Pape Kibily Coulibaly, élève en classe de Terminale S2, au Lycée Sergent Malamine Camara (ex-Lycée moderne de Dakar), est accusé de terrorisme. Né en 1993, il a été arrêté à quelques 3 semaines de l'examen du Baccalauréat. C'était, il y a 2 ans. En 2016. Coulibaly aspirait à intégrer l'Ecole supérieure polytechnique (Esp) de Dakar ou la police.
"Ce qui m'a le plus choqué, c'est qu'après avoir échoué une première fois aux examens du bac, je faisais de petits boulots pour payer mon inscription. Et c'est à 3 semaines des examens, que j'ai été arrêté", dit-il. Avant de revenir sur les conditions de son arrestation.
"Le mercredi 22 juin 2016, de retour de l'école, à 3 semaines des examens du baccalauréat, je suis parti faire les courses pour ma mère, à Grand-Yoff. Je devais y récupérer quelques colis. Et c'est au retour que j'ai été suivi par plusieurs hommes. Ils m'ont interpellé et m'ont demandé si tel ou tel était dans la maison. Je leur ai dit que je ne connaissais pas ces noms-là. Ils m'ont alors arrêté puis sont entrés dans ma chambre. Il y a avait sur la table, un document de concours de la police et des cours de Svt (Sciences de la vie et de la terre), entre autres. Ils ont, ensuite, récupéré mon ordinateur. C'était un ordinateur fixe avec lequel on ne pouvait se connecter. En sortant, nous avons croisé ma mère. Ils lui ont notifié qu'ils voulaient juste m'auditionner. Après 8 jours de détention, j'ai été déféré au parquet".
"Le Jihadisme, je n'en sais rien"
Présenté au procureur, Pape Coulibaly sera placé sous mandat de dépôt. "Une fois, à Rebeuss, j'ai écrit au responsable en charge du volet social. Une correspondance pour que je puisse faire mon bac. J'avais fait un concours Esp, pré-bac, mais il a été nul. Je n'ai même pas pu passer mon examen du Bac", regrette l'accusé.
Qui dit ne pas comprendre les faits pour lesquels il est jugé. "J'ai cru comprendre ce qu'on me reprochait. Mais, je n'ai rien compris. Je conteste ce qu'on me reproche. (…). Je ne suis affilié à aucune association religieuse. Lamine Coulibaly (un autre accusé) est un cousin à moi. Cheikh Abdallah Coulibaly (il serait dans les rangs des combattants de Boko Haram) est mon frère ainé. Les nouvelles que nous avons eues de lui renseignent qu'il est en Turquie pour les études. Ce sont les seules informations que nous détenons le concernant", a-t-il juré à la barre.
"Le jihadisme, je n'en parle jamais. Je n'en sais rien même", assure Coulibaly. Ce qu'a démenti le président de la Chambre, au vu de ses déclarations dans le procès-verbal d'enquête. "J'ai signé le document parce que j'estimais n'avoir rien fait et que j'allais rentrer chez moi à la minute qui allait suivre. On me prête des propos dans le procès-verbal que je n'ai jamais dit", rétorque-t-il à la Cour.
Et assure n'avoir jamais voulu rejoindre les rangs des jihadistes. "Cela n'a jamais été mon propos. Mama Ba (El Hadj Mamadou Ba, un autre accusé) et moi habitions le même quartier Yoff-Ndiouffène et avons grandi ensemble. On s'est connu au terrain où nous nous rencontrions pour jouer au foot. Je n'ai plus eu de leurs depuis leur départ pour la Mauritanie. Mes seules activités se limitaient aux études et à jouer au foot".
Concernant la présence d'un dispositif qui rend intraçable les appels émis ou reçus, qui a été saisi dans sa chambre, il explique que l'appareil était un téléphone de secours qui circulait de main en main au sein de sa famille. Avant d'insister : "Je n'ai jamais eu l'idée d'aller faire le djihad".