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Tendances globales de la migration Modalités du déplacement subsaharien
Publié le samedi 24 mars 2018  |  Enquête Plus
Immigration
© Jeune Afrique par DR
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‘‘Au moins 1 million de Subsahariens ont migré en Europe depuis 2010’’. C’est le titre de l’étude du centre de recherche américain, spécialisé dans les statistiques et informations sociales, Pew Research Center. Publié hier sur le site internet, il dessine les grands contours de la migration, régulière et irrégulière, d’individus originaires de l’Afrique au sud du Sahara.



La migration internationale de ressortissants des pays africains au sud du Sahara a évolué de manière significative dans la dernière décennie, en direction de l’Europe et des Etats-Unis d’Amérique. La décennie 2010 a vu un afflux croissant de demandeurs d’asile en Europe, et de résidents permanents et refugiés aux USA. C’est ce qui ressort de l’enquête menée du 1er mars au 16 février 2017 auprès de 1 083 Sénégalais âgés de plus de 18 ans, face à face, en français et en wolof avec une marge d’erreurs de 4%. Les facteurs les poussant à quitter l’Afrique - et les sentiers qu’ils empruntent pour arriver à destination - varient de pays à pays et d’individu à individu.

En Europe, l’afflux de la population de migrants subsahariens est estimé à presque un million de demandeurs d’asile (970 000) entre 2010 et 2017, selon le Pew research center. Les Subsahariens rejoignent également les pays de l’UE, la Norvège et la Suisse comme étudiants et réfugiés rétablis, par le regroupement familial ou autres moyens : le Sénégal, le Nigeria, le Ghana, La Tanzanie, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, le Zimbabwe, le Liberia, la Somalie, l’Ethiopie, l’Afrique du Sud, l’Angola, le Kenya.

Les Sénégalais préfèrent l’Europe, les Ghanéens ‘‘fous’’ des USA

L’étude donne les tendances globales, mais ne renseigne pas sur certains pays spécifiquement prisés par les immigrés sénégalais (Espagne, Italie). D’ailleurs, pour le choix de la ‘‘destination préférée’’ dans ce sondage, les Sénégalais sont les seuls répondants qui ont pris le contre-pied des autres subsahariens, quant à leur prédilection pour le vieux continent. Dans ce ‘‘pays francophone’’, précise Philip Connor, l’auteur de l’étude, 49% optent pour l’Europe contre 24% qui veulent migrer aux USA. L’étude ne s’est pas appesantie sur les motivations de cette préférence mais avance que les liens familiaux pourraient être l’une des explications les plus plausibles.

‘‘Les gens ont tendance à s’identifier aux destinations où ils ont déjà des amis et des parents’’, avance le sondage. Aussi, 78% de nos compatriotes sont toujours en contact avec des parents ou amis dans l’UE, en Suisse ou en Norvège, alors que seuls 27% d’entre eux restent en contact avec leurs proches aux USA. D’ailleurs le Sénégal ne figure pas dans le top 10 (parmi les pays sondés) qui pourvoient des migrants chez l’Oncle Sam, mais est le quatrième pourvoyeur de migrants subsahariens (270 000) dans l’UE, la Suisse et la Norvège, devancé par l’Afrique du Sud, le Nigeria et la Somalie.

Si la proximité géographique avec l’Europe fait du vieux continent une route, et éventuellement une destination, très prisée par les migrants ‘‘subsahariens’’, ce sont néanmoins les Etats-Unis qui sont la destination de choix pour les autres migrants originaires du sud du Sahara. La politique anti-migratoire de Donald Trump ne semble pas décourager les migrants subsahariens de leurs prétentions au Rêve américain. 42% de Ghanéens qui prévoient de voyager à l’étranger dans les cinq ans identifient les USA comme leur destination de première intention tandis que seuls 30% ont mentionné un pays de l’UE, la Norvège ou la Suisse. Les Sud-Africains (39% contre 22%) et les Kenyans (39% contre 12%) préfèrent également le pays de Trump à l’Europe. Cette ‘‘américanophilie’’ est très manifeste au Ghana. En 2015, 1,7 million de personnes y ont postulé pour la loterie du ‘‘Visa diversity program’’ alors que le département d’Etat américain ne délivre, à l’échelle mondiale, que...50 000 documents.

D’ailleurs, les Ghanéens (160 000) sont, en compagnie de l’Ethiopie (220 000) et du Nigeria (280 000), les plus grands pourvoyeurs de migrants chez l’Oncle Sam. L’étude ne s’est pas non plus intéressée au devenir immédiat du phénomène. Aussi s’est-elle limitée à pronostiquer que cette tendance n’est pas près de s’estomper. ‘‘Difficile de dire, affirme Philp Connor. Toutefois, l’idée de migrer est dans les esprits de beaucoup d’Africains au Sud du Sahara (...).

Au Sénégal, Ghana et Nigeria, plus du tiers des sondés déclarent qu’ils planifient de migrer dans les cinq prochaines années et l’essentiel veut rejoindre les Etats-Unis’’, avance l’auteur de ce sondage. Un meilleur avenir économique et l’insécurité peuvent aider à expliquer pourquoi une majorité d’Africains au sud du Sahara prévoient d’aller dans un autre pays. Dans six pays sondés, la proportion des ‘‘désireux du voyage’’ frôle les 4 personnes sur 10 ou les dépasse même. Les Sénégalais occupent la tête de ce classement puisque 44% prévoient de déposer leur baluchon dans des cieux plus cléments dans les cinq prochaines années, alors que le Ghana affiche 42% et le Nigeria 38%. La Tanzanie est l’un des très rares pays en deçà de la barre de 1 sur 10 (8%).

Les raisons de la migration

Aux Etats-Unis, ceux qui fuient les conflits constituent plus de 400 000 migrants subsahariens ayant rejoint le pays entre 2010 et 2016. Ces sept dernières années, 110 000 individus de pays africains au sud du Sahara se sont établis chez l’Oncle Sam comme réfugiés, selon le ministère de l’Intérieur américain (Homeland Security). La résidence permanente a été accordée à 190 000 personnes grâce aux liens familiaux, et presque 110 000 autres ont bénéficié du programme de Visa Lottery. Qu’est-ce qui motive cet appel à la migration dans certains pays au sud du Sahara ? S’il y a l’instabilité politique, c’est l’économie qui est l’explication la plus détaillée dans les conclusions de ce travail. ‘‘Alors que beaucoup d’économies de ces pays sont en croissance, plusieurs d’entre eux sont confrontés à des taux élevés de chômage ainsi que des salaires relativement peu gratifiants. Le marché de l’emploi semble incapable de s’améliorer à court terme à cause d’un taux de natalité élevé, signifiant plus de gens cherchant du travail. Les Subsahariens voient en la migration plus de d’opportunité de travail et un meilleur salaire, un moyen d’améliorer leur propre perspective économique’’, avance M. Connor.

OUSMANE LAYE DIOP
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