La consommation du tabac est considérée comme une mode. Et pourtant cette substance est très nocive pour le cœur, car elle bouche toutes les artères et cause des risques cardio-vasculaires qui entrainent la mort. C’est ce qui ressort de la conférence de presse organisée hier, en prélude à la Journée mondiale de lutte contre le tabagisme prévue le 31 mai.
Ce n’est pas seulement l’amour qui brise les cœurs. Le tabac a aussi des substances toxiques qui détruisent cette partie de l’organisme. Il constitue une menace, car toutes les artères peuvent être atteintes. Cette ‘’drogue’’ est, selon le président de l’Association sénégalaise de cardiologie, le deuxième facteur de risque cardio-vasculaire, après l’hypertension artérielle. ‘’Le tabac est la première cause de mortalité dans le monde. Une personne meurt toutes les 6 secondes dans le monde des faits du tabac et 80 % des fumeurs sont dans les pays à revenu pauvre ou intermédiaire. Au Sénégal, 6 % des adultes (600 mille) fument avec une prédominance masculine (11 % d’hommes et 1,2 % de femmes)’’, a expliqué le professeur Serigne Abdoul Bâ.
Il faisait hier une présentation sur le tabac et les cardiopathies, lors d’une conférence de presse en prélude à la Journée mondiale de lutte contre le tabac.
Pour le cardiologue, cette substance diminue la quantité d’oxygène du sang, provoque des spasmes artériels potentiellement mortels. Elle favorise également la formation de caillot (infarctus, accident vasculaire cérébral) et entraine une inflammation des vaisseaux sanguins tout en diminuant le taux du bon cholestérol.
‘’Le tabac peut causer une dysfonction érectile avec des symptômes sentinelles qui précèdent l’atteinte cardiaque, une infertilité et des cancers. Il y a un faible taux de succès de sevrage tabagique à court et moyen termes au décours d’infarctus aigu du myocarde dans un service de cardiologie de Dakar. Déjà, sur 82 patients hospitalisés pour Idm, les 31,7 % sont des fumeurs et la prédominance est masculine avec un âge moyen de 56 et plus -11 ans’’, a-t-il fait savoir. Avant d’ajouter que le tabagisme passif tue aussi et présente les mêmes complications. La prévention reste, dit-il, le cheval de bataille.
Pour le coordonnateur du Programme national de lutte contre le tabac (Pnlt), docteur Omar Bâ, les résultats de l’enquête nationale d’octobre 2015 ont montré qu’au Sénégal, le tabac à fumer est la principale forme d’utilisation avec 5,4 % des adultes étant des fumeurs actuels. ‘’La dépense moyenne mensuelle en cigarettes par fumeur est de 6 716 F Cfa. Les dépenses moyennes mensuelles en cigarettes augmentent avec l’âge, allant de 5 140 F Cfa chez les 15-24 ans, à 8 980 F Cfa chez le groupe d’âge 45-64 ans’’, a soutenu Dr. Bâ. A son avis, l’un des moyens les plus efficaces pour dissuader les jeunes de commencer à fumer et d’encourager les fumeurs à arrêter, c’est d’augmenter les prix du tabac par les impôts.
Il a, en outre, plaidé pour l’obtention d’un centre de sevrage pour le Sénégal afin de mieux prendre en charge les fumeurs. ‘’Il faut introduire les substituts nicotiniques dans la liste des médicaments essentiels nationaux, renforcer l’administration fiscale afin de limiter le commerce illicite des produits tabagiques’’.