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Sud Quotidien N° 6284 du 9/4/2014

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Le CNRA sur la retransmission audiovisuelle du procès de Habré: «La justice ne s’accommode pas de spectacle»
Publié le mercredi 9 avril 2014   |  Sud Quotidien


Le
© aDakar.com par DF
Le Cnra invite les télé-diffuseurs à veiller à la protection des enfants
Le Conseil national de régulation de l`audiovisuel (CNRA) a invité jeudi les diffuseurs de programmes de télévision au respect du cahier des charges contenant les règles encadrant la télédiffusion au Sénégal, en vue d`une meilleure protection des enfants contre les dérives liées à l`audiovisuel.


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Dans un avis rendu public le lundi 7 avril, le CNRA, au nom du droit à l'image des inculpés, de la présomption d'innocence, de la dignité et l'honneur de toutes les parties au procès et même du fait que «la justice ne s'accommode pas de spectacle» a émis des réserves quant à la diffusion par les médias audiovisuels du procès de Hissène Habré, l'ancien président tchadien et ses 5 coaccusés.

Selon le texte de l'autorité de régulation de l'audiovisuel, «la retransmission audiovisuelle des débats produit des effets sur l'orientation et la sérénité des débats d'audience. Elle expose les parties civiles, les témoins ainsi que les agents de certains corps protégés par le secret, en anéantissant l'anonymat».

En effet, «la présence des micros et caméras dans une salle audience, transmettant en direct le déroulement d'un procès, pourrait perturber l'objectivité des débats, troubler la justice dans sa démarche. C'est faire le lit de la justice populaire, en l'encourageant aux côtés de la justice institutionnelle». Toutefois, le régulateur a souligné que, conformément au Code de procédure pénale, notamment en ses articles 388 et 389, le président de juridiction à la possibilité d'ordonner le huis-clos, «de prendre toutes mesures utiles pour assurer la dignité et la sérénité des débats».

Le texte de relever qu'«Autoriser l'enregistrement et la diffusion d'une audience judiciaire heurte plusieurs principes qui gouvernent la distribution de la justice. La posture du mis en cause dans la recherche et les discussions publiques des charges et des éléments de preuve l'expose aux appréciations profanes d'un public pas toujours préparé. Les arcanes d'un procès pénal peuvent conduire à des issues déroutantes (...) Une médiatisation marquée d'une audience pénale risque d'emporter l'opinion au détriment de la distribution cadencée et réfléchie de la justice à toutes les étapes de la procédure».

Mieux, le texte du régulateur reconnait que le législateur accorde au président de juridiction les pouvoirs de construire l'ambiance et l'environnement de déroulement des débats. «L'enregistrement et la diffusion des débats d'audiences ne sont ni admis, ni autorisés, ni organisés dans notre arsenal juridique interne. L'explication en est toute simple, la réflexion préalable n'ayant pas été menée, le déroulement du procès continue d'obéir aux principes qui l'encadrent. La perspective d'admettre les micros et caméras dans la salle d'audience doit être strictement encadrée. Le procès pénal charrie des passions. Le rappel des faits et la recherche du niveau d'implication des acteurs réveillent de douloureux souvenirs. Les argumentaires soutenus à la barre des juridictions convoquent souvent des éléments qui ravivent la tension. Le procès pénal est un moment polémique. Les actes qui y sont appréciés impactent l'ordre public. C'est ce qui justifie que le législateur accorde au président de juridiction, les pouvoirs les plus larges pour construire l'ambiance et l'environnement de déroulement des débats. L'objectif principal est de garantir la sérénité et la dignité des débats».

Le CNRA reconnait les pouvoirs … de la juridiction à…

Et d'ajouter que «le déroulement des audiences judiciaires requiert ordre, sérénité et dignité dans un environnement de solennité. Rendu au nom du peuple, la justice rend public ses délibérations et les débats qui y ont conduit. Mais elle doit, durant tout le processus de construction de sa décision, préserver la présomption d'innocence, le droit à l'image, la dignité et l'honneur de toutes les parties au procès. L'articulation de ces différentes exigences se réalise en tenant compte également du droit du public à l'information et de la dimension pédagogique du jugement».

Partant de textes réglementaires et de cas précis, le CNRA s'est interrogé sur le «le droit à l'oubli consacré par la loi pénale ne court il pas le risque de se voir dépouillé de sa signification par la pérennisation d'images qui auront fait le tour du monde et gravées à jamais dans la mémoire collective?». Et d'attirer l'attention sur le fait que «Envisager la retransmission d'un procès pénal comporte des inconvénients préjudiciables à l'harmonie et à la cohérence de notre arsenal juridique actuel. Elle requiert une réflexion approfondie et une expérimentation éprouvée pour en permettre une organisation rigoureuse. La justice ne s'accommode pas de spectacle. Allier le droit du public à l'information, la constitution d'archives judiciaires et les droits de l'homme peut se réaliser sans fragiliser les principes et valeurs sur lesquels s'est construit notre droit pénal. La justice humaine n'est pas infaillible. Elle se trompe. Elle commet des erreurs. L'exposer par une retransmission en direct de son office peut conduire à des conséquences déplorables».

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