Le Sénégal est en difficulté économique et, de ce fait, n'est pas en situation de pré émergence ou d’émergence malgré une courbe de croissance en accélération depuis 2014 et qui est l’une des plus régulières au monde, a déclaré dimanche à Dakar, l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye.
Invité de l’émission dominicale « Objections » de la radio Sud FM (privée), M. Mbaye par ailleurs banquier a indiqué que le taux de croissance de 7,2% relayé par les autorités est loin d’être en conformité avec les réalités que vivent les populations.
« Nous sommes dans un pays où il y a la faim, l’insécurité alimentaire et malgré ça, nous sommes un pays qui se surendette. Nous sommes le pays le plus endetté globalement au sein de l’UEMOA, notamment au niveau de la dette extérieure. Nous sommes dans un pays où le tourisme va mal, alors qu’il allait bien il y a quelques années », a-t-il soutenu.
M. Mbaye s’inscrit ainsi dans la même logique que le dernier Premier ministre sous le régime socialiste, Mamadou Lamine Loum et celle du député et ancien inspecteur des impôts, Ousmane Sonko, qui ont récemment parlé de « tension financière » et de « difficulté de trésorerie » que vivrait le Sénégal.
Pour ce qui est de la compétitivité de l’économie sénégalaise, l’ancien chef du gouvernement de Macky Sall, devenu son opposant estime qu’elle continue toujours de dépendre essentiellement du coût de l’énergie qui « coûte encore très cher ».
Parlant de la situation du port de Dakar qui risque d’être laissé en rade par ses concurrents, il s’est désolé de cette capacité des pays africains « à abandonner ce qui marche ». Il dénonce par là les choix d’investissement qui ont été orientés vers le renouvellement des cartes d’identité et la construction du train express régional (TER) au détriment du chemin de fer Dakar-Bamako.
Ce chemin de fer Dakar-Bamako, qui garantissait l’acheminement vers l’inter land malien de 75% des marchandises de ce pays qui débarquaient au port autonome de Dakar, est en état de délabrement avancé et nécessite une réhabilitation.
Une réhabilitation devrait garantir la sauvegarde des 18% du trafic du port de Dakar qu’assure le marché malien et minimiser ainsi la forte menace que représente la construction du nouveau port d’Abidjan.
Ce dernier vise notamment à attirer de clients maliens qui autrefois passaient par la capitale sénégalaise pour réceptionner leurs produits importés.
Par ailleurs, le président du parti Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT) s’est prononcé sur le phénomène anti Auchan (entreprise française de grande distribution qui menace le petit commerce local). Et sur ce point, il propose l’ouverture d’une discussion entre les différents acteurs afin de trouver un compromis permettant de sauvegarder les intérêts du consommateur sénégalais et ces milliers de boutiques qui sont « des milieux de création de valeur ajoutée ».