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Accusé Omar Yaffa à la barre « Le chef de Boko Haram était fâché contre nous parce nous n’avions pas respecté l’ordre qu’il avait donné »
Publié le jeudi 19 avril 2018  |  Rewmi
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© Autre presse par DR
Les Djihadistes de Boko Haram ont multiplié leurs attaques
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Aveux et dénégations, c’est ce que l’on constate depuis le début de l’audition des accusés poursuivis dans le cadre du terrorisme au Sénégal. Hier, les accusés Boubacar Decoll Ndiaye et Omar Yaffa sont revenus sur leur implications dans ce dossier. Pour le dernier nommé, il a affirmé avoir été reçu par le chef de Boko Haram, Abubacar Shekau.

L’accusé Boubacar Decoll Ndiaye a été le premier accusé à être entendu, hier, par la chambre criminelle spéciale. Poursuivi pour acte de terrorisme par menace, actes de terrorisme par association de malfaiteurs financement du terrorisme et apologie au terrorisme, il a tout simplement nié les faits. Professeur de mathématique en Mauritanie, il avait pris une seconde épouse au Sénégal et avait décidé de revenir pour la célébration de cette union. C’est ainsi qu’il a été interpellé avant d’être conduit dans un commissariat mauritanien. A l’en croire, il a été malmené avec ses pairs par les policiers et enchainés pendant 6 jours. Ils priaient et dormaient avec les chaines. L’accusé a aussi confié qu’ils ne mangeaient pas à leur faim. A la barre, hier, le juge lui a demandé pourquoi il était parti en Mauritanie. Il a rétorqué que c’est parce qu’après sa formation, il a rencontré toutes les difficultés pour trouver un emploi au Sénégal. Ainsi, est-il allé en Mauritanie dans le but de trouver un boulot et subvenir aux besoins de ses parents. Contrairement aux autres accusés déjà entendus, Boubacar Decoll a affirmé qu’il connaissait bel et bien le nommé Makhtar Diokhané. Sur les circonstances de leur connaissance, il a soutenu qu’ils se sont connus au moment où Diokhané gérait un daara à Bambilor. Cependant, précise-t-il, ils ne se fréquentaient pas, même s’ils avaient un ami en commun en la personne d’Alioune Badara Sall. Toutefois, il a chargé son coaccusé Diokhané qu’il accuse d’être un membre de Boko Haram. « J’avais entendu des rumeurs selon lesquelles Makhtar Diokhané était dans le fief de Boko Haram. Sur ce, je suis allé le voir pour lui demander si c’était avéré et il l’avait effectivement confirmé. Il m’avait informé de la mort de mes amis, Abdallah Dièye et Abdallah Ndiaye, au Nigéria. J’ai été très déçu d’apprendre de telles affirmations », a-t-il déclaré, avant de nier qu’il avait un contact Diokhané.

« J’ai comme l’impression qu’Imam les intéresse »

Sur une autre question de savoir est-ce qu’il connait Imam Ndao, l’accusé a répondu par la positive. Il a soutenu qu’en 2015, Cheikh Tidiane Gadio, ministre des affaires étrangères d’alors, révélait la présence de djihadistes sénégalais dans les camps libyens. C’est sur ces entrefaites qu’il est allé voir l’Imam Ndao pour vérifier la véracité de cette information. « L’imam avait affirmé les déclarations de Cheikh Tidiane Gadio, avant de me dissuader de me rendre dans les zones de conflits. Je suis surpris que l’essentiel des questions qui m’ont été posées tournent autour de l’Imam Alioune Ndao. J’ai comme l’impression qu’Imam les intéresse », a-t-il dit. « Donc, vous vouliez vous rendre dans une zone de conflit », a lancé le procureur. L’accusé a répondu par la négative et de préciser qu’il n’a jamais voulu se rendre dans une zone de conflit. Sur ces entrefaites, l’Imam s’est levé pour demander la parole et apporter des précisions. Mais, ses avocats ont dit niet. Ils ont soutenu que l’Imam aura l’occasion d’apporter des précisions lors de sa prise de parole. Revenant à Boubacar Decoll, il semble, comme à l’enquête préliminaire, appuyer Boko Haram. « On ne doit pas considérer les membres de Boko Haram comme des non musulmans. La terre appartient à Dieu et sa loi doit y être appliquée. On doit avoir le courage de le dire partout. Si on n’a pas le courage de faire connaitre cette vérité à tout le monde, on ne peut pas passer à l’étape supérieure qui consiste à faire le djihad », a soutenu l’accusé. Avant d’enchaîner : « il y a une politique de diabolisation qu’on veut faire contre les musulmans en disant que le djihad, c’est tuer des personnes, piller les mosquées, entre autres. Le djihad, c’est faire un effort sur tout ce qui est bon. Un effort sur la religion, un effort sur le travail, un effort sur soi ».

L’accusé Omar Yaffa : « j’entendais des bombardements’ »

A sa suite, l’accusé Omar Yaffa est appelé à la barre. Né en 1998 à Vélingara, célibataire sans enfant, il est professeur de français en Mauritanie. Attrait à la barre de la chambre criminelle pour actes de terrorise par menace, de complot visant à troubler l’ordre public, apologie du terrorisme, financement du terrorisme, blanchiment de capitaux et actes de terrorisme par association de malfaiteurs, il a nié les faits. Il a expliqué qu’en Mauritanie, il avait fait la connaissance d’un certain Abdou Aziz qui a financé son voyage au Nigéria. Parce qu’il avait l’ambition de faire l’hégire pour poursuivre ses études et parfaire ses connaissances en Islam. Sur ce, il voulait rejoindre un pays où on appliquait la charia pour avoir les bienfaits. « Le Prophète a dit que celui qui fait l’hégire bénéficiera des bienfaits de Dieu. Je suis donc parti au Nigéria avec Mouhamed Ndiaye alias Abu Youssouf, Ibrahima Mballo et Ahmet Bella. Mouhamed Ndiaye était le chef du groupe », a-t-il déclaré. Il ajoute : « quand nous sommes arrivés à Diffa (frontière entre le Niger et le Nigéria), Mohamed Ndiaye a appelé ses contacts, des passeurs. Ils étaient venus en moto et chaque moto transportait trois personnes. Ils nous ont conduits jusqu’à Abadam (Nigéria). Nous avons trouvé sur les lieux Moussa Mbaye et Abuza. A Abadam, on a été reçus par un certain Abu Amir. Je ne vois pas en lui un aspect extérieur qui montre qu’il faisait partie de Boko Haram. C’est lui qui nous donnait gratuitement à manger et à boire. Nous étions restés là-bas pendant un mois avant de rejoindre Fatkhou Moubine où une fatwa a été lancée contre l’école occidentale ». « On nous disait que l’école occidentale était mauvaise. En plus, on nous disait que la détention d’une carte d’identité était proscrite. J’étais dégouté d’entendre de tels arguments et j’avais décidé de rentrer au Sénégal ». Par ailleurs, Omar Yaffa a encore soutenu: « à Sambissa, je n’ai pas été témoin de combats, mais j’entendais des bombardements ».

« Shekau était fâché contre nous parce qué »

Devant les gendarmes enquêteurs, l’accusé avait reconnu avoir subi une formation au maniement des armes. Des propos qu’il a contestés, hier, devant le tribunal. « Je n’ai jamais fait une formation pour aller combattre. Mais, je dois dire que l’imam Abubacar Shekau nous a reçus une seule fois. Il ne nous a pas félicités. Il nous a juste rappelé des préceptes de la religion en nous disant qu’un musulman doit être patient. Il ne nous a pas donné d’argent. C’est Idrissa Malang qui nous dit qu’il faut un intercesseur qui puisse parler avec l’Imam », a encore dit l’accusé. Selon lui, Makhtar Diokhané est venu et a parlé avec l’imam pour négocier leur retour. « Nous étions 11 personnes à bord du véhicule affrété par Makhtar Diokhané. « Quand on a voulu rentrer, on nous avait informés que le chef Abubacar Shekau était fâché contre nous parce que nous n’avions pas respecté l’ordre qu’il avait donné sur les cartes d’identité. Notre entretien avec le chef Shekau a duré une dizaine de minutes. Et c’est Moussa Awa qui avait l’argent remis à Diokhané. Je ne sais pas le montant », a-t-il dit. A l’en croire, à Zender, ils ont été arrêtés et emprisonnés. Moussa Aw est décédé dans sa cellule à cause des mauvaises conditions de détention. Le Procureur, lors de sa prise parole, lui demande : « vous estimez qu’au Sénégal comme en Mauritanie, la charia n’est pas appliquée ? ». L’accusé Omar Yaffa de rétorquer : « oui. Le Sénégal est un pays laïc, la Mauritanie est une république islamique ». « Qu’est-ce qui vous permet de dire qu’on n’appliquait pas la charia au Sénégal et en Mauritanie », a encore lancé le maître des poursuites. L’accusé : « Ces deux pays se basent sur des lois créées par les hommes pour juger ». Procureur : « Est-ce qu’au Nigéria, dans le fief de Boko Haram, vous avez eu à vivre la charia ? ». « Non », a répondu l’accusé avant de dire : « j’ai trouvé à Abadam deux Sénégalais, Moussa Mbaye et Abu. Par la suite, plusieurs Sénégalais nous ont trouvés à Abadam. Je n’ai pas reçu de formation militaire. Devant le magistrat instructeur, l’accusé aurait déclaré : « Je n’avais pas subi aucune formation militaire, mais ma curiosité m’a poussé à flirter avec une arme Kalachnikov et j’ai même eu à tirer en l’air. C’était une action individuelle, isolée de quelques membres du groupe ».

Cheikh Moussa SARR
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