Me El Hadji Diouf considère que le Sénégal est «dernier de la classe en matière de démocratie». Il a prononcé cette sentence, ce vendredi, devant le juge du procès de Barthélémy Dias dont il est avocat. Extraits.
«Procès politique»
«Encore un procès politique dans un pays extrêmement pauvre ou ses guides, curieusement, cherchent à éliminer ses meilleurs enfants, c’est comme si notre cher pays est devenu malade. (…) Depuis quelques temps le climat politique est délétère. Les tensions multiples et vives, les grèves fréquentes dans tous les secteurs, y compris au sein de la justice. Le malaise est profond dans ce pays. Le pouvoir est presque dans le rue, parce que rejeté, vomi parce que ceux-là qui vont voter, qui vont choisir les dirigeants de demain, n’en veulent plus. Aujourd’hui, le pouvoir tremble. Aujourd’hui tous les Sénégalais, y compris la magistrature, doivent prendre leurs responsabilités.
«Manipulation de la justice»
«On est en mesure de parler de manipulation de la justice : immunité parlementaire rejetée, les cautionnements rejetés. Aujourd’hui, c’est lui (Barthélémy) le lieutenant de Khalifa Sall. Le tribunal juge au nom du peuple sénégalais. Lui il est du peuple. On parle de pouvoir judiciaire, un pouvoir ne doit pas être dépendant. Un pouvoir qui reçoit des ordres d’un autre pouvoir n’est plus indépendant. Il y a une dépendance entre le parquet et la chancellerie. Combien de fois Abdoulaye Wade a séjourné en prison sur les desiderata de Abdou Diouf. Le Sénégal en matière de démocratie est le dernier de la classe. C’est une dictature pure et dure. Il nous faut une réforme de la justice. Barthélémy Dias fait partie de ces élus qui veulent donner plus de crédit à la justice. Quiconque se hasarde à lorgner le fauteuil présidentiel se voit poursuivi par le procureur. Le peuple a compris le jeu. Le peuple a tout compris. Le meilleur juge est là. Il tranchera. Certains magistrats qui devaient partir à la retraite vont rester jusqu’après la présidentielle. La loi a légalisé une discrimination dans la magistrature. Cela est fait à dessein nous avons tout compris.
«Outrage à magistrat»
«Personne ne s’est présentée pour dénoncer un outrage. On doit le (Barthélémy Dias) libérer parce qu’il n’est pas un bandit, ni un escroc. C’est un leader, un maire, on l’amène en prison comme un vulgaire malfrat. Ce n’est pas normal. Les syndicalistes appellent à la mobilisation générale, ce sont des attroupements précis. Pourquoi on ne les a pas poursuivis ? Les réunions politiques, bureaux politiques, sit-in, marches, c’est des appels à l’attroupement également. Le Sénégal n’appartient pas à Macky Sall. Ce n’est pas le titre foncier de son papa ou de sa maman. Quiconque arrive au pouvoir en devient fou.
«Attroupement»
«Si un leader politique ne peut pas appeler les populations souveraines, si le peuple ne peut pas jouir de ses droits, ce serait une vraie dictature. Quand le pouvoir fait régner l’intolérable, la bêtise humaine, il appartient aux personnes éprises de justice de l’arrêter. Nous ne demandons rien de plus que la relaxe purement et simplement. Nous voulons que l’opinion ait une autre idée de notre justice. Quand vous étudiez, Macky Sall n’était pas là. Jugez au nom du peuple et relaxez Barthélémy. Le peuple retient son souffle.»