Avec des performances évaluées à 80% sur le plan technique et 76% sur le plan financier (les engagements non compris), pour sa gestion (Plan de travail annuel - PTA) 2013, le ministère de l’Environnement a de quoi se réjouir du travail de ses différents services et directions, en partenariat avec les bailleurs. Cependant, l’apport de ce département dans le Produit intérieur brut (PIB) national, sous évalué à seulement un peu plus de 1%, cache l’importance de ce secteur vital et transversal de l’économie du Sénégal dont dépend tous les autres leviers porteurs de croissance dans notre pays.
«Les premières évaluations du Plan de travail annuel (PTA) 2013 ont donné des niveaux de performance très satisfaisants aussi bien sur le plan technique que financier: 80% et 76% respectivement. Sous ce rapport, je voudrais féliciter tous les agents du département et remercier les partenaires techniques et financiers qui nous accompagnent».
C’est le ministre de l’Environnement et du Développement durable qui exprime ainsi son satisfecit par rapport à la gestion annuelle 2013 de son département. Mor Ngom s’exprimait hier, lundi 07 avril à l’occasion de la (réunion) revue annuelle des performances du ministère de l’Environnement et du Développement durable.
Seulement, l’importance de ce secteur est noyée par sa faible contribution «supposée» dans l’économie nationale: un peu plus de 1% du PIB. Pourtant, le secteur de l’environnement est essentiel dans la mise en œuvre et le développement des activités de tous les autres secteurs porteurs de croissance de l’économie nationale. C’est pourquoi, selon Mor Ngom, «parmi les 27 projets retenus pour le Plans Sénégal Emergent (PSE), nous avons beaucoup qui portent sur l’environnement et des projets transversaux exécutés par d’autres départements. Le ministère de l’Environnement a une position centrale et transversale par rapport à tout ce qui va se faire», relève-t-il.
Ce qui fait que créditer de moins de 2% du PIB national la contribution de l’environnement à l’économie nationale est largement en deçà de la réalité. Car, non seulement l’économie du Sénégal dépend de secteurs largement tributaires de l’environnement, mais aussi et surtout, ce secteur est transversal. En atteste, avec la dégradation des sols qui concerne 37 à 65% des terres, c’est selon, la salinisation, les inondations, l’érosion côtière, l’éco-tourisme, les changements climatiques, l’extraction minière etc. les départements de l’Agriculture, du Tourisme, de la Pêche, de l’Elevage, des Infrastructure et du Transport, de l’Hydraulique et de l’Assainissement, de l’Urbanisme et de l’Habitat, des Mines, de l’Industrie et de l’Energie, pour ne citer que ceux-là, sont obligés de faire avec ou de tenir compte de l’environnement, pour le succès de leurs politiques.
Suffisant pour que le gouvernement mette en avant sa «volonté d’asseoir les bases d’une gestion rationnelle des ressources naturelles, en vue de permettre au pays d’accéder à l’émergence dans la durabilité afin d’accélérer la cadence», informe le ministre de l’Environnement. En attendant, les participants vont passer en revue toutes les activités du ministère aussi bien celles internes que la coopération internationale, avec comme objectif «de fixer de façon consensuelle, des cibles précises et réalistes dont l’atteinte nous permettra d’inverser, progressivement, la tendance à la dégradation des ressources naturelles et de l’environnement».
Il s’agit de «combler le gap constaté en le déboisement et le reboisement tout en jugulant les effets néfastes des feux de brousse, lutter plus efficacement contre l’érosion côtière, réhabiliter la mangrove dont la mise en valeur rationnelle offre des opportunités de réduire la pauvreté, atteindre le taux de 12% de superficie d’aires protégées préconisé au niveau mondial, créer des emplois verts dans le cadre de la prise en charge des questions émergentes, cultiver une conscience éco-citoyenne par le biais de l’éducation et de la formation, mieux préserver la biodiversité dans les parcs et réserves, mieux lutter contre les pollutions et nuisances», souligne Mor Ngom, invitant ses collaborateurs à redoubler d’effort pour l’atteinte des objectifs très ambitieux déclinés par la politique du gouvernement.
L’Environnement socle du développement
Lui emboîtant le pas, Marc Boucey, Chef de coopération de l’Union européenne pour le Sénégal et la Gambie qui apprécie positivement les performances du ministère est revenu sur l’apport essentiel de l’environnement au développement du Sénégal. A l’en croire, la mission du ministère de l’Environnement et du Développement durable est au cœur du développement «car une gestion rationnelle et transparente de l’environnement et des ressources naturelles constitue une base fondamentale de la croissance économique du pays, que ce soit au travers de la fertilité des sols, de la présence du couvert végétal, de la qualité de l’eau et de l’air, ou encore de la biodiversité».
Cependant, note-il, «l’économie du Sénégal dépend de ces secteurs, ce qui entraine une certaine vulnérabilité». Il en veut pour preuve, le fait qu’aux défis déjà anciens liés à l’épuisement et la salinisation des sols, au déboisement, à la pollution de l’air et la raréfaction de l’eau douce, s’ajoutent ceux liés à l’urbanisation exponentielle dans la future conurbation Dakar-Mbour-Thiès, et à l’exploitation minière dans les régions du Sud Est ou sur la grande côte. Tous ces défis s’amplifient avec le changement climatique.
C’est la raison pour laquelle, «à l’occasion de l’analyse du Plan Sénégal Emergent (PSE), les partenaires techniques et financiers réunis au sein du groupe environnement ont insisté sur l’apport essentiel de l’environnement et des ressources naturelles, et sur la nécessité de leur préservation afin de ne pas hypothéquer les capacités de développement du pays. Ils ont exprimé leurs interrogations à ce sujet. En somme, il faut une politique forte, volontariste, qui touche tous les secteurs du développement qui tout en permettant le développement économique, en assure la pérennité. C’est là tout l’intérêt pour le gouvernement de s’approprier le nouveau concept d’économie verte», indique M. Boucey.
Et d’ajouter que l’économie verte suggère, en plus de la création de nouveaux emplois, de nouvelles technologies plus propres, la réduction des pollutions industrielles et une meilleure organisation de l’exploitation des ressources naturelles. Outre la Direction de la planification et de la veille environnementale, à l’origine de la rencontre, les différentes directions du ministère de l’Environnement, les services et agences étaient de la partie.