Macky Sall a battu campagne en 2012 sur deux notions fondamentalement : «yonou yokkute» et ruptures. Nous savons tous ce qu’il est advenu du «yoonou yokkuté» qui pourtant était son cheval de bataille. Ce programme démagogique sera très vite abandonné au profit d’un Pse acheté à prix fort à l’étranger, en piétinant notre fierté nationale ainsi que notre souveraineté. Pour ce qui est du deuxième slogan de la campagne de Macky Sall, à savoir ruptures, transparence et gouvernance sobre, patrie avant parti…, les Sénégalais ont fini de comprendre que toutes ces promesses n’étaient que chimères et démagogie. Bien que ne l’ayant jamais assumé, Macky Sall est le véritable praticien de la théorie de Jacques Chirac : Les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient.
«La vérité doit s’inspirer de la pratique. C’est par la pratique que l’on conçoit la vérité. Il faut corriger la vérité par la pratique», disait le timonier Mao Tsé-Toung. La pratique a montré la véritable face de Macky Sall, celle d’un démagogue autoritaire qui utilise les slogans pour adapter sa pratique à la vérité, sa vérité. Sa dernière trouvaille mensongère est «le Sénégal de tous, le Sénégal pour tous» alors que la pratique confirme au quotidien que c’est en réalité le Sénégal d’un clan et d’une famille.
Ruptures disais-je. Le processus du vote de la loi 12/2018 a révélé la véritable face de Macky Sall. Le vote de cette loi, dans le mépris total de tout ce que le Sénégal compte comme forces vives, illustre à lui seul les ruptures dévastatrices de Macky qui remettent en cause les principes de notre démocratie et la stabilité de notre pays. Rupture du rôle de régulateur social des chefs religieux et de la société civile : Le président Senghor est un chrétien qui a pu gérer ce pays grâce à sa proximité et sa capacité d’écoute des chefs religieux Serigne Fallou Mbacké et Khalifa Ababacar Sy. La relation entre le président Abdou Diouf et Serigne Abdoul Ahad Mbacké est connue. Que dire du président Abdoulaye Wade dont l’ancrage dans les différentes familles religieuses et traditionnelles est sans commune mesure. Le président Macky Sall et son gouvernement viennent de rompre cette relation entre le spirituel et le temporel, gage de confiance et de stabilité du pays. Il en est de même avec la société civile qui a activement pris part à tous les consensus politiques depuis 1992.
L’avènement de Macky à la magistrature suprême se résume en la démagogie et l’usage abusif de la force. Il utilise la force publique et sa majorité parlementaire pour faire passer au forceps cette loi controversée, en refusant toute tentative de médiation entre acteurs et revenir appeler au dialogue une fois sa forfaiture établie. Nous avons connu à travers différents âges le mensonge d’Etat, Macky vient d’inaugurer l’ère de la malhonnêteté d’Etat.
Je peux en citer beaucoup d’autres, mais je préfère tirer les leçons de cet acte autoritariste et dangereux pour la stabilité du Sénégal. Ce tripatouillage de la Constitution et du Code électoral à des fins exclusives de satisfaction d’un désir obsessionnel d’obtenir un deuxième mandat, vient s’ajouter à une longue liste d’actes ne laissant plus place au fait que le président est prêt à Tout pour rester au pouvoir. Le candidat du Pds Karim Wade est un exilé politique, Khalifa Sall et Barthélémy Dias sont des détenus politiques et j’en passe. Le peuple sénégalais doit être conscient de la légitimité de ce combat pour la préservation de notre identité sénégalaise, la conservation et le respect de notre culture de dialogue et l’inviolabilité des textes qui régissent notre commun vouloir de vivre en communauté paisible et stable. Il ne peut y avoir une élection présidentielle au Sénégal avec des exilés politiques et des détenus politiques ! Le Sénégal n’a jamais organisé d’élections excluant de potentiels candidats. Tous les conflits en Afrique résultent de contentieux pré-électoraux non vidés.
Conscient de la démarche de forcing du président Sall et de tous les dangers qui planent sur notre démocratie, notre stabilité et notre existence en tant que nation, j’appelle toutes les composantes du peuple sénégalais, particulièrement sa jeunesse, fer de lance de toutes les victoires, et ses femmes à se mobiliser pour juguler les dangers qui nous guettent. Macky Sall veut imposer aux Sénégalais un combat présidentiel sans combattants, et ramener notre pays aux heures sombres des partis uniques où les électeurs n’avaient qu’un choix : réélire le président. Il s’agit d’imposer au président Sall, censé être le gardien de la Constitution, le respect de la Constitution et du Code électoral et le dialogue politique pour un Sénégal démocratique et stable, seul gage d’un épanouissement économique et social.