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Visite de chantiers: Diamniadio fabriquée en Turquie
Publié le samedi 12 mai 2018  |  Enquête Plus
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© Présidence par DR
Forum d`affaires Sénégal/Turquie
Diamniadio, le 2 février 2018 - Le président de la République Macky Sall et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan ont participé au Forum d`affaires Sénégal/Turquie au Centre international des conférences Abdou Diouf de Diamniadio.
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En visite de chantier mercredi à Diamniadio, il a été constaté de visu les pas de géant dans la construction de certaines infrastructures. Mais derrière leur beauté se cache une mainmise turque sur une bonne partie des retombées financières. Le Sénégal devra attendre pour tirer pleinement profit de ces bijoux dont l’importance ne souffre d’aucune contestation.

‘’Gunaydin’’ ou bonjour en Turc. Nous sommes pourtant loin d’Ankara. Ici, c’est Diamniadio, à quelques encablures de la capitale sénégalaise. Sans doute l’une des villes les plus turques du Sénégal. Partout, de grandes marques de chez Racep Tayyip Erdogan sont visibles. Amenées par les multinationales Eximbank et Summa. Deux géants de l’industrie turque jetés par l’ennemi numéro 1 de Fettulah Gulan, fondateur des écoles Yavuz Selim, au cœur de la ville sénégalaise du futur.

Une ville nouvelle en plein essor. C’est une lapalissade de le dire : Diamniadio devient de plus en plus réalité. En visite de chantier mercredi, avec le maître d’ouvrage, la Société de gestion des infrastructures publiques (Sogip SA), des avancées notoires ont été constatées. Chemise transparente sur un jean sombre, Mme Diop Tabara Diallo s’en réjouit : ‘’L’Etat a investi des moyens importants dans la réalisation de ces infrastructures. L’innovation majeure est de faire de sorte que ces réalisations puissent être rentables dans la durée, contrairement à ce qui se faisait auparavant. Voilà pourquoi la société de gestion a été mise en place.’’

Cette société nationale conduit divers projets sur la plateforme de Diamniadio large de 2 000 ha, et du Lac Rose qui s’étend sur 7 000 ha. Sur place, à Diamniadio, les chantiers poussent comme des champignons. Surtout ceux confiés aux citoyens d’Erdogan. Dans ces projets, le made in China ou en France est une véritable chimère. Même les produits sénégalais sont presque introuvables. La plupart des matériaux viennent en effet de la Turquie. Même la latérite, informe Davut, casquette bien vissée sur la tête. ‘’It’s come from by ship’’, renseigne-t-il. Autrement dit, ces produits exonérés de toutes taxes, passent par la mer, sont débarqués au port de Dakar, avant d’être acheminés à Diamniadio. Massamba Diop, ingénieur en Génie civil, explique : ‘’C’est que certains matériaux n’existent pas au Sénégal. C’est pourquoi ils sont importés de la Turquie. C’est le cas par exemple de la charpente métallique. Tout est fait en Turquie. Arrivé au Sénégal, les équipes en charge du projet procèdent à leur installation. Par contre, il y a d’autres matériaux qui sont sénégalais.’’

Les projets, aussi importants soient-ils, échappent presque totalement aux entreprises locales. Les emballages Sococim, Dangote ou Ciment du Sahel sont invisibles. Il y a par-ci du Kalekim, par-là de l’Ekogips : fabricants de plâtre et ciment. Il en est de même de certains ouvriers, importés. Al Ousseynou Ndiaye, responsable à la SOGIP, debout dans le parquet du Dakar Arena, informe : ‘’Il faut noter que d’importantes ressources humaines composées de Turcs et de Sénégalais ont été déployées pour construire ce bijou en un temps record. Les travaux ont été lancés en septembre 2017. Ils seront livrés au mois d’août prochain. Qui dit mieux ?’’ se félicite-t-il. Dans les détails, il s’agit de 600 nationaux, selon le responsable technique, et 500 Turcs. Cet ouvrier sénégalais dont nous avons pu recueillir le témoignage dénonce une ‘’discrimination’’ dans le traitement entre Sénégalais et Turcs. Toutefois, s’empresse-t-il d’ajouter, ‘’c’est mieux que rien. Moi, je perçois entre 150 et 160 000 francs. Il y en a qui perçoivent beaucoup moins. Le travail est très dur. Nous venons ici tôt le matin pour rentrer vers les coups de 18 heures, parfois même beaucoup plus tard. Je sais que nous ne pouvons pas avoir les mêmes avantages que les Turcs, mais l’entreprise peut faire quelque chose pour améliorer notre situation’’, suggère notre homme, l’air méfiant. Tout en témoignant, il scrute à gauche et à droite pour vérifier s’il est en train d’être écouté par des responsables.

Pendant ce temps, la délégation de la Sogip, amenée par le directeur général, Gallo Ba, continue l’inspection du Palais des sports : un parquet en dur, une clôture tout en double-vitrage et des salles construites avec du Placoplatre. Ici, rares sont les compartiments faits de béton et ciment. Sa construction a été faite tenant compte du sol qui est de nature gonflante. Al Ousseynou Ndiaye relativise les craintes soulevées par certains architectes à ce propos. ‘’La technologie permet de construire des infrastructures de qualité sur n’importe quel type de sol. On construit même sur les mers. L’essentiel est de faire des études et d’adapter les types de constructions. Ce qui a été fait’’, affirme-t-il. Quid alors des promoteurs immobiliers et particuliers qui se ruent sur la plateforme et qui, parfois, ne respectent pas les normes en matière d’urbanisme ? Le spécialiste botte en touche, et apporte quelques précisions : ‘’C’est impossible dans la mesure où, pour être attributaire de parcelle, il faut présenter un dossier. Dans ce dossier, il est prévu les études et les types de constructions prévus.’’ Pour rappel, le complexe sportif a une capacité de 15 149 places. Il pourra accueillir des compétitions de basket-ball, handball, volleyball, entre autres. Il y est également prévu l’organisation de congrès et concerts.

Les travaux livrés avant 2019

Avant cette étape, la délégation a visité le Marché d’intérêt national, où il est prévu 72 magasins de 150 m² et 65 boutiques de 75 m². Construit sur une surface de 24 ha avec un hangar en forme de U, ce marché a pour vocation d’être une plateforme de distribution et de conservation de biens et services. Les fondations et la charpente métallique entièrement fabriquée en Turquie sont déjà achevées. Pour sa part, la gare des gros-porteurs est également en bonne voie. Contenue sur une superficie de 11 ha, elle pourrait recevoir 200 camions et semi-remorques. La dernière étape de la visite a été le Dakar expo center qui a vocation à se substituer au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices). Toutes ces réalisations seront étrennées au plus tard au mois de décembre prochain. Le complexe sportif, en revanche, sera livré dès le mois d’août.

Ainsi, le président Erdogan a bien flairé l’énorme opportunité d’affaires offerte par le Sénégal. Dès lors, il a mis en branle sa stratégie pour en capter la quasi-totalité des retombées financières. Tout commence par un financement de 152 milliards F CFA accordé par Eximbank pour la construction des dites ‘’infrastructures structurantes’’. Les 96 milliards F CFA sont destinés à l’hôtel d’affaires, le palais des sports et le Dakar Expo Center. Les 56 autres vont être consacrés au Marché d’intérêt national et à la Gare des gros-porteurs. Et comme qui paie commande, la Turquie a imposé Summa comme maître d’œuvre. D’autres sous-traitants sont également de la même nationalité.

GALLO BA, DIRECTEUR GENERAL SOGIP SA

‘’Notre défi est de rendre les infrastructures rentables’’

‘’Ces infrastructures sont réalisées dans une parfaite synergie. Après l’hôtel des affaires livré en décembre dernier, le Complexe sportif va suivre au mois de juillet prochain. Il sera inauguré par le président de la République en août. La Gare des gros-porteurs, le Marché d’intérêt national et le Centre d’exposition vont être réceptionnés au mois de décembre au plus tard.

Cette visite a permis de constater l’état d’avancement des travaux. Ils vont compléter le Centre de conférence Abdou Diouf qui a été la première grande infrastructure bâtie sur cette plateforme. Après avoir réussi le défi de réaliser autant d’infrastructures en si peu de temps, il nous reste maintenant à réaliser l’autre défi qui consiste à les rendre rentables. Nous allons passer des conventions avec des entreprises privées expertes pour atteindre cet objectif. Ces infrastructures ont été financées par Eximbank Turquie dans le cadre d’une convention bilatérale entre nos deux pays.’’
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