Diamniadio, De nouvelles études menées par des membres du Réseau mondial de surveillance de la résistance aux antipaludiques (WWARN) et par l’Institut tropical et de santé publique suisse font état d’un "risque élevé" de transmission du paludisme par transfusion sanguine en Afrique.
Ces études ont été présentées lundi par leurs chefs d’équipe, dans le cadre de la 7e conférence de l’Initiative multilatérale contre le paludisme (MIM, en anglais), qui se tient au Centre International de conférence Abdou Diouf de Diamniadio.
La première étude s’intitule "Une étude systématique et une méta-analyse du risque de transmission du paludisme par transfusion sanguine de donneurs de sang en Afrique subsaharienne".
Elle a rassemblé les résultats de 24 études pour déterminer la prévalence du paludisme parmi 22 508 donneurs de sang, a expliqué docteur Selali Fiamanya, qui a mené l’étude avec d’autres de ses collègues du Réseau mondial de surveillance de la résistance aux antipaludiques (WWARN).
Ses résultats montrent que "près d’un quart des réserves des banques de sang de certaines zones d’Afrique subsaharienne (...) contiennent des parasites qui provoquent le paludisme".
Il ressort aussi de cette étude que le taux moyen de prévalence de la parasitémie palustre s’établissait à 23,46 %, sur un spectre de 6,5 % à 74,1 %, sachant que plus de 10 avaient été conduites au Nigéria, pays le plus peuplé d’Afrique.
"Notre étude n’est que la première étape nécessaire pour écarter ce risque de transmission", a précisé le docteur Selali Fiamanya.
En Afrique subsaharienne, a-t-il soutenu, les transfusions concernent principalement les femmes enceintes et les enfants, ce qui fait que "les défis techniques de diagnostic et d’élimination des parasites plasmodium dans les banques de sang nécessitent une analyse complémentaire".
Mais, déjà, "les constatations montrent qu’une menace plane sur la prochaine génération, c’est-à-dire sur notre avenir", a-t-il fait valoir.
L’étude du docteur Fiamanya montre par ailleurs que les enfants recevant du sang transfusé pour remédier aux effets du paludisme risquent d’être davantage exposés aux parasites responsables du paludisme.
Le docteur Fiamanya note ainsi que "le paludisme demeure "l’une des principales infections pouvant être transmises par transfusion sanguine en Afrique subsaharienne".
Des études supplémentaires menées en Guinée équatoriale ont conclu également que "les technologies de dépistage utilisées couramment dans la région ne peuvent pas détecter les parasites présents dans la plupart des réserves de sang contaminées".
La mise en œuvre de "meilleures technologies et pratiques de dépistage permettrait aux banques de sang d’Afrique subsaharienne d’agir en qualité de système de surveillance et de contribuer à assurer un contrôle du paludisme et d’autres maladies infectieuses transmissibles par transfusion sanguine", a pour sa part estimé docteur Claudia Daubenberger.
Elle a dirigé ces études complémentaires avec des collègues de l’Institut tropical et de santé publique suisse, dont docteur Tamy Robaina de la Banque de sang de Malabo.
Ces résultats donnent "encore plus de poids aux recommandations de l’OMS, selon lesquelles toute personne recevant une transfusion sanguine doit suivre un traitement préventif antipaludéen", a-t-elle relevé.
"Peu de patients nécessitant une transfusion sanguine peuvent se permettre d’être atteints par cette maladie, laquelle représente un fléau qu’il est toutefois possible de prévenir et de traiter", a ajouté docteur Daubenberger.
L’Afrique subsaharienne est la région du monde la plus touchée par le paludisme, également appelé malaria.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 90 % des cas de paludisme se trouvent dans cette région.
Pour parvenir à éradiquer le paludisme, "tous les vecteurs de transmission de la maladie doivent être traités, y compris les banques de sang de la région", préconisent les spécialistes.
Les travaux de la conférence de l’Initiative multilatérale contre le paludisme (MIM, en anglais) se poursuivent jusqu’à vendredi, à Diamniadio.