Dakar - Vivre dans des zones de conflits ou faire l'objet d'une transfusion sanguine augmente le risque de contracter le paludisme en Afrique, indiquent des études présentées à Dakar cette semaine
lors d'une conférence sur cette maladie responsable de plus de 400.000 décès par an dans le monde.
Selon une analyse d'une vingtaine d'études réalisées sur plus de 24.000 donneurs de sang, notamment au Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique, "près d'un quart" (23,46%) des réserves des banques de sang de certaines zones subsahariennes contiennent des parasites qui provoquent le paludisme".
En Afrique subsaharienne, où surviennent 90% des cas de paludisme, une maladie potentiellement mortelle si elle n'est pas traitée rapidement, les transfusions concernent principalement les femmes enceintes et les enfants. Pour ces derniers, dans la moitié des cas, il s'agit de pallier une anémie due
au paludisme.
"A défaut d'une plus grande vigilance", ces enfants risquent d'être "davantage exposés aux parasites responsables du paludisme", qui se transmet généralement par des moustiques infectés, relèvent les auteurs de cette étude dirigée par le Dr Selali Fiamanya (Réseau mondial de surveillance de la
résistance aux antipaludiques - WWARN) et présentée à la 7e conférence de l'Initiative sur le paludisme (MIM).
Des tests poussés réalisés dans la banque de sang de Malabo, la capitale de Guinée équatoriale, ont même révélé que 29,5% des échantillons étaient contaminés.
Les tests de diagnostic rapide (TDR) et celui de la "goutte épaisse" sont faciles à utiliser sur le terrain mais n'ont pas la capacité de détecter la forme latente du paludisme, soulignent les auteurs de l'étude, dirigée par le Dr Claudia Daubenberger (Institut tropical et de santé publique suisse). "Nos résultats donnent encore plus de poids aux recommandations de l'OMS, selon lesquelles toute personne recevant une transfusion sanguine doit suivre un traitement préventif antipaludéen", estime-t-elle.
Selon d'autres études, les pays africains touchés par des conflits, la présence de groupes jihadistes et des épisodes de famine ont connu "une hausse rapide des infections et des décès" dus au paludisme, notamment au Nigeria, en Côte d'Ivoire, au Soudan du Sud et en République centrafricaine. Une solution
est de développer, comme en République centrafricaine, des "réseaux de personnels de santé communautaires" formés aux diagnostics rapides et dotés de sacs à dos contenant des lots complets de médicaments qui leur permettent de se déplacer rapidement en cas de besoin.
Ces premiers soins permettent de sauver des vies en stabilisant l'état des patients, qui dans de très nombreux cas décèdent pendant leur transport vers des structures médicales adaptées, par exemple dans des centres pour réfugiés, selon le Dr Laura Ruckstuhl (Institut tropical de santé publique suisse).