Suite à la sortie du syndicat des marins demandant le retour des bateaux de pêche étrangers et particulièrement les bateaux russes, la Fédération nationale des Gie du Sénégal (Fenagie) a opposé un niet catégorique. Les professionnels du secteur, très en verve, ont tenu un point de presse hier, au quai de pêche de Hann, pour dénoncer le pillage des ressources halieutiques par les bateaux étrangers et avertir Macky Sall et Aly Aïdar contre toute idée de faire revenir ces bateaux usines qui, prétendent-ils, sont à l’origine de la rareté du poisson au Sénégal.
«Aujourd’hui nous dénonçons les marins pêcheurs (le syndicat des marins) qui plaident pour un retour des bateaux étrangers et particulièrement les bateaux Russes », tonne d’emblée, Awa Djiguene, responsable de la Fenagie. Ces propos ont été tenus hier, à l’occasion du point de presse organisé par la Fenagie qui regroupe tous les Gie des professionnels de la pêche.
L’idée émise lors de la journée mondiale de la pêche par le syndicat des marins du Sénégal, concernant le retour des bateaux de pêche étrangers dans les eaux sénégalaises, a été fortement critiquée. Les professionnels du secteur de la pêche dénoncent avec la dernière énergie la sortie du syndicat des marins.
Awa Djiguene considère que « leurs propos sont scandaleux, car ces bateaux sont des bateaux usines, des mastodontes. Ils sont interdis par le code de la pêche et ils étaient autorisés illégalement par l’ancien régime ». Elle prétend que ces marins ne pensent qu’à eux et non à l’intérêt général des professionnels de la pêche. Dans le même registre, Mbaye Faye, pêcheur à Hann, prétend que « les mareyeurs, pêcheurs, porteurs de poissons, vendeuses, etc., sont tous réunis pour dire non à cette idée ».
Par conséquent, les professionnels du secteur, très remontés contre ces propos, prétendent défendre leurs intérêts, quitte à y laisser leur vie. Babacar Mbaye, président du quai de pêche de Hannet non moins président des mareyeurs de Yarakh, prévient que « si cela arrive, tous les Sénégalais descendront dans la rue pour faire descendre Aly Aïdar et Macky Sall et personne ne pourra nous arrêter ». Il a dénoncé avec hargne le retour des bateaux étrangers et avertit : « si toutefois les bateaux reviennent d’ici les élections prochaines, il ne faut pas qu’il vient à Yarakh. Mais s’il les fait partir pour de bon, nous allons voter pour lui», prévient-il. Mbaye Faye lui emboite le pas et déclare que «nous n’avons pas l’habitude de barrer la route, de faire des marches de protestation. Mais si ces bateaux reviennent ici, nous allons marcher et barrer la route», lance-t-il.
Les professionnels de la pêche pensent dur comme fer que ce sont les bateaux étrangers, surtout russes, qui sont à l’origine de la raréfaction du poisson au Sénégal. Ils pêchent le « yaboye », qui est « notre poisson, le poisson des pauvres », se plaint Awa Djiguene. Les pêcheurs de Yarakh prétendent que les bateaux russes attrapent le poisson de surface qui est leur gagne-pain et qui est prisé par les Sénégalais. Par conséquent, ils sont obligés d’aller en haute mer, jusqu’à plus de 6 km de la côte, pour espérer trouver du poisson, sachant les risques qu’ils encourent.
Des camions frigorifiques à l’arrêt depuis plus de 4 mois
Au quai de Hann, le décor est désolant. Plus de 7 camions frigorifiques sont aux arrêts et cela depuis plus de 4 mois, informent les mareyeurs sur place. Selon les professionnels du secteur de la pêche, cela fait plus de 4 mois que ces camions n’ont pas bougé de là, faute de poissons. Autres faits qui captent l’attention au quai de Hann, ce sont les casiers vides superposés. Une multitude de casiers vides campent le décor au niveau du quai. Gamou Ndiaye, mareyeuse informe que cela fait longtemps qu’elles n’ont pas transporté du poisson. Pour les mareyeurs, c’est la conséquence des bateaux étrangers à qui on avait accordé des licences de pêche de manière irrégulière, du temps d’Abdoulaye Wade. Selon eux, en un temps record, ces bateaux ont détruit les ressources pélagiques de la mer. Ainsi, la Fenagie se dit prête à tout pour lutter contre le retour des bateaux étrangers, surtout les gros bateaux russes.
