‘’Macky Sall avait promis, dans un de ses discours à la nation, de nous motiver, mais rien n’a été fait’’, regrette Ababacar Diagne, Président de l’Association nationale des chefs de village du Sénégal. Avant-hier, à la place d’une marche pour étaler leurs problèmes, ces sages ont préféré un face-à-face avec la presse, pour tirer la sonnette d’alarme. Le chef de village a étalé un chapelet de doléances qui entravent leurs missions dans les villages, notamment face à la montée de l’insécurité et du terrorisme religieux. ‘’Macky Sall avait instruit le gouvernement de revoir le statut général et les privilèges des chefs de village, mais en vain’’, se désole le président Diagne. Celui-ci dénonce les lenteurs administratives notées dans le processus.
Selon ses dires, partout au Sénégal, les chefs de village râlent et soutiennent sans ambages que le gouvernement leur manque de respect. Alors que, poursuit-il, ses pairs méritent beaucoup plus d’attention de la part des autorités et de l’Exécutif. ‘’Il y a de ces villages qui se trouvent à l’intérieur du pays où l’accès est difficile, alors que ce sont les chefs de village qui sont interpelés un peu partout pour régler des conflits ou pour présider des réunions pour le bien-être des populations rurales. D’où la nécessité d’avoir des moyens de déplacement’’, souligne Ababacar Diagne. Il rappelle qu’ils sont les représentants du chef de l’Etat sur l’ensemble du territoire et dans les coins les plus reculés du pays. ‘’Il nous arrive, des fois, de recevoir des étrangers dans nos maisons, à nos frais, sans l’appui de l’Etat’’, rappelle-t-il.
Ces régulateurs de la société attendent avec impatience de voir leur statut évoluer pour mieux atteindre les missions assignées par l’Etat. L’association dénonce aussi le fait que des réformes administratives se fassent dans le pays sans qu’elle ne soit invitée pour donner son avis. Ababacar Diagne de donner l’exemple de l’Acte III de la décentralisation. ‘’On l’a élaboré sans nous demander un petit mot, alors que nous incarnons la parfaite politique de décentralisation’’, dénonce-t-il.
Toutefois, il salue certaines mesures comme la communalisation des communes rurales et le changement d’appellation des collectivités locales en ‘’collectivités territoriales’’.
Etre impliqués dans le processus de distribution de semences
Avec l’installation de la saison des pluies, l’Association des chefs de village pense qu’il est judicieux de l’impliquer dans le processus de distribution des semences. Une manière d’installer la transparence et l’équilibre partout, afin d’éviter le déséquilibre social. Les chefs de village interpellent le chef de l’Etat et lui rappellent de tenir ses promesses. ‘’Nous sommes de vieilles personnes. On a servi ce pays durant des années. On ne va jamais descendre dans les rues pour des marches ou arborer du rouge, pour éviter d’être la risée de nos concitoyens’’, poursuit le président de l’Association nationale des chefs de village. Cependant, il enjoint l’Etat à trouver des solutions à leurs doléances, car ‘’nous sommes leurs bras à l’intérieur du Sénégal’’, renseigne le président Diagne.
‘’Nous sommes en contact permanent avec les autorités administratives, notamment les sous-préfectures, en assurant le relais pour porter les messages. Mais des problèmes logistiques tels que le véhicule, le téléphone et la motivation font défaut et bloquent dangereusement notre mission’’, poursuit Ababacar Diagne.
Il espère que leur appel sera entendu et que, dans l’intérêt de l’Administration sénégalaise, les griefs soulevés ne seront plus que de vieux souvenirs.