Dakar, La Russie, pays hôte de la Coupe du monde 2018, peut d’ores et déjà être considéré comme le grand vainqueur du Mondial, avec son équipe nationale, la Sbornaya, avant même le terme de cette compétition dont les demi-finales vont se jouer à partir de ce mardi.
La sélection russe, qualifiée de moribonde par l’écrasante majorité des observateurs avant le démarrage de la compétition, s’est transformée pour devenir l’équipe surprise de la Coupe du monde, après sa qualification pour les huitièmes de finale.
Il y a surtout que la Sbornaya, contre tout pronostic, a sorti l’Espagne, classée parmi les favoris du Mondial.
Tombée les armes à la main et la tête haute en quarts de finale contre la Croatie, à l’issue des tirs au but, l’équipe dirigée par Stanislas Tchertchessov a reçu les hommages de tout un peuple qui a fini par croire en ses joueurs.
Il fallait, pour s’en convaincre, voir la douce folie qui avait accompagné la sortie des joueurs après la victoire aux tirs au but contre l’Espagne, championne du monde 2010.
Du stade Luznhiki aux rues adjacentes jusqu’à la Place Rouge, à proximité du Kremlin, la circulation était quasi impossible en dépit de la présence de forces de l’ordre, avait constaté l’envoyé spécial de l’APS.
Les plus chanceux des supportes étaient finalement les premiers à sortir et à s’engouffrer dans les rames surchargés du métro moscovite.
A côté du bruit assourdissant des voitures dévalant les voies, il faut subir les "Ros-si-ya", cri de ralliement des supporters russes qui semblaient avoir du mal à croire en cette qualification en quarts de finale.
Il faut dire que jusque-là, rares étaient ceux qui pariaient sur la Russie, pire, la plupart des observateurs ne donnaient pas cher de la peau face de la sélection russe face à l’armada hispanique.
Finalement, le gardien Igor Akinfeïev a joué sa partition en stoppant deux tirs au but espagnols à la grande joie de ses supporters parmi lesquels Vladimir Poutine, connu pour être plus un fan de hockey sur glace que de football.
D’ailleurs, pour le quart de finale joué samedi contre la Croatie, le président russe a préféré dépêcher son Premier ministre Dmitri Medvedev, aux côtés de la présidente croate et du président de la Fifa.
La Russie a finalement pu au total donner une belle image d’elle-même, en dépit du rebondissement de l’affaire de la tentative d’empoisonnement au Novitchok (agents innervants) contre l’ex-espion russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia à Salisbury (Londres), avec le décès dimanche 8 juillet d’une Britannique contaminée au même agent neurotoxique.
La mort de la Britannique empoisonnée au Novitchok peut relancer la tension entre Londres et Moscou, même si du côté français par exemple, l’Elysée a confirmé que le président Emmanuel Macron sera présent mardi à la demi-finale France-Belgique.
De Moscou à Ekaterinbourg en passant par Samara et Kaluga, les supporters sénégalais et d’autres nationalités ayant séjourné en Russie sont repartis avec pleins de belles images du pays de Poutine.
Interrogé par l’APS, l’un des envoyés spéciaux du quotidien Le Soleil, Cheikh Fantamady Keita, par exemple, s’est dit très surpris par l’accueil.
"Pour vous dire la vérité, j’ai failli renoncer à ce voyage parce qu’on parlait de racisme dans les stades et dans les villes russes", a dit le chevronné journaliste, avant d’ajouter : "Mais c’est le contraire que j’ai remarqué".
Le journaliste camerounais Richard Naha, ne dit pas autre chose, qui assure que cette Coupe du monde a permis de "mettre le doigt sur les méfaits de la propagande occidentale".
Le PDG du Royal Malhango de Fatick, Issa Barro, va dans le même sens, annonçant avoir même réservé un voyage sur Moscou en septembre prochain.
"Je reviendrai pour joindre l’utile à l’agréable", a informé le président du syndicat d’initiatives de Fatick, évoquant les "grandes possibilités" qu’offre ce pays après avoir discuté d’investissements et de partenariats avec des hommes d’affaires russes.
Un tour à la mythique Place Rouge, notamment au début du Mondial, a permis à certains fans de "remettre en question des contrevérités balancées sur ce pays" selon Lamine Diop, dirigeant de la Linguère de Saint-Louis.
"Moi, je pense qu’on doit avoir à la tête de notre pays, une personne comme Poutine, un despote éclairé pour que notre cher Sénégal puise aller de l’avant", souligne le dirigeant sénégalais.
"Je suis agréablement surpris par ce pays et en définitive, la Russie a grandement réussi sa Coupe du monde en accueillant les gens dans des beaux stades", a dit le dirigeant de la Linguère de Saint-Louis et de la Ligue sénégalaise de football professionnel.
Dans ce sens, l’ambassadeur du Sénégal à Moscou, Abdou Salam Diallo, avait invité la presse sénégalaise à présenter "la vraie image" de la Russie pour permettre aux Sénégalais de tirer profit des relations avec ce pays.
"Il faut ouvrir les yeux des Sénégalais sur la Russie, parce qu’il y a beaucoup de désinformation", expliquait le diplomate, relevant que ce pays a fait énormément de progrès.
"Tout n’est pas parfait, mais ce pays a fait de grands progrès qui méritent d’être présentés", avait insisté le diplomate, avant d’appeler la presse sénégalaise à être le relais de "la véritable situation" de ce pays.
"Il n’y a pas meilleure presse que vous pour présenter ce pays à nos concitoyens", relevait Abdou Salam Diallo.