Suite à un accord entre les syndicats et le patronat sénégalais, le salaire minimum va augmenter de 44,8 % au 1er juin 2018, passant à 302,89 francs CFA (46 centimes d'euros) par heure contre 209,10 FCFA (32 centimes d'euros) actuellement.
« Un protocole d’accord relatif à la revalorisation du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et du Salaire minimum agricole garanti (SMAG) a été signé, aux termes de négociations entamées, il y a deux ans, entre les organisations syndicales et patronales les plus représentatives », indique le communiqué du ministère sénégalais du Travail.
Le SMIG horaire sera valorisé à 302,890 francs CFA (environ 46 centimes d’euros) à compter du 1er juin 2018 au lieu de 209,10 FCFA (32 cents), montant jusque-là en vigueur, soit une hausse de 44,8 %. Il passera ensuite à 317,313 francs CFA à compter du 1er janvier 2019 et à 333,808 francs CFA à compter du 1er décembre 2019.
« Le SMAG passera à 213,92 francs CFA à compter du 1er juin 2018 alors qu’il était à 182,96 FCFA jusque-là », précise encore le communiqué. Un décret présidentiel précisera ces nouveaux montants « dans les prochains jours ».
« Ainsi, le SMIG mensuel qui était depuis 1996 fixé à 36 243 francs CFA [55,25 euros] passe à compter du 1er juin 2018 à 52 500 francs CFA [80,03 euros], à compter du 1er janvier 2019, à 55 000 francs CFA [83,85 euros] et enfin à compter du 1er décembre 2019, à 58 900 francs CFA [89,79 euros] », précise le ministère du Travail.
20 ans de stagnation
Parmi les signataires de ce protocole d’accord figurent les secrétaires généraux de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS), de la Confédération des Syndicats Autonomes (CSA) et de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal – Forces du changement (CNTS/FC) du coté syndical, et les présidents du Confédération nationale du patronat sénégalais (CNP) et de la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal (CNES) pour le patronat.
La réduction du taux de pauvreté a quasiment stagné à partir de 2005 pour atteindre 46,7% en 2011
La dernière augmentation du SMIG horaire et du SMAG remontait à 1996. Une stagnation qui pesait sur la paupérisation des travailleurs sénégalais. « Le salaire minimum interprofessionnel garanti est maintenu au même niveau depuis 1996. Cette situation accentue l’appauvrissement des travailleurs avec une incidence de la pauvreté de 46,7 % en 2011 », pointait ainsi un rapport de l’Organisation internationale du Travail en 2013.
Plus récemment, en 2017, la Banque mondiale soulignait que « malgré une bonne diminution du taux de pauvreté au Sénégal au début des années 2000, la réduction du taux de pauvreté a quasiment stagné à partir de 2005 pour atteindre 46,7% en 2011 et l’extrême pauvreté n’a pas significativement diminué depuis 2001 ».
90% de la main d’œuvre dans l’informel
Un constat sensiblement nuancé par la même institution, dans un rapport d’avril 2018, qui précisait que, sur la base de micro-simulations réalisées par la Banque mondiale, la pauvreté monétaire « a peut-être diminué de 3 à 5 points de pourcentages […] principalement dans les zones rurales », grâce à la bonne performance de l’agriculture sénégalaise.
Pour attendue qu’elle soit, cette première revalorisation des minima salariaux depuis plus de vingt ans, aura un impact limité. Le secteur informel – où les notions de SMIG et SMAG sont, par essence, non respectées – emploie 90 % de la main d’œuvre au Sénégal, selon l’institution internationale.