Attraits hier, devant la barre du Tribunal de Grande instance de Pikine, Ibrahima Bop et Assane Maréga, respectivement tailleur et plombier, sont retournés au fond de leurs cellules sans être édifiés sur leur sort. Le juge a renvoyé leur procès pour viol collectif sur une élève âgée de 14 ans, jusqu’à mardi prochain pour plaidoiries.
Ibrahima Bop dit Ibou Bop et Assane Maréga vont prendre leur mal en patience. Leur procès a été renvoyé hier jusqu’au 19 juin prochain pour plaidoiries par le tribunal de Grande instance de Dakar. Ils sont poursuivis pour viol collectif au préjudice de M. S. D. élève en classe de 5ème et âgée de 14 ans. Cette rocambolesque affaire de mœurs s’est déroulée au quartier Daroukhane sis à Wakhinane Nimzatt (Guédiawaye). Elle a été portée à la connaissance de la justice par le père de la victime. Dépassé par les évènements, ce dernier s’est confié aux enquêteurs, en ces termes : ‘’J’ai été sidéré. En tant qu’enseignant, je me charge de l’éducation de mes élèves au quotidien. Aujourd’hui, j’ai terriblement mal que ma fille ait subi tous ces préjudices sans que j’aie pu l’aider. Je me suis battu pour l’élever dans de bonnes conditions et regrette vraiment qu’elle ait vécu ce cauchemar.’’
Revenant sur les faits, le pater a déclaré face aux policiers qu’un jour, dans le courant du mois de janvier dernier, aux environs de 17 heures, sa fille lui a demandé la permission de se rendre chez une de ses copines de classe pour lui emprunter un livre de mathématiques. Cependant, après son départ, il est resté des heures sans la voir revenir. Vers 20 heures, lui et son épouse ont commencé à s’inquiéter. C’est ainsi qu’ils se sont lancés à sa recherche, en vain.
A 3 heures du matin, le père de famille reçoit un appel téléphonique d’un numéro inconnu et au bout du fil, son interlocuteur l’informe qu’il venait de trouver M. S. D pleurant à chaudes larmes près d’une boutique se trouvant dans le quartier. ‘’Ce monsieur m’a fait savoir qu’il connaissait mon domicile et qu’il pouvait venir me chercher pour me conduire jusqu’à ma fille. Quelques minutes plus tard, il est arrivé et mon épouse est partie avec lui avant de revenir avec la petite. Je l’ai alors remercié pour son geste et nous avons fait connaissance. Il m’a alors dit qu’il s’appelait Ibou Bop et qu’il habitait dans la zone’’, a expliqué le papa.
Ce n’est qu’après le départ de son ‘’nouvel ami’’ qu’il a remarqué que sa fille, en plus de revêtir un pull-over qu’elle ne portait pas en sortant de la maison, avait une blessure à la main et que plusieurs de ses mèches avaient été arrachées. Interrogée, l’élève n’a pas voulu prononcer un mot et s’est mise à verser toutes les larmes de son corps et à trembler. Elle n’a pas non plus accepté de se faire consulter par un médecin et a refusé d’aller à l’école en déclarant qu’elle n’allait plus jamais y remettre les pieds.
‘’Il s’est saisi de mes tresses et m’a asséné un coup de couteau sur la main pour me sommer de le suivre’’
Ce n’était que le début. Le père de la victime de faire savoir : ‘’Tout se déroulait bien jusqu’en fin avril où aux environs de 17 heures, je l’ai envoyée à la boutique du coin pour qu’elle m’achète du lait caillé, et je fus surpris de ne pas la voir. Finalement, je l’ai retrouvée vers 5 heures du matin dans la rue.’’ Devant sa détermination à connaître la vérité, la fille a fini par lui lâcher que lors de sa première disparition, elle avait été interceptée par un individu. Ce dernier, sans lui donner le temps de réagir, s’est saisi de ses tresses et lui a asséné un coup de couteau sur la main pour la sommer de le suivre. Prise de panique, elle a obéi. L’adolescente a été conduite dans un domicile où elle a été obligée d’entretenir des relations sexuelles avec son ‘’kidnappeur’’ et sa bande de 3 copains trouvés sur place.
Après avoir fini de commettre leur forfait, l’homme l’a ramenée jusque non loin de sa maison avant de lui demander le numéro de téléphone de son père. ‘’Cet homme était bel et bien Ibou Bop’’, a-t-elle précisé. L’élève a soutenu avoir vécu la même chose, lors sa seconde disparition. ‘’Lorsqu’il m’a emmenée chez son ami Assane Maréga, il m’a sommée de me déshabiller et face à mon refus, les trois autres m’ont bâillonnée et déshabillée. Par la suite, ils se sont relayés sur moi’’, a-t-elle signalé aux enquêteurs. Avant de révéler : ‘’Ibou m’a intimé l’ordre ne de rien raconter à ma mère à propos de ce que je venais de subir sous peine de tuer mes sœurs et moi.’’
Condamné à 6 mois et deux ans avec sursis pour vol par le tribunal correctionnel de Dakar, le tailleur Ibrahima Dop a contesté les faits qui lui sont reprochés. Marié et père de deux enfants, il a déclaré aux policiers : ‘’J’avais rencontré M. S. D dans la rue. Comme je connaissais bien sa famille, je l’ai conduite chez Maréga avant de la laisser là-bas et je suis rentré chez moi porter un pull-over, parce que j’avais froid. Je comptais également me rendre chez elle pour informer sa mère de ce que sa fille voulait fuguer et qu’elle se trouvait actuellement chez un ami.’’ Né en 1989 et plombier de son état, Assane Maréga a nié formellement avoir entretenu une quelconque relation avec la petite. Il s’est défendu : ‘’Ibou l’a emmenée dans ma chambre mais je ne l’ai pas touchée, bien qu’il n’y eût que nous deux.’’
Malgré ces dénégations, les prévenus devront se prévaloir de solides arguments le jour du procès, pour se soustraire de leur responsabilité pénale.