Les syndicats du G6 tiennent le gouvernement pour responsable d’une éventuelle année blanche. En conférence de presse hier, ils ont également décidé de saisir l’Organisation internationale du travail pour dénoncer les dérives et les bavures dont ils ont été victimes à Ziguinchor.
Le G6 garde en travers de la gorge la marche réprimée à Ziguinchor. En conférence de presse hier, les syndicalistes ont condamné le comportement ‘’inqualifiable’’ des autorités administratives de la capitale du Sud et des forces de l’ordre. Ils ont tenu l’Etat pour l’unique responsable de toutes les dérives et les bavures qui ont découlé des tentatives de restriction et de négation des droits et libertés des travailleurs.
Selon le secrétaire général du Syndicat autonome de l’enseignement moyen secondaire (Saems), tout le monde parle de ce qui va se passer, aujourd’hui. Or, il y a trois mois que l’école sénégalaise est bloquée. ‘’Nous sommes déjà dans un 7e plan d’action, synonyme d’un chemin qui nous mène droit vers une année blanche, sans que personne ne s’en mêle. De toute façon, s’il y a demain année blanche, la responsabilité de l’Etat est totale et entière. Nous, nous n’avons que le tort de demander le respect d’accords dûment signés depuis 2014’’, a déclaré Saour Sène.
Son camarade secrétaire général du Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement du moyen secondaire a soutenu qu’on n’a jamais vu un enseignant, qu’il s’agisse de l’élémentaire, du moyen secondaire ou du supérieur, décréter une année blanche. ‘’L’école est notre gagne-pain et notre outil de travail. C’est le gouvernement qui nous a poussés à aller en grève. Parce que les enseignants ont accepté, pendant une année, de ne pas faire des perturbations. Malgré le non-respect des accords, nous avons donné le temps au gouvernement de matérialiser les accords. Nous avons déposé une lettre d’alerte, en début d’année, des préavis sans réaction. Un enseignant ne veut pas d’une année blanche. Demain, quoi qu’il arrive, le gouvernement sera tenu pour unique et seul responsable, pour n’avoir pas su honorer ses engagements’’, a précisé Abdoulaye Ndoye.
Ce dernier a dénoncé, par ailleurs, la répression qui a eu lieu à Ziguinchor. Selon lui, la marche est un droit garanti par la Constitution et la marche s’inscrit dans le cadre du régime déclaratif. De ce fait, ils n’ont pas besoin d’une autorisation pour marcher. ‘’Ce qui s’est passé à Ziguinchor, c’est non seulement une violation de la Constitution, mais une remise en cause des libertés individuelles et collectives. Ce régime a fait ce qu’aucun autre n’a fait. Non seulement, il y a deux ans, il a menacé les enseignants de radiation, cette fois-ci, on a vu la répression sauvage et barbare sur les enseignants. Cela n’honore pas le pays’’, a-t-il fustigé.
Saisir l’Oit
Du fait de la persistance des brimades, intimidations et violations des libertés des enseignants, le G6 compte saisir l’Organisation internationale du travail (Oit) pour dénoncer ces actes ‘’indignes, caractéristiques’’ d’une autre époque et qui ne font que ternir l’image de la démocratie. ‘’Il échoit au gouvernement la mission régalienne d’assurer le droit à l’éducation des fils de la nation. Il lui revient d’apporter des solutions structurelles, concrètes et durables aux problèmes de l’école sénégalaise, gages de stabilité du système’’, a souligné Saour Sène. Selon qui, tant que la situation de l’école n’a pas changé, ils ne changeront pas de démarche.
Pour sa part, le secrétaire général du Sels, Abdou Faty, a déploré l’attitude du gouvernement qui a profité de l’appel des layènes pour demander de cesser la grève. ‘’Le gouvernement a fait dans la diversion, en évoquant la grève chez les layènes. Nous irons également pour explication. Nous irons également voir les autorités de l’église. Parce qu’à Ziguinchor, les forces de l’ordre ont violé l’enceinte de la cathédrale en y jetant des lacrymogènes. J’ai eu à présenter des excuses à la cathédrale de Ziguinchor, mais nous irons les voir’’, a-t-il annoncé.