La prise en charge des personnes victimes d’accidents au Sénégal reste un défi à relever. Le pays manque de ressources humaines, notamment de psychiatres et de psychologues.
Les accidents de la circulation causent plusieurs traumatismes, notamment physiques et psychologiques. Et selon la responsable du service Sécurité routière du ministère de la Santé, Bineta Sène, c’est une ‘’cause de dépenses catastrophiques’’, particulièrement dans le domaine de la santé. ‘’La prise en charge de ces traumatismes implique la coordination de plusieurs acteurs de la santé, de plusieurs spécialités qui, malheureusement, ne sont pas disponibles. Aux côtés de cette problématique de l’accès aux soins de qualité, il y a aussi le coût de la prise en charge de ces traumatismes et du suivi’’, a-t-elle souligné hier, lors du lancement d’une campagne de sensibilisation sur la prévention routière.
En réalité, d’après Dr Sène, les gens prennent en charge surtout les urgences. C’est-à-dire le traumatisme physique, l’hémorragie, etc. ‘’C’est vrai qu’il y a une prise en charge psychologique qui se fait. Mais, aujourd’hui, le grand problème pour cette question, c’est l’insuffisance de ressources humaines. Notre pays ne dispose pas de beaucoup de psychiatres, ni de psychologues. Ces derniers ne sont pas reconnus par la Fonction publique. Or, ils jouent un rôle très important. Malheureusement, les travailleurs sociaux ont une présence très insuffisante dans les régions et ont très peu de moyens de travail’’, a regretté le point focal du service en charge de la Sécurité routière au ministère de la Santé.
Il faut noter qu’au moins 26 031 blessés ont été enregistrés en 2017 par la Brigade nationale des sapeurs-pompiers, sur 207 accidents qui ont fait 635 morts.
Hormis cette équation psycho-sanitaire, le ministre délégué chargé du Développement du réseau ferroviaire, Abdou Ndéné Sall, a indiqué que les accidents de la circulation coûtent ‘’énormément’’ sur le produit intérieur brut (Pib), c’est-à-dire 8 à 10 %. Et chaque année, au moins 600 personnes sont tuées par les routes. ‘’Nous devons tous lutter pour récupérer cette perte et investir pour réduire les accidents. Aucun résultat tangible ne pourrait être obtenu dans la lutte contre l’insécurité routière, si les actions menées ne s’inscrivent pas dans le cadre d’une politique globale, cohérente et pérenne. Les campagnes de sensibilisation sur la sécurité routière constituent un des moyens les plus importants pour amener les usagers de la route à adopter un comportement sécuritaire’’, a-t-il estimé.
Sur ce, le ministre a fait savoir que concernant les permis à points, ils ont démarré les concertations. ‘’Il n’y a pas de problème. Nous sommes actuellement sur la sécurisation et la numérisation des titres. Après, nous aurons un délai de six mois et nous allons nous concerter avec les transporteurs pour l’instaurer. Ce permis est une nécessité pour mettre la sécurité routière au-devant d’une politique dynamique du transport’’, a-t-il rassuré.
Au fait, d’après les acteurs, la vitesse est l’une des causes importantes d’accidents, et elle a des conséquences majeures sur leur gravité. Elle est mentionnée comme étant une des causes répertoriées de 50 % des décès, lors de ces drames. ‘’La vitesse est le principal point sur lequel on va mettre l’accent. Sur toute l’année, nous travaillons sur la sécurité routière, pour des campagnes sur les enfants. Il faut sécuriser les abords des écoles, mettre tout le dispositif nécessaire pour que les gens ralentissent.
Nous allons travailler sur un programme zone 30 pour les écoles, pour limiter la vitesse au maximum possible aux abords des écoles, pour éviter les chocs avec les enfants qui sont souvent mortels ou invalidants’’, a expliqué la présidente de Laser et membre du Groupe des Nations Unies pour la sécurité routière, Awa Sarr. D’après elle, l’objectif général de la campagne nationale ‘’5 semaines de sécurité routière’’ est de prévenir le risque encouru par les usagers de la route. Ceci, en leur faisant prendre conscience de la réalité de ces facteurs majeurs de risques d’accidents et de leurs conséquences humaines, sociales et économiques. Mais également par une prise de conscience des règles de circulation, de la signalisation, etc., à travers des ateliers de sensibilisation.