Les promoteurs du Festival de Loumpoul (département de Kébémer) ont réussi le pari d’en faire une plateforme pour montrer que le Sahel est une terre de rencontre, de paix, d’hospitalité. La 4ème édition s’est déroulée du 22 au 24 novembre 2013 avec des rythmes d’ici et d’ailleurs.
« Loumpoul est devenu célèbre ! ». Oui, sans hésiter, on concède cette exclamation jubilatoire sortant des commentaires entre femmes au lendemain de la clôture, par l’artiste guinéen Sékouba Bambino, de la 4ème édition du Festival du Sahel de Loumpoul. Cette fierté est acquise grâce à la musique, la culture. Sur ce point, les organisateurs de ce festival ont tenu leur pari. Il consistait à mettre cet événement, qui fait son chemin, au service du Sahel, les pays qui le compose, avec sa richesse culturelle et la diversité de ces populations. L’idée était de placer cette manifestation comme une vitrine pour montrer au reste du monde que le Sahel est un espace de paix, de rencontres et de tolérance, et d’éloigner ainsi tous les aspects et clichés négatifs qui sont trop souvent associés à cette partie du monde.
La tête d’affiche de cette 4ème édition du festival, Sékouba Bambino, en a pris la juste mesure. Sa présence à Loumpoul lui rappelle le désert (Tombouctou, Gao, Kidal). L’auteur de la chanson à succès « Bambou » appelle de tout son cœur pour la paix au Mali, en Afrique et dans le monde. La preuve, Bambino a spécialement interprété le titre « Djama Mali » pour le pays de Soundjata Keïta. Une composition dans laquelle le chanteur guinéen mêle une orchestration tantôt mélancolique tantôt empreinte d’une lueur d’espoir. Ce brin d’espoir trouve résonnance dans la prestation d’un Sékouba Bambino très alerte sur l’imposante scène placée en contre-bas de dunes de sables. L’horizon est à perte de vue. Mais cela ne freine pas l’entrain d’un public très métissé. Peu importe qu’on soit Américain, Espagnol, Italien, Sénégalais, ou autre. On sautille, se trémousse, tape les mains, reprend certains titres du répertoire de Sékouba dont « Ndjarabi » en version salsa.
Fresque pittoresque
L’ambiance est à la fois festive et très colorée. Sur ce registre, le groupe Takeïfa n’a pas failli à sa réputation. Pour leur deuxième participation au Festival du Sahel, les frères Keïta et leur sœur Maah ont conquis à ravir le public en leur servant des sonorités pop-rock énergisantes sous un vent frisquet. Occasion pour le groupe de revisiter l’album « Get free » sorti en avril 2012. La maîtrise de la scène et la justesse de l’interprétation ont fini d’ajouter au charme de cette formation musicale. En début de soirée, celle-ci a été précédée par Gláucia Lima du Brésil. Ce groupe a servi plusieurs rythmes inspirés de la culture populaire du pays. Vingt-quatre heures auparavant (vendredi 22 novembre), les festivaliers ont eu droit à une ouverture tout en couleurs et en rythmes.
Le ton a été donné par une flûte bien enchantée pour introduire la « Ngueweul rythmes » (un groupe de Kébémer). Les notes de percussions sont distribuées sur des airs enjoués avec une pureté du son qui a trouvé écho auprès des tamas (petits tam-tams), tambours, entre autres. La mise en scène, digne d’un opéra au Sahel, affiche des allures de fresque pittoresque. La performance est saluée par des applaudissements très chaleureux. De quoi motiver les organisateurs du festival. « Le Sahel est une terre de rencontres, de paix, d’hospitalité, a soutenu Rafael Rodriguez, directeur du festival. L’événement doit servir à transmettre une image positive du Sahel. » Cet aspect est apparu dans la prestation du groupe mauritanien le Sahel Koumassi. La formation, sous la direction de Cheikh Ould Lebiadh, s’est distinguée avec une orchestration aux accents de blues où les guitares acoustique, basse et solo fusionnent, par moments, dans une envolée mélodique à côté de la batterie. A la suite des Mauritaniens, c’était autour du Sénégalais Mansour Seck d’égayer l’assistance, notamment avec le célèbre morceau « Minuit ». Il a établi une passerelle entre la tradition et la modernité.
L’évocation du Sahel sera complétée par les Maliens du Tamikrest (mot en tamasheq pour le nœud, la coalition, l'avenir). Ce groupe de musiciens issus du peuple Touareg, sous l’impulsion d’Ousmane Ag Mossa, s’est merveilleusement illustré avec un mélange de la musique traditionnelle africaine avec la pop et le rock occidental sur des textes rendus en langue tamaschek. La démarche musicale a ravi les mélomanes qui en ont redemandé après leur passage. Comme à l’ouverture, le « Ngeweul rythmes » de Kébémer a conclu, dimanche 24 novembre, dans une ambiance très sympathique, cette 4ème édition du Festival du Sahel de Loumpoul sur des notes de percussion.
Le festival en chiffre
Le Festival du Sahel de Loumpoul fait son bonhomme de chemin. La 4ème édition a proposé, cette année, un agenda très coloré. Au programme, une scène officielle qui a accueilli pas moins de 6 groupes dont le Sahel Koumassi, venu de Mauritanie, Mansour Seck du Sénégal, Tamikrest du Mali, Glaucia Lima du Brésil sans oublier le groupe Takeïfa du Sénégal et Sékouba Bambino de Guinée. A cela s’ajoutent des ateliers créatifs pour petits et grands, une exposition photo, des contes africains. Dans le prolongement de l’événement, un concours photos et un autre de récits immortaliseront la manifestation.
Les organisateurs ont mis les petits plats dans les grands : 300 tentes mauritaniennes pour l’hébergement des festivaliers, 60 grands haimas pour les services de restauration, les ateliers, les partenaires, les services médicaux et la sécurité... Un staff de plus de 150 personnes, 20 volontaires venus des quatre coins du monde, 80 journalistes accrédités venants de 30 médias différents dont 6 télés, plus de 40 véhicules lourds et légers pour l’organisation, 2 500 mètres de câble électrique, 120 artistes et intervenants, près de 1 500 festivaliers sur les dunes de Lompoul.