Dakar - Quelques triporteurs, des toiles d'écran de projection et des enceintes: c'est avec ce matériel rudimentaire que l'association sénégalaise Culture WAW compte, avec le soutien de l'Unesco, projeter des films dans six régions dépourvues de salles de cinéma.
"On a vraiment envie de toucher tout le Sénégal, mais aussi de donner envie aux jeunes de s'engager", a déclaré jeudi le président de l'association, Ousseynou Thiam, à l'origine du projet "Mobiciné", lors d'une conférence de presse au siège de l'Unesco à Dakar.
Si cette initiative existe déjà dans la capitale depuis 2011, le projet vise à l'étendre au reste du pays à partir de novembre 2019: à Saint-Louis (nord), Thiès et Kaolack (centre), Matam (est), Ziguinchor et Kédougou (sud).
Au départ, 18 jeunes au total, trois par région, à bord de triporteurs équipés de matériel de projection, sillonneront le pays pour diffuser des films dans des écoles et centres culturels. Ils en formeront à leur tour d'autres, pour que "Mobiciné" se propage de ville en ville.
Le budget des séances organisées est modeste : 13.000 francs CFA (environ 20 euros) par projection. L'UNESCO finance 44% du projet, l'Etat devrait aussi apporter son aide.
"C'est un devoir pour l'Etat d'accompagner des initiatives comme celles-ci", a assuré le directeur national de la Cinématographie, Hugues Diaz.
"Mobiciné" veut également promouvoir le cinéma africain et le rendre accessible à tous: 80% des films choisis sont africains, 65% d'entre eux sont sénégalais.
Certaines séances, notamment dans les écoles sont gratuites, mais une partie des recettes est toujours reversée aux cinéastes. "Les ayant-droits, producteurs et artistes africains doivent pouvoir vivre de leurs oeuvres", a affirmé M. Thiam.
Des salles de cinéma ont ouvert en 2017 et 2018 à Dakar, après plusieurs décennies de déclin au Sénégal, pourtant un des pays pionniers du septième art en Afrique subsaharienne.
Comme dans beaucoup de pays de la région, les salles y ont été vendues, abandonnées ou transformées, sous l'impact du développement de la télévision, des DVD et d'internet.
"S'il n y a pas la culture des salles de cinéma ici, la population regarde beaucoup de films, mais sur d'autres plateformes", a indiqué la responsable de la culture au bureau de l'Unesco, Guiomar Alonso Cano.