Hadjibou Soumaré pourrait s’avérer être le candidat anti-système. Technocrate et apolitique, il peut paraître le symptôme d’un système politique à bout de souffle.
L’ancien Premier ministre du Sénégal, Cheikh Hadjibou Soumaré, connu comme étant un «technocrate», plonge dans la mare politique. Cela, après un moment d’effacement dans la gestion de la chose publique, depuis sa démission à la Commission de l’Uemoa.
Décrit comme quelqu’un de rigoureux et de travailleur, Hadjibou Soumaré est connu pour son goût du travail bien fait. Il est également décrit comme un homme caractériel. L’on se souvient encore de cette sortie musclée de l’ancien Premier ministre, tard dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2008, à la veille de l’ouverture des Assises nationales, pour donner la position du gouvernement : « notre refus de verser dans la démagogie, le louvoiement ou une utilisation malsaine des difficultés actuelles des forces vives de notre pays pour une quelconque action politicienne. » Expliquer que, « notre loi fondamentale définit bien les frontières entre le président de la République, qui définit la politique de la nation, et le Gouvernement chargé de sa mise en œuvre. » Dénoncer le « manque de sérénité d’une frange de l’opposition ». Assumer le « bilan économique » qui prévalait à l’époque, dans un contexte de « conjoncture économique internationale difficile. » Mais, avait-il affirmé, « ce n’est pas parce que cette crise est d’abord mondiale que mon gouvernement va leur tourner le dos. Au contraire, nous avons l’expertise, la détermination et la volonté de répondre aux attentes légitimes des populations ».
Son passage à la Primature avait coïncidé, en effet, avec un contexte international difficile, marqué par la crise financière mondiale et la hausse du prix du baril de pétrole à l’échelle internationale. Au Sénégal, cela s’est soldé par la cherté des denrées de première nécessité. Les deux dernières phrases de son discours ont été une invite à « mettre de côté les intérêts partisans et les ambitions inavouées et travaillons pour un Sénégal prospère. Le moment des élections viendra et les Sénégalais, et eux seuls, trancheront », avait-il conclu.
Il a été, aux yeux de l’opinion publique, le seul Premier ministre sous l’Alternance I, à avoir démissionné de son poste de chef du gouvernement, « pour convenances personnelles », le 30 avril 2009. En quittant son poste, Cheikh Hadjibou Soumaré avait remercié le Président de la République, Me Abdoulaye Wade, qui, « depuis presque 9 ans, m’a fait confiance, d’abord en tant que ministre du Budget, puis Premier ministre. Il m’a toujours soutenu par ses conseils avisés et son soutien constant en me laissant avec ma liberté de décision. Le président a toujours eu une attention toute particulière pour moi, parfois une attention de père. Je l’en remercie très sincèrement. » Depuis, l’homme était hors des circuits officiels, plus que jamais effacé dans la sphère politique et publique.
Tout comme à la Primature, Cheikh Hadjibou Soumaré a démissionné un, jeudi 29 novembre 2016, de son poste de président de la Commission de l’Uemoa. L’ancien Premier ministre du Sénégal avait confié du bout des lèvres avoir pris sa décision pour « convenances personnelles ». Ce qui ouvrait vaste champ de conjectures sur les véritables raisons qui l’ont poussé à rendre le tablier plus tôt que prévu..
La soixantaine, Cheikh Hadjibou Soumaré est un haut fonctionnaire qui a gravi les échelons dans l’administration des finances au Sénégal. Premier ministre du Sénégal de juin 2007 à avril 2009, c’est le 23 mai 2001 qu’il a fait son entrée dans le gouvernement, au poste de ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des Finances, chargé du Budget et de l’Habitat. Il est diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), option Inspecteur du Trésor, en 1981. C’est en mars 2001 que Cheikh Hadjibou Soumaré a été élevé au grade de Chevalier de l’Ordre national du Lion, du fait de sa carrière professionnelle exemplaire dans l’administration des finances du pays, bien avant son entrée au gouvernement.