Votée le 21 avril 2015 et entrée en vigueur le 4 janvier 2016, la loi interdisant l’utilisation des sachets plastiques au Sénégal peine à être appliquée dans toute sa rigueur. Et le phénomène de la pollution plastique persiste. Les chiffres sur les déchets plastiques sont alarmants et en augmentation relative de près de 15 %, en 15 ans.
Dans les rues, dans les maisons, dans les océans, dans les espaces agricoles… on note la présence des sachets plastiques. Une omniprésence qui entraîne parfois des conséquences incommensurables et qui nuit à la santé des populations et dégrade l’environnement. Rien que dans la région de Dakar, on note une production journalière de 1 500 tonnes de déchets solides urbains, soit un tonnage par an de 99 700 t, dont les emballages en plastique représentent 78 %, avec également une augmentation de près de 15 % de déchets plastiques en 15 ans.
Malgré le vote et la mise en application de la loi interdisant l’utilisation des sachets en plastique au Sénégal considérée comme une avancée, les statistiques sont toujours alarmantes. Les chiffres évoqués hier par la présidente du Conseil départemental de Tivaouane, Seynabou Gaye Touré, au cours de la cérémonie marquant la 46e édition de la Journée mondiale de l’environnement, révèlent que les ménages sénégalais utilisent, chaque jour, en moyenne 5 millions de sachets plastiques. Ce qui constitue, selon elle, une ‘’calamité’’, parce que les sachets en plastique, c’est une ‘’seule seconde de fabrication, 20 minutes d’utilisation et 400 ans pour être désagrégés’’.
‘’Bannir la surconsommation’’
‘’Que devons-nous faire, face à ce fléau ?’’, s’interroge le ministre de l’Environnement et du Développement durable. Avant de poursuivre : ‘’Je dirais que nous devons d'abord compter sur nous-mêmes en tant que citoyens. A ce titre, j'estime que la culture est un élément important à prendre en considération, dans ce processus. En effet, la dimension culturelle est au cœur de nos habitudes de vie y compris face à notre gestion des déchets. Nous pourrions commencer par modifier notre comportement en réduisant, par exemple, notre utilisation des plastiques non recyclables en refusant les sachets ou gobelets en plastique dit ‘jetables’, sources de pollution extrême.’’
Le Pr. Mame Thierno Dieng soutient qu’une estimation indique qu’à l’heure actuelle, 1 800 milliards de déchets plastiques polluent les océans, et ce nombre ne cesse d’augmenter. Pour combattre la pollution plastique, le ministre en charge de l’Environnement et du Développement durable indique qu’il est urgent de changer le mode de consommation et de trouver des solutions efficaces, en remplaçant, par exemple, les sachets plastiques par les matières destructibles. ‘’Il existe des alternatives : nos mères et nos grand-mères n’utilisaient-elles pas des matières naturelles biodégradables comme les feuilles de rônier ou les calebasses pour en faire des récipients de toutes sortes ? Dans la région de Thiès, des femmes continuent de fabriquer de tels objets. Certaines d’entre elles ont pu venir célébrer la journée avec nous (…). Les sacs en papier sont aussi une alternative’’, a préconisé Mame Thierno Dieng.
Poursuivant son plaidoyer devant un auditoire de l’auditorium de l’esplanade des mosquées du complexe Seydi El Hadj Malick Sy, visiblement conscient des enjeux de la préservation de l’environnement, le natif de Niakhène (Tivaouane) a invité les populations vivant en milieu urbain à ‘’bannir la surconsommation et à développer un réflexe de consommation des produits locaux pour permettre aux familles rurales de mieux vivre’’.
Serigne Ababacar Sy Dabakh : ‘’Les gens doivent arrêter d’uriner dans les rues’’
Représentant du khalife général des tidianes à cette Journée mondiale dédiée à l’environnement, Serigne Ababacar Sy Dabakh dit Abdoul Aziz Sy a, quant à lui, axé sa communication sur les recommandations du Prophète Mohamed (Psl) par rapport à la protection de l’environnement. D’après le marabout, pas question de le détruire, parce que, dit-il, il fait partie de nous. ‘’C’est nous tous qui faisons de l’environnement ce qu’il est devenu aujourd’hui. Nous devons respecter notre environnement et arrêter de jeter les ordures dans les rues.
La propreté est l’une des recommandations fortes du Prophète. Pourquoi, avant de prier, il nous recommande de faire des ablutions ? C’est pour être propre. De la même manière, on doit garder notre environnement propre. Les gens doivent arrêter d’uriner dans les rues. Nous devons penser à la propreté des rues’’, a clamé haut et fort le fils du défunt khalife général des tidianes Abdou Aziz Sy Dabakh. Aussi, Serigne Ababacar Sy Dabakh ajoute-t-il que le fait de verser de l’eau sale et de jeter les ordures dans les rues est un comportement bannit par l’islam. D’où son appel à une prise de conscience citoyenne afin de combattre la pollution plastique sous toutes ses formes, pour offrir aux générations actuelles et léguer aux futures un environnement et un cadre attrayants.
A la suite du religieux, le maire de la ville de Tivaouane, Mamadou Diagne Sy Mbengue, a souligné qu’avec la construction en cours du centre de tri et de valorisation des déchets dans ladite municipalité, la question de la pollution plastique va bientôt être un mauvais souvenir. A rappeler que le coût global de ce projet, qui sera livré au mois de décembre 2018, est estimé à 4 milliards 500 millions de francs Cfa.
Célébrée depuis 1972, sur décision de l’Organisation des Nations Unies, la 46e édition de la Journée mondiale de l’environnement a été axée sur le thème ‘’Combattre la pollution plastique’’.