La principale menace sur la sécurité en Afrique demeure "globalement" la prolifération et la circulation illicite des armes légères et de petit calibre ainsi que ses implications, comme la drogue, le blanchiment d’argent, les violences faites aux femmes et aux enfants, a déclaré mercredi le directeur de cabinet du ministre sénégalais des Forces armées, Demba Diouf.
‘’La notion de sécurité est ‘’assez ambigüe et complexe’’ par les temps qui courent ; elle ne peut plus se définir par rapport aux seuls types de menaces liées à l’agression physique, tant les dangers de cybercriminalité qui reflètent sa forme la plus virtuelle, pour ne citer que cette catégorie, sont devenus les plus grandes causes d’alerte. C’est en cela que la notion de sécurité globale a tendance à se substituer, sous tous les cieux, à celle de défense globale dans les croyances comme dans les faits ’’, a-t-il dit.
M. Diouf s’exprimait mercredi, au nom du ministre des Forces armées, à l’ouverture de l’atelier de réflexion organisé à l’intention des décideurs du secteur de la sécurité, à l’initiative du Centre international Kofi Annan de formation au maintien de la paix (KAIPTC), en partenariat avec le ministère sénégalais des Forces armées.
D’après lui, l’Afrique post-coloniale a réellement connu très peu de guerres interétatiques, même si la violence ne s’est jamais estompée sur ses terres. Ce sont 73 coups d’Etat et 75 conflits armés qui ont engendré toutes ses formes d’instabilité qu’elle connaît aujourd’hui.
‘’On peut, certes, pressentir que le nombre de conflits ne vaut pas un paramètre rationnel pour analyser leurs conséquences au plan politique et économique, encore moins pour évaluer les souffrances des populations qui en sont les victimes. Car c’est la nature des moyens utilisés dans les conflits qui détermine l’ampleur de leurs conséquences environnementales plus que leur durée ou leur nombre’’, a souligné Waly Diouf.
De l’avis du directeur de cabinet du ministre sénégalais des Forces armées, les statistiques avancées sur les dégâts causés par ces conflits font état de plus de neuf millions de morts et deux cent milliards d’euros dépensés depuis 1960.
Il soutient que pendant longtemps, de nombreuses études ont été menées pour mieux comprendre les causes de ces conflits et leur caractère récurrent et parfois pérenne. Il en résulte, selon lui, que les parties en présence dans les conflits sont ‘’généralement’’ du même terroir.
‘’’A cause de leur diversité, de leur facilité d’emploi et la faiblesse de leur coût, la prolifération et la circulation des armes légères et de petit calibre restent le premier facteur de sous-développement en Afrique’’, a dit M. Diouf.
‘’Si la question est légitimement posée aujourd’hui de trouver les voies et moyens nécessaires pour réformer le secteur de la sécurité, a-t-il indiqué, c’est qu’en réalité le bilan tiré dans la lutte contre la prolifération et la circulation illicites des armes légères et de petit calibre n’a pas entièrement donné satisfaction, même si des avancées notoires ont été, partout, constatées’’.
Mais, ‘’nous sommes en danger, surtout nous qui sommes dans la région de Tambacounda qui est frontalière à beaucoup de pays, devenant ainsi la porte d’entrée d’islamistes et autres. Notre participation, en tant que représentant du peuple, c’est dans le but de pouvoir garantir, tant bien que mal, la sécurité de nos populations’’, a, pour sa part, déclaré Yaye Awa Diagne, 8ème vice-présidente à l’Assemblée nationale
‘’Si vous allez en Guinée Bissau, vous verrez des cartouches, munitions et autres qui sont vendues comme de petits pains. Et ce pays est frontalier au Sénégal. C’est aussi le cas au Mali, en Gambie, en Guinée Conakry et partout ailleurs en Afrique, c’est la même situation qui y prévaut’’, a insisté Mme Diagne.
Pour le coordonnateur du programme des armes légères et de petit calibre au Centre international Kofi Annan de formation au maintien de la paix, le Ghanéen John Mark Pokoo, cet atelier vise le renforcement des capacités humaines dans le domaine de la sécurité en zone Sahel.
Ce programme, selon lui, comporte trois phases : la formation, le plaidoyer politique et la recherche. Il vise, entre autres, à empêcher le genre de situation qui prévaut au Mali.
Le Nigeria, le Sénégal, le Niger, le Burkina Faso et le Mali sont les pays représentés à cet atelier.