A l’instar de bon nombre d’infrastructures des diverses localités du Sénégal, le stade Amadou Barry de Guédiawaye est sur le point d’étrenner sa pelouse synthétique. Fermé il y a bientôt cinq mois pour travaux, ce stade est dans la dernière phase.
Des ouvriers sous les ordres d’un technicien français déroulent le tapis vert de gazon artificiel. Au même instant, d’autres rafistolent la toiture de la tribune couverte en état de dégradation très avancé. A termes, ce sera « un terrain de toute dernière génération », promet Bernard Brassard, le technicien qui dirige les travaux de réfection. Fort de son expérience glanée dans sa France natale « depuis environ 35 ans », M. Brassard donne des ordres aux ouvriers de l’entreprise qui a gagné le marché. Entre autres chantiers déjà réalisés en France, il cite fièrement le fameux centre de formation de Clairefontaine dont il revendique l’ouvrage, mais aussi « un terrain de ce type (réalisé) pour le Psg et un autre à Barcelone ». Des terrains de ce genre qu’il veut donc mettre à la disposition de Guédiawaye. « Nous sommes ici sur l’une des meilleures générations de terrains de football. Et l’avantage, c’est l’utilisation continue sans entretien total ». Et même s’il ne nécessite pas de système d’arrosage, ce qu’il considère tel un « avantage », M. Brassard recommande néanmoins « de temps en temps un coup de balai … ». En termes de matériaux, il souligne que ce terrain est constitué d’une « fibre de 60 mm qui permet de bien résister pendant une quinzaine d’années ». A condition toutefois qu’il soit uniquement ouvert au football. Ce qui est loin d’être une garantie de la part des responsables. « Prêt à 80 % », le stade sera livré dans « une dizaine de jours », selon les prévisions du technicien. Se voulant assez prudent, il fixe la date du « 20 ou 22 avril » au plus tard. « Nous avons les buts à fixer, des bandes encore à coller. Donc, dans une dizaine de jours, le terrain de football sera terminé », soutient t-il d’un ton rassurant.
Le défi de l’entretien
Entamé depuis le 22 novembre dernier, les travaux sont dans leur phase terminale. Outre la pelouse, une nouvelle grille de protection est envisagée pour rendre ce stade plus fonctionnel. Reste à présent le défi de l’entretien que le sous-préfet Seynabou Guèye entend relever. Elle promet de « veiller à ce que l’utilisation du terrain ne soit pas abusive. On fera en sorte que le terrain soit bien utilisé », dit-elle. Pour le maire de la ville de Guédiawaye, Cheikh Sarr, la solution serait la réhabilitation du stade de Ndiarème pour soulager le stade Amadou Barry. Notamment pour abriter les combats de lutte.
Renaissance du stade Léopold Sédar Senghor
Autre lieux, autres constats. Abandonné à son sort depuis son ouverture, au milieu des années 1980, le stade Léopold Senghor ressemble à un musée tombé en ruines. « Pour le système d’irrigation, il s’agissait de changer juste quelques composantes pour le rendre opérationnel. Mais en visitant les lieux, on s’est rendu compte que les équipements sont largement dépassés, voire vétustes », constate Walid Rassaa, le technicien italien dépêché sur les lieux par les autorités. Il ajoute que « certaines pièces sont carrément inutilisables aujourd’hui, aussi bien sur le terrain qu’au niveau de la salle des machines qui devraient assurer l’arrosage de façon uniforme et efficace. Elles sont dépassées par le temps », conclut-il. Comme unique solution, M. Rassaa prévoit d’apporter une « opération très radicale. C'est-à-dire refaire tout à zéro. Même les asperseurs qui assurent l’arrosage. Il faut tout changer. Parce qu’ici en Afrique, s’il n’y a pas un bon arrosage, surtout durant les saisons sèches, le gazon peut en souffrir », explique le technicien envoyé par la société italienne Irritec. En attendant de faire l’évaluation des dégâts, il se veut prudent quant au coût du chantier.
« Franchement, à l’heure actuelle, on ne peut pas estimer le coût de l’opération, parce qu’après la visite, on doit faire une étude technico-hydraulique. Et c’est sur la base de cette étude sur les dimensions du terrain, les distances…, qu’on pourra donner un coût réel », avance M. Walid qui attend naturellement la commande du matériel nécessaire pour se prononcer sur la durée des travaux. Dans tous les cas, il promet qu’une « semaine peut suffire pour installer un équipement ».
Plus de 700 millions de FCfa pour retaper la pelouse
Sollicité pour apporter son expertise dans le domaine des surfaces, Mathieu Chupin de Dakar Sacré-Cœur s’active avec des ouvriers sur le gazon. Abondant dans le même sens que le technicien italien, M. Chupin insiste sur la nécessité de régler en priorité la question de l’eau. « La première des choses était de faire venir M. Rassaa pour nous faire le point sur l’eau, parce qu’une bonne pelouse de compétition, c’est d’abord régler la problématique de l’eau. On est en train de voir cet aspect. L’objectif du ministre est de rendre à cette pelouse son statut initial, c'est-à-dire la pelouse nationale. Une pelouse qui sera utilisée 8 heures maximum par semaine. Faire en sorte que, dans trois mois, cette pelouse soit la meilleure possible au Sénégal, et que le coach de l’équipe nationale tienne son prochain regroupement ici », promet-il. Engagé en mi-janvier pour un délai de quatre mois, le chantier avance à pas de fourmi. La fin des travaux est prévue en fin juillet. Mais pour retaper ce joyau inauguré le 9 octobre 1986 par le président Abdou Diouf, l’Etat devra dépenser « plus de 700 millions de FCfa », selon les estimations de Fodé Sylla, le directeur des Infrastructures sportives au niveau du ministère des Sports.