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Agregats macroeconomiques: Le Mefp invité à fournir des statistiques franches
Publié le jeudi 15 mars 2018  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par MC & DF
Ouverture de la session ordinaire du Conseil des ministres de l`UEMOA
Dakar, le 22 décembre 2017 - Une session ordinaire du Conseil des ministres de l`Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) s`est ouverte, ce matin, à Dakar. Elle a été présidée par le ministre de l`Économie, des Finances et du Plan du Sénégal, président du Conseil des ministres.
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Les chiffres que le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan (Mefp) a présentés sur la situation économique du pays, ‘’ne permettent pas’’ d’avoir une lecture précise des choses. C’est ce qu’ont souligné, hier, les acteurs du privé et de l’université, lors d’un atelier sur les agrégats macroéconomiques.

Les agrégats macroéconomiques récents du Sénégal ont connu des changements, à la révision du taux de croissance du produit intérieur brut (Pib) réel de l’année 2017, initialement prévu à 6,8 %. En effet, il s’est établi à 7,2 % en fin d’année. C’est pourquoi les responsables du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan (Mefp) ont réuni les acteurs du privé et de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), afin de discuter sur la situation économique du pays, les perspectives à moyen terme et les implications pour la politique économique.

Cependant, ces derniers ont soutenu que les données qui leur sont présentées ne leur permettent pas de faire le point d’une manière précise. ‘’On fait souvent beaucoup plus de comptabilité nationale que d’économie. Ça, je l’ai constaté. On insiste beaucoup sur des agrégats macroéconomiques. Mais je ne me souviens pas avoir vu des analyses de fond sur les questions comme le marché du travail. Ce serait bien que, dans les analyses à venir, on les intègre’’, a dit le professeur d’économie à l’Ucad, Abdou Kane. Avant de poursuivre que les secteurs primaire et tertiaire ont fait des bonds, alors que le secondaire est en train de ‘’dégringoler’’. ‘’Or, on est sur une trajectoire d’émergence. C’est inquiétant. Malheureusement, les chiffres que nous avons ne nous permettent pas d’aller au fond des choses’’, a renchéri le Pr. Kane.

Par exemple, pour la pêche, l’universitaire a rappelé que les chiffres partent de 12,5 % en 2016, à 7,1 % en 2017. Et même en 2018, on s’attend à 3,1 %. ‘’On ne peut pas avoir un secteur qui dégringole de 12,5 à 3,1 % sur les 2 ans. Dans la même veine, quand on est dans les exportations, on voit que la pêche fait partie des secteurs qui les ont boostées. Sa demande à ce qu’il soit analysé de manière beaucoup plus profonde veut dire que la pêche est extravertie. D’un point de vue purement économique, il serait bien de pousser les analyses pour nous permettre de comprendre la dynamique des secteurs de l’économie’’, a-t-il estimé.

Concernant la monétisation du secteur public qui pose toujours problème, le Pr. Kane a indiqué que ‘’c’est un vieux débat’’. ‘’Les gens ont toujours dit que l’Administration est un frein au développement du Sénégal. Tout le monde constate qu’il y a des avancées, mais il faut des efforts’’, a-t-il préconisé.

Sur ce, l’économiste a appelé le gouvernement, par rapport à son programme d’entreprenariat, à identifier les types d’entreprises créées, leur taille, leur capital, etc. ‘’Il faut qu’on se parle franchement et honnêtement, avec des chiffres qui permettent d’avoir une lecture objective de la situation. Il faut des statistiques franches pour qu’on fasse un diagnostic sans complaisance, afin qu’on trouve des solutions ensemble’’, a affirmé, pour sa part, le vice-président du Mouvement des entreprises du Sénégal (Meds), Amadou Ly Bocoum. D’après lui, le mode de financement sur le partenariat public-privé (ppp), c’est ‘’important, c’est bien. Ça va soutenir’’ l’économie. ‘’Mais, dans sa mise en œuvre, il y a des contraintes derrière. On tombe dans l’ancien système où les entrepreneurs européens venaient avec un financement clé et leurs entreprises réalisent les projets. Donc, ça fait tourner leur économie. Ils financent leur économie même hors territoire’’, a-t-il déploré.

Ainsi, il a relevé que l’émergence se fera par ‘’les Sénégalais et pour les Sénégalais’’. Concernant l’Administration sénégalaise, M. Bocoum pense qu’il faut outiller les services décentralisés de l’Etat qui sont des interfaces à vocation économique, en termes de capacité et de ressource.

‘’On n’est pas là pour embellir le tableau’’

Toutefois, le directeur de la Prévision et des Etudes économiques du Mefp, Serigne Moustapha Sène, a rassuré que les résultats qu’ils présentent sont issus des données de terrain. ‘’Ce ne sont pas des chiffres qui ont été inventés. Ils reflètent la réalité. (…) L’ensemble des secteurs se porte très bien. Cependant, il y en a certains qui connaissent des difficultés, notamment dans l’industrie du sucre et du tabac. Ce sont des difficultés qui sont conjoncturelles’’, a-t-il fait savoir. Dans cette optique, le secrétaire général du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, Bassirou Samba Niasse, a renforcé : ‘’On n’est pas là pour embellir le tableau. On est là pour échanger, présenter des chiffres réels et écouter les appréciations de l’ensemble des acteurs économiques, à savoir le secteur privé national, les partenaires techniques et financiers et l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.’’

En réalité, pour les perspectives 2018, ce qu’il y a lieu de noter, selon les responsables du Mefp, c’est notamment un environnement des affaires national ‘’beaucoup plus favorable’’ avec la reprise économique des pays avancés. L’année devrait être marquée par une bonne perspective pour les Industries chimiques du Sénégal (Ics) ainsi que la Sonacos. Cependant, pour les risques qui pourraient emporter les prévisions, de l’extérieur, ils ont relevé la remontée du prix du baril de pétrole, l’évolution des cours des matières premières et la situation sécuritaire de la sous-région. Pour les challenges intérieurs, il y a, entre autres, les lenteurs dans la mise en œuvre des réformes clés. Ce sont précisément celles liées aux finances publiques et à l’environnement, mais également les aléas climatiques et l’élection présidentielle de 2019.

MARIAMA DIEME
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