Fatou Cissé, chercheur au Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES), a préconisé mardi à Dakar, une libéralisation de 65% des importations en provenance de l’Union européenne (UE), estimant que cela serait plus favorable pour les pays de la CEDEAO dans le cadre des accords de partenariat économique (APE).
Mme Cissé, qui présentait un travail de recherche sur les effets à court, moyen et long termes de la libéralisation du commerce dans le cadre des APE entre l'UE et la CEDEAO, actuellement en négociation, a présenté trois scénarii de simulation de libéralisation.
Le premier est une libéralisation de 70% des importations en provenance de l'UE sur une période de 25 ans. Dans cette hypothèse, 45% des produits devraient être libéralisés dans les 15 premières années.
Le 2-ème scénario est le même que le premier. Mais le chercheur propose qu'ici le rythme soit plus accéléré avec 64% des produits devant être libéralisés dans les 15 premières années.
Le dernier scénario est une libéralisation de 65%. Il s'agit d'une hypothèse défendue par la société civile africaine avec un rythme de libéralisation des produits de 45% dans les 15 premières années.
''Globalement, avance Mme Cissé, la libéralisation du commerce à 65% est plus favorable car elle contribue à accroitre la croissance et à réduire la pauvreté dans les pays de la CEDEAO''.
Mais elle est d'avis que lorsqu'on part à un rythme de 70%, l'impact devient négatif. Cette situation s'explique par la détérioration de la balance des paiements, des pertes de revenus des gouvernements des pays de la CEDEAO.
''On remarque également qu'il y a peu d'effets sur les échanges entre les pays de la CEDEAO'', souligne-t-elle.
Mme Cissé signale aussi une forte disparité dans les impacts-pays. Ce qui rend, à ses yeux, plus difficile la signature des APE. Le Nigeria va payer le plus lourd tribut de cette libéralisation des échanges entre l'UE et la CEDEAO car beaucoup d'industries locales vont être concurrencées par les produits en provenance de l'UE.
Les effets sont aussi négatifs pour le Sénégal. Par contre, des pays comme le Ghana et la Côte d'Ivoire vont avoir des effets positifs avec une croissance, une baisse des prix et une augmentation des revenus des ménages. Cela s'explique, selon Mme Cissé, par le fait qu'ils avaient des recettes d'exportation.
Elle suggère de mener des études d'impacts sectoriels pour voir les secteurs d'activité qui seront affectés par les APE.