La cour d’assises de Dakar a condamné mercredi à la peine des travaux forcés à perpétuité cinq individus reconnus coupables d’avoir cambriolé une boutique à Pikine, dans la banlieue dakaroise, et poignardé mortellement son propriétaire.
La machine judiciaire s’enclenche quand, le 28 novembre 2007, le nommé Mamadou Malado Diallo informe le commissariat de police de Pikine que son frère Abdoulaye Diallo vient de succomber au moment de son évacuation vers une structure sanitaire.
Ce dernier venait alors d’être poignardé dans sa boutique par quatre individus qui, dans leur fuite, avaient emporté également ses recettes.
Entendu par les policiers en présence de son oncle, Elhadji Mamadou Sellou Ba déclarait que c’est au moment où il s’apprêtait à fermer son commerce que quatre malfaiteurs s’y sont subitement introduits.
Il explique que c’est l’un des membres de la bande que son frère avait interpellé sur le motif de leur présence dans la boutique qui l’a empoigné, avant d’exhiber une arme blanche avec laquelle il lui a avait asséné un coup.
C’est dans ce contexte que Khadim Ngom, Seyni Bangoura alias Kocc et Cheikh Diop sont placés sous mandat de dépôt le 14 janvier 2008 pour vol commis la nuit, avec usage d’armes blanches, association de malfaiteurs et meurtre, contre Seyni Bangoura. Les mêmes charges sont retenues contre les accusés Pape Sanoussi Camara alias Gabar et Moussa Mbaye.
Le président de la première session de la cour d’assises de Dakar, Mamadou Lamine Diédhiou, a fait la jonction de ces deux affaires.
Né en 1985 à Pikine, l’accusé Cheikh Diop, déjà condamné à six mois ferme pour vol au moment des faits, a nié faire partie de cette bande. ‘’ On m’a extrait de la prison pour me dire que je faisais partie de cette bande. Je n’ai rien à voir avec cette affaire’’, a-t-il dit à la cour.
Pape Sanoussi Camara alias Gabar, né le 8 novembre 1984, a lui aussi nié catégoriquement les faits. ‘’J’avais des problèmes avec Seyni Bangoura, c’est pourquoi il m’a cité dans cette affaire’’, s’est-il défendu.
‘’J’avais des problèmes avec Bangoura dans le secteur où j’officiais comme trafiquant de chanvre indien. Il me reprochait d’avoir laissé mon quartier pour écouler mon chanvre indien dans son fief’’, a ajouté l’accusé.
L’accusé Seyni Bangoura alias Kocc, né en 1989, a également réfuté les faits. ‘’Je ne connais pas mes co-accusés. Les policiers m’ont sorti une liste pour me citer des noms. Je les ai vus en prison’’, a-t-il souligné.
Et lorsqu’on lui demande pourquoi tout le monde l’indexe comme l’auteur principal ayant donné le coup mortel, il balance aussitôt : ‘’ Personne ne m’a désigné.’’
Le quatrième mis en cause Khadim Ngom a lui aussi balayé d’un revers de la main les accusations. ‘’Je ne sais même pas qui a donné mon nom. Je ne connaissais pas les autres. C’est Pape Sanoussi Camara qui est mon parent’’, a-t-il expliqué.
Le dernier accusé, Moussa Mbaye, né le 2 octobre 1987, a déclaré n’avoir cité aucun nom à la police. ‘’ Les policiers ont toujours voulu mon arrestation, car j’ai eu un jour une altercation avec le fils d’un policier’’, s’est-il défendu. ‘’Le Kocc que je connais n’est pas Seyni Bangoura ici présent, c’est une autre personne surnommée également Kocc ‘’, a-t-il ajouté.
Dans son réquisitoire, l’avocat général, Elhadji Gormack Tall, a estimé que les faits en question sont extrêmement graves. ‘’Les dénégations des accusés ne peuvent pas prospérer, car ils se connaissent tous et opèrent ensemble’’, a-t-il fait observer.
Il a requis 15 ans de travaux forcés pour Seyni Bangoura, accusé d’avoir donné le coup mortel, et 10 ans pour le reste de la bande.
La défense a quant à elle insisté sur le fait que les accusés ont tous déclaré ne pas se connaitre. Ils ont pour la plupart plaidé l’acquittement simple, ou l’acquittement au bénéfice du doute au vu des dénégations des accusés. Ainsi pour Me Issa Diop, ‘’l’acquittement s’impose, car les accusés ont durant tout le procès nié les faits’’.
La cour, après en avoir délibéré, a reconnu tous les cinq accusés coupables de vol commis la nuit, en réunion avec usage d’armes blanches, d’association de malfaiteurs et de meurtre. Ils ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité.