Après l’adoption de la loi sur le parrainage par 117 députés sur 165, la société civile propose de passer la loi sous pétition.
Ce qui va permettre de savoir si les Sénégalais sont pour le parrainage, voté sans débat à l’Assemblée.
La pétition est un système de comptage. Le Pr Buuba Diop, membre de la société civile, propose de l’utiliser pour faire l’évaluation de la loi sur le parrainage. Il l’a proposée, ce samedi, quand il était venu prendre part à la mise en place de la section Sénégal de la Ligue internationale de lutte des peuples. «Il faut que les citoyens puissent s’exprimer, signer des pétitions pour que, ceux qui violent la constitution, puissent être complètement écartés du jeu pour la paix et la stabilité. Il faut une pétition large sur tout le pays (Sénégal, Ndlr) et c’est facile de le compter. En trois mois, on peut savoir le nombre de Sénégalais qui sont contre le parrainage. L’idée est lancée. C’est mieux que de continuer à se battre avec des grenades lacrymogènes et ensuite qu’on s’entretue, (l’opposition estime qu’il y a une centaine d’arrestations lors de manifestations anti parrainage, Ndlr). On a qu’à demander aux Sénégalais s’ils sont d’accord sur le parrainage», soutient le Pr Buuba Diop de l’Ucad, ce samedi, lors du lancement de la section sénégalaise de la Ligue internationale de lutte des peuples.
A en croire M. Diop, «on est dans une situation grave parce qu’il y a des violations continues de la Constitution qui s’est prononcée clairement sur les partis politiques, la liberté des citoyens concernant le vote». Selon lui, «quand il y a violation de la constitution, les citoyens doivent pouvoir exprimer leurs points de vue». En cela, l’universitaire rappelle que «dans l’histoire de la démocratie, quand on viole les principes constitutionnels, on peut vous destituer. Cette faute, on l’appelle, dit-il, en grec, ‘Graffe paranomone’. C’est un texte qui condamne ceux qui violent la constitution». Pour Buuba Diop, «il y a un rapport entre la démocratie et la démographie et que toute personne qui a sa carte d’identité, doit pouvoir dire est-ce qu’elle est d’accord sur ce qui se passe actuellement».
Par ailleurs, signataire des Assises nationales, Buuba Diop reconnait qu’«il y a toujours des failles» en rappelant les derniers référendums. Le système de recomptage se justifie d’autant que, dit l’observateur de la société civile, «on nous a amené dans un débat où il faut décompter». Dans le principe, chacun va mettre son numéro de carte d’identité et on va compter. Il trouve ce système plus sûr. «Au lieu de perdre du temps avec des débats à l’Assemblée nationale, on a qu’à demander aux citoyens», propose-t-il. De son avis, cette pétition «n’est pas trop tard car il va y avoir encore des recours». Dans son commentaire, il souligne qu’il n’y avait pas de débat à l’Assemblée nationale et qu’«ils(les députés, Ndlr) sont en train de violer tout simplement la conscience des gens». Pour lui, si la majeure partie des Sénégalais sont d’accord sur ce que le gouvernement propose, ce sera facile à démontrer avec le nom et la carte d’identité. En assurant que cela ne viole pas le secret du vote. «Vous dites simplement que vous êtes pour ou contre», explique-t-il.
Revenant sur le principe du parrainage, il soutient qu’«il faut bien que quelqu’un vous porte sur les épaules pour que puissiez être candidat. Cela est inacceptable».
Le signataire des Assises nationales rappelle qu’ils avaient proposé la rationalisation du système politique. De cela, il s’interroge pourquoi cela n’a pas été fait. «Pourquoi l’année dernière, on n’a pas demandé aux gens de se prononcer sur cela. Là, on profite des rapports de forces mécaniques. C’est très dangereux», prévient-il.
La loi sur le parrainage a été adoptée à l’Assemblée nationale, le jeudi passé. Elle est passée sans débat, selon l’opposition qui promet de faire recours. L’idée de cette pétition est une proposition de la société civile pour savoir ce que les Sénégalais pensent du parrainage, créé pour dit-on, rationnaliser les candidats à l’élection présidentielle à venir en février 2019.