L’enquête sur la fraude au baccalauréat 2017 est close, place maintenant au procès. C’est ce jeudi que le dossier atterrit devant le Tribunal correctionnel de Dakar, pour la première fois.
Mais la perspective d’un renvoi du procès est fort probable, comme c’est souvent le cas pour une affaire nouvelle enrôlée pour jugement. L’instruction confiée au doyen des juges (1er cabinet d’instruction) aura duré dix mois. L’attente aura sans doute été longue pour les personnes en détention. Dix mois au cours desquels elles attendent d’être fixées sur leur sort. Voilà qu’ils seront jugés, aujourd’hui, pour trois délits : «fraude aux examens, obtention frauduleuse d’avantages matériels indus, association de malfaiteurs». Selon les éléments du dossier dont WalfQuotidien a pris connaissance, les sujets étaient vendus à des sommes variant entre 25 000 et 250 000 FCfa. Et que le recours aux réseaux sociaux, tel que WhatsApp, a favorisé la «propagation rapide de la fraude». Ainsi le même procédé marchait à merveille, jusqu’au jour fatal. Entre temps, certains de leurs compagnons d’infortune ont eu le privilège de recouvrer la liberté, notamment trois cadres de l’Office du Bac dont la remise en liberté a été rendue possible par la Chambre d’accusation, après un non-lieu décerné par le juge d’instruction en charge du dossier. Au début de cette histoire, 42 personnes ont été incriminées, comme annoncé par le procureur de la République de Dakar, Serigne Bassirou Guèye, lors de sa fameuse conférence de presse du 17 juillet 2017, au palais de justice Lat-Dior. Dans les détails, il s’agit de trois professeurs de lycée, autant d’agents de l’Office du Bac, à savoir : le secrétaire d’administration M. Thiam, l’enseignant-interprète N. Sarr et l’agent secondaire A. Tall. Mais également le proviseur du lycée de Kahone, 23 candidats au baccalauréat 2017, des bachelières de 2016 et d’autres personnes appartenant à des catégories socio-professionnelles diverses.
En un rien de temps, elles ont ensuite été arrétées puis déférées au Parquet au terme de la durée légale de leur garde à vue de 48 heures, suite à deux enquêtes préliminaires menées simultanément par la Police ( Division des investigations criminelles) et la Section de recherches (Gendarmerie nationale). Mais le juge du premier cabinet d’instruction qui avait en son temps hérité du dossier avait scindé les faussaires présumés en deux catégories : un premier groupe composé de huit personnes toutes placées sous mandat de dépôt, donc envoyées en prison en attendant leur jugement. Le second dont les membres sous contrôle judiciaire, parmi lesquels les élèves dont l’emprisonnement de certains d’entre eux n’a pas été jugé utile à la manifestation de la vérité. Si les éléments du premier groupe vont comparaître en état d’arrestation en provenance de lieu de détention provisoire respectif (Maison d’arrêt de Rebeuss, Maison d’arrêt pour femmes de Liberté), tel n’est pas le cas pour le second groupe dont les membres vont comparaitre libre, dans l’espoir certain de retourner chez eux sans être inquiétés à nouveau.
Cette procédure judiciaire fait suite à une enquête ayant décelé les failles du système ayant conduit à cette fraude à grande échelle, d’où le départ du directeur de l’Office du Bac au moment du scandale, Babou Diaham. Il a été démis de ses fonctions le 25 avril dernier et remplacé par Pr Sossé Ndiaye, Professeur assimilé à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, titulaire d’un Doctorat d’Etat ès Sciences. En service depuis le régime libéral, Babou Diaham venait de boucler 17 ans à la tête de l’Office du Bac.