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Dotation budgétaire: Le président Macky Sall alloue un milliard à la biennale
Publié le samedi 5 mai 2018  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par SB
Ouverture de la 13ème Biennale de Dakar (Dak`Art 2018)
Dakar, le 3 mai 2018 - Le coup d`envoi de la 13ème édition de la Biennale de l`Art Africain Contemporain de Dakar (Dak`Art 2018) a été donné, ce jeudi, par le président de la République Macky Sall. La Biennale du 3 mai au 2 juin 2018.
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Après le Fonds de promotion à l’industrie cinématographique et audiovisuelle, le Fonds d’aide à l’édition, les dotations des Grands Prix du chef de l’Etat pour les Arts et les Lettres, c’est au tour de la biennale de voir son budget passer du simple au double, tel qu’annoncé par le président de la République hier, au cours de la cérémonie officielle d’ouverture du 13e Dak’Art au Grand Théâtre. Décidément, le président Sall double tous les budgets dans la culture. Il ne reste que le Fonds de développement des cultures urbaines.

Les griots avaient surnommé l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade ‘’Président inauguré’’, parce qu’il avait, à l’époque, procédé à l’inauguration de beaucoup d’infrastructures. Si, aujourd’hui, ceux du président Macky Sall sont tentés par un surnom, ils pourraient bien l’appeler ‘’Président doubler’’. Depuis plus d’un an, il a multiplié par deux presque tous les budgets alloués à la culture. La dernière en date est celle de la Biennale de l’art africain contemporain.

‘’Je réaffirme mon ambition de renforcer la force contributive de la biennale pour le rayonnement de l’art africain contemporain, à travers notamment la hausse de la dotation budgétaire allouée à ce rendez-vous culturel phare. J’ai décidé de porter la subvention non pas de 500 millions à chaque biennale, mais de 500 millions par an. Ce qui fait un milliard pour la biennale’’, a informé hier au Grand Théâtre le président Sall, sous les applaudissements nourris des biennalistes. C’était à l’occasion de l’ouverture de la 13 édition du Dak’Art. Ainsi, la Biennale de Dakar se met à son tour au rythme du doublage budgétaire. Les problèmes financiers liés à l’organisation de cet évènement ne seront alors que de vieux souvenirs. Déjà que depuis l’année dernière les choses se sont beaucoup améliorées de ce côté. Avec encore cette hausse, les organisateurs pourront souffler et mieux promouvoir l’évènement tel que demandé par le président du comité d’orientation de la présente session, Baïdy Agne, pour qui ‘’il faut protéger et promouvoir la biennale’’. Car, a-t-il soutenu, ‘’la culture, c’est comme l’air, c’est quand on en manque qu’on se rend compte qu’elle est vitale’’.

Comme lors de la 12e édition dont il était aussi le président du comité d’orientation, M. Agne est venu avec sa short list de doléances. S’il avait plaidé, lors de cette dernière, la mise à la disposition du palais de Justice par le président de la République à l’art africain contemporain et obtenu gain de cause, cette fois, il a demandé que ce qui doit s’y faire soit officiellement confié au ministère de la Culture. ‘’Concernant l’ancien palais de Justice, je sais que des manifestations d’intérêt sont faites pour la réalisation d’un palais des arts très moderne. Je pense que le ministère de la Culture doit être formellement désigné pour le pilotage de ce projet, en partenariat avec le secteur privé. Et pour son financement, le Plan Sénégal émergent constitue le cadre idéal’’, a-t-il défendu.

Toujours dans sa robe d’avocat des artistes, Baïdy Agne a rappelé l’urgente nécessité du respect de la loi sur le 1 % artistique. ‘’Elle doit être respectée dans toute sa rigueur. Elle a été respectée au Centre Abdou Diouf de Diamniadio. On a vu les résultats que cela a donnés. Elle doit l’être sur tous les édifices publics. Elle doit l’être partout au lac Rose, partout à Diamniadio. Elle doit l’être particulière à l’Aibd (Ndlr : aéroport international Blaise Diagne)’’, a-t-il demandé.

Cette dernière requête a connu un écho favorable avant même la fin de la cérémonie officielle d’ouverture du Dak’Art. Le président de la République a instruit le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly à veiller au respect de ladite loi faisant obligation d’intégrer un projet de décoration artistique ou dans l’équipement d’un établissement public ou recevant du public d’un coût prévisionnel de plus de 20 millions de francs Cfa.

Une politique sociale menée par l’Union africaine à l’endroit des artistes serait salutaire, selon M. Agne. Dans ce sens, il a demandé à Macky Sall de porter le combat au sein de l’organisation régionale. Ce dernier a promis de faire mieux, bien mieux d’ailleurs.

En effet, le président a estimé que la présente biennale se tient dans un ‘’contexte marqué par la prééminence de l’économie de la culture, en ce monde en mutation dans lequel les produits culturels génèrent de plus en plus de richesses. Le marché de l’art contemporain connaît une formidable croissance, même si la place de l’Afrique demeure encore très faible’’. Même si, a-t-il reconnu, ‘’la visibilité de la création africaine contemporaine s’est améliorée au regard d’indicateurs comme le chiffre d’affaires, le prix moyen d’une œuvre, le nombre d’expositions, le niveau de reconnaissance’’. Pour lui, il est donc possible d’avoir un marché intérieur pour l’art. Mieux encore, il pourrait briller au plan international.

Pour arriver à cela, cependant, il faut quatre exigences. La première est le financement de la culture. ‘’Je me ferais le plaisir d’être l’avocat de la biennale auprès de mes collègues de l’Union africaine, afin que les gouvernements des Etats puissent participer au développement de la culture en Afrique’’, a-t-il d’ailleurs annoncé. De quoi ravir le directeur artistique de l’évènement, Simon Njami, ainsi que Baïdy Agne. Tous les deux ont réclamé plus d’appui des gouvernants à l’endroit des artistes. Pour le président Sall, les mécanismes de financement existants sont obsolètes. Par conséquent, il faut les repenser. Dans le cadre de la biennale, se rencontrent des ministres de la Culture d’Afrique qui réfléchiront autour de la question. M. Sall leur trace ainsi la voie. Pour lui, il faut des mécanismes de financement tenant compte du mécénat et de la fiscalité des entreprises.

La deuxième exigence, selon le président sénégalais, est celle de la formation. Faisant référence à des chiffres publiés en 2017, il a fait savoir que parmi les 100 Africains ayant enregistré le plus grand nombre d’œuvres vendues, 62 sont sortis d’écoles d’art. Ce qui, en son sens, ‘’relativise le préjugé ethnique de l’artiste africain né créatif. Il nous faut rompre avec ce préjugé et renforcer la formation des artistes. Elle ne doit pas seulement porter sur la manière de produire de l’art, mais également sur la manière de l’offrir aux autres’’. Au Sénégal, cela est bien pris en compte par la nouvelle école nationale des métiers des arts que va accueillir la nouvelle cité de Diamniadio.

La troisième exigence est la prise en charge plus effective des entreprises et des industries créatives. Aujourd’hui, à l’en croire, les produits des artistes connaissent un intérêt grandissant à travers le monde. Il faut juste un soutien conséquent aux galeries afin qu’elles puissent mieux assurer leurs missions allant dans ce sens. La biennale pourrait peut-être donner le ton. ‘’Il serait heureux que la biennale réussisse à enregistrer la participation de grands marchands d’art et celles des plus grandes galeries du monde intéressées par l’art africain contemporain’’, a-t-il souhaité.

Enfin, la quatrième exigence, suivant son analyse, est la prise en compte du droit d’auteur. ‘’L’œuvre d’art peut avoir une valeur artistique, intellectuelle, morale, sociale et politique, mais elle n’a pas forcément une valeur économique, même si elle contribue à la création de la valeur marchande. C’est pourquoi je salue la coopération avec l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle’’, a soutenu le chef de l’Etat.

Quoi qu’il en soit, Macky Sall est d’avis qu’aujourd’hui, ‘’le défi majeur est de valoriser nos ressources créatives’’. C’est pour cela qu’il a proposé aux acteurs et gouvernants de se situer ‘’dans le temps de l’action, en apportant des réponses innovantes’’.

Les organisateurs de la 13e Biennale de Dakar se sont déjà inscrits dans cette optique. Il est prévu une série de conférences, du 4 au 7 mai, entre l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et le musée Theodore Monod de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan). ‘’Faisons de Dakar 2018 cette capitale de réflexion stratégique et de développement des productions artistiques du continent. Je dirais amorçons ensemble un nouveau tournant de notre histoire’’, a d’ailleurs appelé Baïdy Agne. Il s’est voulu clair : le tournant ne pourrait être que l’émergence. ‘’Faisons ce choix d’être à l’heure rouge’’, a-t-il demandé. ‘’L’heure rouge’’, comme le thème de la présente session dont le Rwanda et la Tunisie sont les pays invités d’honneur. Il est extrait de la pièce d’Aimé Césaire ‘’Et les chiens se taisaient’’. Elle parle d’émancipation, de liberté et de responsabilité.

RECOMPENSES 13E DAK’ART

Laeila Adjovi remporte le prix Léopold Sédar Senghor

Les lauréats de la 13e édition de la Biennale de l’art africain contemporain sont connus depuis hier. ‘’L’heure rouge’’ est la thématique choisie cette année, après ‘’La cité dans le jour bleu’’, sujet de la dernière session. La Franco-Béninoise, la photographe Laeila Adjovi, a remporté le plus prestigieux prix.

Le fait est rare, mais pas inédit. Le plus prestigieux prix décerné par le Secrétariat général de la Biennale de Dakar, le prix Léopold Sédar Senghor, est remporté cette année par une dame, la photographe franco-béninoise Laeila Adjovi. Elle vit et travaille à Dakar en tant que journaliste. Les résultats sont connus depuis hier au cours de la cérémonie officielle d’ouverture de la 13e édition de la Biennale de l’art africain contemporain qui s’est tenue hier au Grand Théâtre. Elle a reçu un trophée et un chèque de 20 millions de francs Cfa. Elle a tenu à dire, après avoir reçu son prix, qu’elle doit son succès au ‘’père’’ de sa fille, le vidéaste Loïc Hoquet avec qui elle a monté le projet. Il s’agit de sept photographies visibles à l’exposition ‘’In’’ que reçoit l’ancien palais de Justice de Dakar. La série est intitulée ‘’Malaïka Dotou Sankofa’’. ‘’Malaïka’ signifie l’ange en swahili ou ‘’Malaka’’ en wolof, qui veut dire la même chose. ’Dotou’ signifie rester droit en fon, une langue du Bénin. Et ‘Sankofa’ est le symbole akan (Ndlr : populations d’Afrique de l’Ouest installées principalement au Ghana et en Côte d’Ivoire) de l’oiseau messager qui vole la tête tournée vers l’arrière, une manière pour nous de dire qu’il faut apprendre du passé’’, a expliqué Laeila Adjovi apparemment émue par sa distinction, mais nullement désarçonnée.

Celui qui a été ému aux larmes et a même pleuré en recevant son prix, est la révélation de la présente édition, l’artiste nigérian Tejuoso Olanrewaju Aka Olan. Un prix décerné par le ministère de la Culture du Sénégal et accompagné d’une enveloppe de 10 millions. Son installation dans l’exposition, nul ne peut la rater.

Des prix spéciaux ont été également attribués, dont celui de l’Organisation internationale de la Francophonie. Pour celui-ci également, une dame est l’heureuse gagnante. Il s’agit de la Marocaine Souad Lakhlou. Elle recevra une enveloppe de 5 mille euros et des résidences artistiques financées à hauteur de 10 mille euros. L’Union monétaire ouest-africaine (Uemoa) a son prix qui est allé, cette année, au photographe ivoirien Franck Fanny Aboubacar. Il est doté d’une enveloppe de 5 millions de francs Cfa.

Entre la 12e et la 13e édition, beaucoup d’artistes plasticiens ont disparu. Le président du comité d’orientation de la biennale, Baïdy Agne, ainsi que le président de la République venu présider la cérémonie d’ouverture, leur ont rendu hommage. ‘’Une pensée pour les morts. Et comme disait Birago Diop, les morts ne sont pas morts, parce qu’ils ne cessent de dialoguer avec nous à travers leurs œuvres’’, a dit sur un ton assez solennel le président Sall.
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