la mise en œuvre de l’Acte 3 de la décentralisation, le gouvernement a mis en place le Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal, communément appelé Pacasen. Cofinancé par l’Etat du Sénégal (60 millions Usd), la Banque mondiale (110 Millions Usd) et l’Agence française de développement (90 millions Usd), le Pacasen intervient dans la continuité de deux programmes précédents, à savoir le Programme d’appui aux communes (Pac 1997-2003) et le Programme de renforcement et d’équipement des collectivités locales (Precol 2006-2013).

Ces deux programmes, selon les tenants du pouvoir, ont permis de relever le niveau d’équipement des communes et de tester plusieurs mécanismes, notamment les audits urbains, organisationnels et financiers, les contrats de ville et les contrats d’agglomération, les montages financiers intégrés associant des subventions, des emprunts et de l’autofinancement, etc. Sa mise en œuvre permettra d’atteindre des résultats clés du Programme d’opérationnalisation de l’Acte 3 de la décentralisation du Sénégal (Proactsen). ‘’Ce dernier, chiffré à environ 500 milliards de francs Cfa est, en quelque sorte, un agenda chiffré visant à concrétiser toutes les recommandations issues de l’évaluation de la première phase de mise en œuvre de l’Acte 3 de la décentralisation’’, selon la Direction nationale de l’aménagement du territoire qui a fait une projection au cours de cette conférence nationale.

Compte tenu des contraintes liées au financement disponible et à la consistance des activités à mettre en œuvre, en rapport avec les capacités de mise en œuvre, le Pacasen couvrira, dans une première phase, les villes et les communes de plus de 30 000 habitants et dont la densité dépasse 10 habitants au km2 ; les communes chefs-lieux de région et/ou de département, et les villes et communes concernées par le Pac et le Precol et ayant remboursé intégralement leur dette vis-à-vis desdits programmes. Sur cette base, 123 communes et villes pilotes sont, pour l’instant, directement éligibles aux ressources financières dédiées aux investissements prévus dans ledit programme. Ces communes pilotes représentent 6,5 millions d’habitants, soit près de 50 % de la population nationale.
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