Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Papa Sagna Mbaye (député et membre du BP de l’AFP): Le président Moustapha Niasse est disposé à prendre sa retraite mais…‘’
Publié le samedi 12 mai 2018  |  Enquête Plus
Le
© aDakar.com par DF
Le Premier ministre devant les députés
Dakar, le 6 décembre 2017 - Le Premier ministre a fait sa déclaration de politique générale devant les députés à l`Assemblée nationale. Le chef du gouvernement a fait face aux parlementaires durant plus de 11 tours d`horloge. Photo: Moustapha Niass, président de l`Assemblée nationale
Comment


Membre du Bureau politique de l’Alliance pour la République (Afp), président de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, le député Pape Sagna Mbaye est à nouveau au front. Et c’est pour s’ériger en bouclier de son mentor Moustapha Niasse qui ne cesse de recevoir des attaques tous azimuts depuis le vote sans débats de la loi sur le parrainage, le 19 avril dernier. Ainsi dans cet entretien accordé à EnQuête mardi dernier, l’ancien maire de Pikine s’en prend aux détracteurs du président de l’Assemblée nationale, sans oublier de se prononcer sur les sujets de l’heure, notamment le nouvel appel au dialogue du président de la République.

Le Président de la République vient de lancer un appel à l’opposition pour des concertations sur les ressources minérales, qu’en pensez-vous ?

Le Président a toujours été constant dans sa démarche de dialogue, de concertation. C’est la énième main qu’il tend à l’opposition. L’opposition a intérêt à venir autour de la table discuter de ces questions d’intérêt national parce que c’est comme cela qu’on participe réellement à la vie politique de son pays.

Ne pensez-vous pas que cet appel est un peu tardif ?

Un appel n’est jamais tardif et le président de la République a tendu la main depuis les premières heures de son arrivée à la magistrature suprême. C’est cette opposition qui, quand ça l’arrange et qu’elle est en mauvaise posture, demande à ce que tout le processus soit stoppé et d’entamer un dialogue. C’est le cas du parrainage. Aujourd’hui, le président de la République prend des initiatives en appelant ses opposants autour de la table, mais ils se débinent. Maintenant s’ils restent de marbre, le Président doit continuer sa route parce que c’est lui qui a une responsabilité de résultats.

A moins de 10 mois de la Présidentielle, l’opposition n’est-elle pas dans son rôle en refusant la main tendue du Président ?

La République ne dort pas. Le Sénégal ne va pas s’arrêter dans 10 mois. C’est ce que l’opposition doit comprendre. Ces ressources, gaz, pétrole et autre seront extraites à partir de 2021 voire 2022. Donc, cette concertation n’a rien à voir avec les échéances électorales parce qu’il y va de la vie de la Nation.

Où en êtes-vous avec la loi sur le parrainage ?

La loi sur le parrainage a été votée. C’est l’opposition qui a introduit un recours qui est en train d’être étudié (L’entretien a eu lieu mardi dernier). Une fois que cette loi sera promulguée, nous parlerons des modalités. Et avant cela, une concertation sera faite autour du ministère de l’Intérieur.

Quelle est la position de votre parti, l’AFP, par rapport à cet appel au dialogue du Président ?

Etant de la majorité présidentielle, nous ne pouvons qu’être d’accord avec le chef de cette majorité.

Vous êtes député, membre du Bureau politique de l’Afp, après le vote de la loi sur le parrainage, il y a eu beaucoup de critiques à l’encontre de votre leader Moustapha Niasse. Il lui est reproché l’absence de débat lors de ce vote…

(Il coupe) Vous savez, ce jour-là, avec tout le respect que je dois à Me Madické Niang avec qui j’ai les rapports les plus sains au monde, il pensait qu’il était au tribunal en face d’un juge alors qu’on était sur le terrain politique. S’y ajoute que les autres députés non-inscrits se sont comportés en procéduriers. C’est la raison pour laquelle après ces questions préjudicielles qui se succédaient et se ressemblaient, parce que nos opposants voulaient nous tirer en longueur jusqu’à l’infini, nous aussi avons utilisé ces dispositions du règlement intérieur qui nous permettaient d’arrêter les débats et de passer au vote.

Vous pensez donc que l’opposition voulait bloquer le vote de la loi en passant par les procédures ?

Bien sûr que oui ! C’était évident et flagrant. C’est la raison pour laquelle lors de la deuxième concertation, ils se sont sentis totalement bloqués et désorientés lorsque nous avons utilisé ce que nous offrait le règlement intérieur, c’est-à-dire d’arrêter les débats et d’aller au vote.

Pourtant certains disent que le Président Moustapha Niasse a violé le règlement intérieur de l’Assemblée parce qu’une loi comme celle sur le parrainage ne peut être adoptée sans un débat !

Mais il y a eu débat parce que pendant sept tours d’horloge, 90% du temps de parole étaient donnés à l’opposition. Les parlementaires du groupe de l’opposition et des non-alignés ne peuvent pas dire qu’il n’y a pas eu de débats. D’ailleurs, si nous continuions, ils n’auraient plus rien à dire parce qu’ils avaient déjà vidé leur sac. Aussi, parmi les critiques formulées en l’encontre du président Niasse, j’en retiens une venant de Doudou Wade, ancien président du groupe parlementaire Libéral et démocratique, connu de tout le monde pour ses frasques à l’Assemblée nationale quand le Pds était au pouvoir.

Qu’est-ce que vous lui reprochez ?

Je me réfère à sa dernière contribution parue dans la presse. Je vois en Doudou Wade un homme anéanti, désespéré, bien conscient d’avoir compromis gravement et durablement sa réputation. S’il était conscient qu’il faisait du tort au PDS en regardant autour de lui, il verrait que dans sa propre formation politique, son nom est interminablement collé aux pires pitreries et peut-être, le plus cruel pour lui est l’abandon de certains de ses amis.

Mais en tant qu’ancien président de groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, il sait bien de quoi il parle en accusant le Président Moustapha Niasse d’avoir violé le règlement intérieur …

(Il coupe) Doudou Wade doit comprendre ceci…

Qu’est-ce qu’il doit comprendre ?

Il doit comprendre qu’il est nostalgique d’un passé qui ne reviendra jamais ou si ce passé se renouvelle, il se fera sans lui. Avec l’évolution du monde, il y a une exigence historique qui voudrait que les futurs dirigeants soient accompagnés par des personnalités intelligentes, sages et créatrices au lieu de ceux qui ont des épis à la place du cerveau. Il faudrait que monsieur Doudou Wade retienne que c’est un homme respectable, un homme respecté, mais malheureusement, la passion qui l’habite fait de lui un infatigable factieux.

Comment pouvez-vous expliquer cette tension toujours palpable surtout à l’Assemblée nationale entre le Président Niasse et les députés de l’opposition, plus particulièrement ceux du Pds ?

En 2 000, Moustapha Niasse a participé à l’élection du Président Abdoulaye Wade. En 2012, il a participé activement à la défaite du Président Wade. C’est ça que certains responsables du Pds ne peuvent pas lui pardonner, c’est aussi simple. Il faut qu’ils comprennent que le nom de Moustapha Niasse est directement attaché à l’histoire politique de ce pays et quiconque entend s’y opposer risque d’être ridicule. Malheureusement, la haine viscérale qui colore le discours de Doudou Wade à la fois discourtois et injurieux le loge en cette enseigne.

Ne pensez-vous pas qu’il est temps que Niasse prenne sa retraite ; il est là depuis Senghor et aujourd’hui, vous parlez d’une nouvelle génération qui doit diriger le pays…

(Il coupe) Le président Moustapha Niasse est disposé à prendre sa retraite mais son seul problème, c’est qu’il est compétent.

Vous estimez donc qu’il a toujours sa place dans le fonctionnement de l’Etat sénégalais ?

Qu’est-ce qui l’en empêche ? Ce n’est pas l’homme politique le plus vieux du monde et encore qu’il a sa tête et son physique intacts. Il a la disponibilité de pouvoir donner et donnera encore le meilleur de lui-même pour son pays.

L’actualité est aussi marquée par les accidents sur l’autoroute à péage. Le président de la République a fait ce lundi une sortie pour demander la révision de la concession accordée au groupe Eiffage. Quel commentaire cela vous inspire ?

Nous avons l’habitude de voyager et nous voyons les normes de sécurité au standard international qui sont respectées sur les autoroutes en Europe et dans les pays développés.

Est-ce le cas au Sénégal ?

Non. Tel n’est pas le cas chez nous et c’est malheureux. Je viens de Yamoussoukro (Côte d’Ivoire) qui est à 210 km d’Abidjan. À l’aller, nous avons payé 1 250 F CFA pour 210 km. Au retour, nous avons payé le même montant. Donc sur un aller-retour en péage sur 420 km, nous avons payé 2 500 F CFA. Pendant ce temps, sur le tronçon Dakar-Aibd, Aibd-Dakar, nous payons 6 000 F CFA. C’est dire que sur une distance 4 fois moins longue en termes de kilomètres, nous payons presque 3 fois plus cher.

C’est inadmissible. Le président de la République a raison, et nous allons le soutenir à l’Assemblée nationale. Nous allons le plus rapidement interpeller le ministre des Infrastructures, des Transports et du Désenclavement pour qu’il vienne s’expliquer devant la représentation nationale. Il faut que le ministre nous explique le pourquoi des prix appliqués sur le péage et sur le manque criard de sécurité. On a comme l’impression que la société Eiffage ne respecte même pas les usagers que nous sommes.

Certes, c’est le Président Wade qui avait signé la concession avec le groupe Eiffage. Mais son successeur à la tête de l’Etat a lui aussi accordé le tronçon qui va de Diamniadio à Aibd au même groupe Eiffage. Pensez-vous réellement que nos autorités sont en mesure de toucher aux intérêts français ici au Sénégal ?

Ce n’est pas une question de toucher aux intérêts des français ou américains. Nous sommes dans des relations d’affaires et pour la bonne marche des choses, chacun doit jouer le jeu. Je ne suis pas au cœur du dispositif pour apprécier la quintessence du contrat qui lie Eiffage à l’Etat du Sénégal. Mais si dans un contrat, il y a des insuffisances comme c’est le cas aujourd’hui dans l’exploitation de l’autoroute à péage, les parties prenantes ont l’obligation de revoir les termes de l’accord.
Commentaires