Face au phénomène d’enlèvements d’enfants noté au Sénégal, le Centre Aminata Mbaye, spécialisé dans la prise en charge et l’apprentissage de déficients intellectuels comme les trisomiques (qui célèbrent aujourd’hui leur journée mondiale), a pris de nouvelles mesures de protection en renforçant davantage les messages de sensibilisation, a constaté APA.
« On a mis en place des cours pour dire aux enfants qu’avant de sortir de chez eux qu’ils avertissent d’abord leurs parents. S’ils sont au centre également, qu’ils fassent attention comme en étant chez eux », estime Simon Pierre Goudiaby, chargé de projets dans ce centre créé par l’Association sénégalaise pour la protection des enfants déficients mentaux (ASEDEME) et ouvert en 2003 dans la commune de Grand Yoff (Dakar).
Dans la cour de l’établissement, aucun enfant ne traine même si on est en pause. Quelques mômes très gais sont dans une salle où sont arrangées des machines de couture, sous la supervision d’une dame, très souriante à les voir jouer.
Dans les autres compartiments du centre (toilettes, jardin, terrain de sport, …) où la présence de ces déficients intellectuels est très souvent notée, des superviseurs y sont en permanence du lundi au vendredi.
Selon M. Goudiaby, le centre n’a jamais rencontré de cas d’enlèvement, même si dans un passé récent au Sénégal, surtout lors des dernières élections, la presse a rapporté des cas d’enlèvements suivis de meurtres d’albinos ou de trisomiques.
La Trisomie 21 est une maladie qui affecte des enfants appelés « mongol » au Sénégal, et découle de ce qu’on appelle les « anomalies chromosomiques ».
Avec 120 places, Aminata Mbaye accueille « plus » de trisomiques, comparés aux autres cas atteints de déficience légère, moyenne, ou aux autistes et pathologies associées.
Ils intègrent le centre à 5 ans, même si de jeunes adultes peuvent y être gardés jusqu’à 25 ans.
A l’opposé des classes élémentaires et moyennes des écoles inclusives, ce centre a des classes appelées ‘’Coccinelle’’, ‘’Fourmis’’, ‘’Termites’’ et ‘’Abeilles’’ dédiées aux apprenants jusqu’à l’âge de 15 ans, moment où commence l’apprentissage des métiers.
En continuant la visite dans ce grand établissement, on voit une adolescente laver avec adresse un grand récipient mouillé de savon sous un robinet.
La mission principale du centre, souligne notre guide, Simon Pierre Goudiaby, est de « changer le regard de la société » vis-à-vis de ces personnes en permettant leur « intégration » sociale, tout en les aidant à être autonomes par le biais de l’apprentissage d’une « dizaine » de métiers comme la buanderie, la céramique, le jardinage, la menuiserie etc.
« On a lancé récemment le projet de production de jus locaux et de cacahuètes », informe M. Goudiaby, qui ajoute que toutes ces formations visent à autonomiser ces déficients mentaux dont leur pathologie peut « s’absorber » mais « pas facile » à guérir.
Une des satisfactions du centre est qu’il a réussi à faire recruter ou à trouver des stages à certains anciens pensionnaires dans des structures privées (hôtel, écoles, sociétés, …) du pays.
Le centre vit en grande partie de fonds générés chez ses partenaires, et les parents ne dépensent que « 40% de la prise en charge totale » de leurs enfants, estimée à plus d’un million, d’après M. Goudiaby.
Malgré tout, les pensionnaires s’y sentent en sécurité et développent de jour en jour leurs capacités intellectuelles.