Chaque année, le Sénégal dépense environ 60 milliards de francs CFA pour l’importation de produits laitiers. C’est ce qu’a annoncé hier le président de l’Association nationale pour l’intensification de la production laitière (ANIPL), Mamadou Ba. Il s’exprimait lors d’un atelier de formation des acteurs.
Le montant que l’Etat débourse chaque année pour l’importation du lait est très ‘’élevé’’, selon le président de l’Association nationale pour l’intensification de la production laitière (ANIPL), Mamadou Ba. C’est ce qui explique le choix du pays d’introduire, dans son circuit de l’élevage, des génisses gestantes à haut potentiel laitier. ‘’Le président de la République tient particulièrement à ce que la facture laitière qui est très élevée, d’environ 60 milliards de francs CFA par an, soit réduite au maximum. Nous sommes en train de nous y atteler’’, a affirmé le président de l’ANIPL. En effet, selon M. Ba, une opération d’importation de vaches a été faite et une production d’environ 16 millions de litres de lait par an est attendue. ‘’Pour les prochaines opérations, nous avons bouclé en ce moment une demande pour 3 000 têtes qui viennent de deux horizons, l’Europe et le Brésil. Nous pensons que ces importations vont permettre de résorber très rapidement cette facture laitière qui, en fait, pèse énormément’’, a-t-il dit.
Cependant, le président de l’ANIPL a souligné que la maîtrise de l’élevage pour une bonne production laitière est essentiellement liée à ce qu’on donne à la vache. D’ailleurs, c’est ce qui explique la session de formation des acteurs initiée par son association. ‘’Cette session est fondamentale. Parce que le problème, ce n’est pas simplement de faire venir des vaches, mais c’est le suivi. Nous allons y travailler avec l’expert français Alain Hoguet, pendant 5 jours. Les cours seront à la fois théoriques et pratiques’’, a expliqué M. Ba. Au fait, une partie de cette session de formation se fera sur le terrain, dans des fermes ciblées. Chacune de ces fermes a, selon lui, une ‘’spécificité’’ dans sa manière d’exporter et de suivre les animaux.
Une ambition ‘’pas très simple’’ à réaliser
Pour sa part, le Secrétaire général du ministre de l’Elevage et des Productions animales, Mamadou Ousseynou Sakho, a relevé que les animaux importés ont été ‘’biens sélectionnés, mis en quarantaine et intégrés’’ dans les fermes. ‘’Mais par la suite, il s’est avéré qu’il y avait un certain nombre de problèmes d’entretien liés à leur alimentation. En effet, ils recevaient beaucoup de concentrés. Parce que la ration alimentaire de nos animaux, c’est la paille’’, a-t-il signalé. Aujourd’hui, le Sénégal doit certes importer pour satisfaire la consommation globale des populations, mais M. Sakho a estimé qu’il est nécessaire de travailler à résorber ce gap. ‘’La production laitière progresse en moyenne à 10 millions de litres par an. L’intensification de l’insémination que nous voulons faire avec une nouvelle orientation liée à une prise en charge par les opérateurs va nous permettre d’amplifier ce processus. Ce qui nous permettra d’avoir plus de métisses. Si nous en avons 100 à 150 000 et que nous puissions avoir 30 000 animaux de haut potentiel laitier, le Sénégal va couvrir entièrement ses besoins’’, a-t-il dit.
Pour le Sg d’Aminata Mbengue Ndiaye, l’ambition que le pays a ‘’n’est pas très simple’’ à réaliser. Car, argumente-t-il, ‘’l’une des exploitations les plus compliquées, c’est celle laitière. L’Etat fait des efforts, mais il faut accroître la formation régulière des exploitants pour qu’ils puissent valoriser le potentiel de ces animaux’’. Concernant cette formation, il faut noter qu’avec cette session de l’ANIPL, pendant une semaine, les éleveurs seront outillés par rapport aux aliments qu’il faut donner au bétail, les calculs de ration à faire, les indicateurs d’évaluation des déséquilibres de celle-ci et les pathologies d’origine nutritionnelle.
L’équation de l’accès au foncier
L’accès aux terres n’est pas uniquement un problème spécifique aux agriculteurs et aux femmes. En effet, le président de l’ANIPL, Mamadou Ba, a indiqué lors de son allocution que celui-ci est fondamental pour leur activité. ‘’Le défi, ce n’est pas de faire venir des vaches. C’est aussi de pouvoir les nourrir. Pour ceci, il faut du fourrage et cela nécessite des terres. Or, aujourd’hui, avec la démographie qui est galopante, les espaces cultivables se réduisent de plus en plus. Il y a également quelque part les problèmes qu’il y a entre les pasteurs et les éleveurs’’, a-t-il fait savoir. Dès lors, M. Ba a plaidé pour que des zones leur soient dédiées de manière à ce qu’ils puissent faire de la culture pour de l’ensilage. ‘’Nous avons besoin de ça. Nous avons aussi, comme projet, d’avoir des terres dans la vallée, pour un espace d’élevage des veaux. Sur ce, nous avons déjà initié des discutions avec le Bureau opérationnel de suivi du PSE et l’idée de nous octroyer des terres est en train d’avancer positivement’’, a-t-il avoué. Actuellement, l’ANIPL emblave 700 ha de terre par saison. Cependant, du fait des importations qui vont se faire, un besoin d’au moins de 1500 ha s’est présenté.