Dakar - Les avocats des deux principaux prévenus au procès pour "terrorisme" de 29 jihadistes présumés devant un tribunal de Dakar ont plaidé mardi l'acquittement de l'ensemble des accusés, alors que le parquet avait réclamé des peines de cinq ans de prison à la perpétuité pour une majorité d'entre eux.
Décrit comme "l'idéologue" d'un projet visant à installer des bases arrière dans le sud du Sénégal, Makhtar Diokhané doit être condamné à la peine
maximale, les travaux forcés à perpétuité, avait estimé le 14 mai dans son réquisitoire le procureur Ali Ciré Ndiaye.
Le représentant du Parquet avait réclamé une peine de 30 ans de travaux forcés contre un imam de Kaolack (centre) célèbre au Sénégal, Alioune Ndao, qu'il a accusé d'être le "coordonnateur" du groupe.
Il avait également demandé l'acquittement de huit prévenus et réclamé des peines de "cinq à 10 ans" de prison et de 15 et 20 ans de travaux forcés
contre les autres accusés dans ce qui constitue le plus important procès pour terrorisme au Sénégal par le nombre de prévenus.
"Aucun élément à charge n'a été retenu à l'encontre de Makhtar Diokhané au point qu'il puisse être condamné à perpétuité", a plaidé mardi son avocat, Alassane Cissé.
Elargissant sa plaidoirie à l'ensemble des prévenus, l'avocat a estimé que le tribunal "ne fera aucune difficulté" à prononcer un acquittement général.
"Ces personnes ne sont pas des terroristes. (Elles) sont loin d'être les auteurs des faits pour lesquels elles sont poursuivies", a avancé Me Cissé.
L'un des avocats de l'imam Ndao, Mouhamadou Cabibel Diouf, a lui aussi plaidé l'acquittement de son client et de l'ensemble des prévenus. "Le représentant du parquet prend un peu de liberté avec les faits", a-t-il estimé.
Les accusés, dont trois femmes, sont poursuivis pour "actes de terrorisme par menaces d'attentat", "association de malfaiteurs, financement du
terrorisme, blanchiment de capitaux" et "apologie du terrorisme", "détention d'armes sans autorisation". Ils sont représentés par une soixantaine d'avocats.
Il leur est reproché d'avoir voulu installer des bases jihadistes dans le sud et le sud-est du Sénégal et d'avoir envisagé d'ensuite étendre leur projet à des pays voisins tels que la Gambie, la Guinée et la Guinée-Bissau.
Pays réputé pour sa tolérance religieuse, le Sénégal compte plus de 90% de musulmans, adhérant pour la plupart à l'islam soufi, représenté par
différentes confréries. Il a jusqu'ici été épargné par les attentats qui touchent d'autres pays de la région comme le Mali ou le Burkina Faso.
Le procès, placé sous haute sécurité, avait démarré le 9 avril. Les plaidoiries doivent se poursuivre mercredi.