Crise après crise, l’école publique sénégalaise n’en finit pas de changer ses rythmes de perturbations. Alors que l’éducation nationale vient d’être sauvée de justesse d’une année blanche à cause des grèves des syndicats d’enseignants, l’enseignement supérieur reprend le flambeau de la plus tragique des manières. La mort de l’étudiant, Fallou Sène, pensionnaire de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis hier, mardi 15 mai, dans des affrontements avec les forces de l’ordre replonge dans la tourmente le système qui semblait avoir trouvé une petite accalmie après la suspension de la grève du Syndicat autonome de l’Enseignement supérieur. Le retard récurrent du paiement des bourses est encore passé par là.
Réagissant à ces évènements, le président de la République instruit le gouvernement de faire toute la lumière et de situer les responsabilités. La famille de la victime réclame le rapatriement immédiat du corps. Parents d’élèves, enseignants, organisations de la société civile et partis politiques exigent que toute la lumière soit faite et attendent des sanctions.
DRAME A L’UGB DE SAINT-LOUIS : Un étudiant tué et plusieurs blessés graves dans des affrontements
La tension a été très vive hier, mardi 15 mai, à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis où de rudes affrontements ont opposé les étudiants et les forces de l’ordre à l’intérieur du campus social et sur la route nationale N°2. Des violences qui ont occasionné le décès de l’étudiant Mouhamadou Fallou Séne, tué par balle, des étudiants et plusieurs gendarmes grièvement blessés. Un lourd bilan dénoncé avec la dernière énergie par la section UGB du Syndicat Autonome de l’Enseignement du Supérieur.
Les larmes ont beaucoup coulé hier au sein de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis chez les étudiants qui ont perdu un des leurs lors des affrontements qui les ont opposés aux forces de l’ordre. A l’origine de ces affrontements, la protestation des étudiants de l’UGB contre le retard de paiement des bourses et la réclamation de meilleures conditions de vie au sein de leur campus. Une manifestation qui s’est terminée en drame avec la mort de l’étudiant Mouhamadou Fallou Sène atteint par balle.
Pourtant les étudiants avaient interpelé la veille les autorités par rapport aux récurrents problèmes vécus dans le campus social. Le Lundi dernier, le président de séance de la coordination des étudiants de Saint-Louis, Alexandre Mapal Sambou, soutenait «que la situation est catastrophique dans le campus parce qu’il y a des camarades qui n’ont plus de sous pour manger dans les restaurants». C’est ainsi qu’ils ont menacé d’initier des « journées sans tickets » car ne sachant plus à quel saint se vouer. Une menace que les étudiants n’ont pas eu le temps d’exécuter. Puisque très tôt le matin, les forces de l’ordre avaient déjà quadrillé le terrain et investi les devantures des restaurants. Une intervention des forces de l’ordre qui a fait suite à une réquisition du Recteur de l’UGB, Bayedallaye Kane, dans le but de sécuriser les restaurants universitaires après le renouvellement par la Coordination des Etudiants de Saint-Louis (CESL) d’un mot d’ordre de 48h de restauration gratuite pour protester contre le retard de paiement des bourses. Une intervention qui a mis le feu à la poudre. Dénonçant la violation des franchises universitaires dans l’enceinte du campus social, les étudiants se sont violemment affrontés aux gendarmes.
Des affrontements qui ont occasionné la mort de Mouhamadou Fallou Séne, étudiant en Licence 2/ section Français à l’UFR des Lettres et des sciences humaines et de nombreux blessés graves chez les étudiants tout comme du coté des gendarmes. Très déterminés à venger leur camarade tué par balle pour avoir seulement cherché à se nourrir dans un restaurant du campus social, les étudiants ont tout saccagé sur leur passage. Les meubles, les vitrines, les portes, les ordinateurs et autres matériels de bureau. Bref, rien n’a été laissé par ces étudiants qui ont également incendié les locaux du Centre Régional des Œuvres Universitaires de St-Louis (CROUS) et du Rectorat. Ils se sont ensuite rendus au domicile du Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation situé au quartier de Ngallèle pour le saccager complètement. Tout le matériel trouvé sur les lieux a été détruit par ces étudiants très furieux qui également n’ont pas épargné les édifices publics. En effet, un bus de l’Office des Lacs et Cours d’eaux (OLAC) et des enseignes de certains services ont été vandalisés par les «jeunes de Sanar». Cette situation est fortement regrettée par la section UGB du Syndicat Autonome de l’Enseignement du Supérieur. Son secrétaire général invite encore une fois le respect des franchises universitaires pour éviter les bavures meurtrières dans les campus sociaux et pédagogiques.
« C’est une honte. C’est inadmissible dans un pays de droit qui se respecte. Encore une vie humaine qui tombe dans un campus social, dans une université au Sénégal en 2018 ». Pour le SAES, c’est une blessure que les mots ne peuvent pas traduire. C’est une attaque à notre dignité profonde. « Un étudiant c’est un humain, un enfant. C’est l’espoir d’un pays et de ses parents, on ne doit pas le sacrifier » a dénoncé Patrice Corréa. Le corps de l’étudiant Mouhamadou Fallou Sène a été évacué hier à Dakar pour les raisons de l’autopsie et une enquête est déjà ouverte pour situer les responsabilités sur cette affaire.
Il faut signaler que le recteur de l’UGB a sorti un communiqué dans l’après-midi d’hier pour présenter ses condoléances à la famille éplorée et appeler à l’apaisement malgré la douleur qui affecte la famille universitaire. Signaler toutefois que le Procureur de la République tient un point de presse ce matin à 11heures au niveau du tribunal de grande instance de St-Louis.