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International

« Les reproches de Rex Tillerson envers le rôle de la Chine en Afrique sont futiles »
Publié le mardi 13 mars 2018  |  Xinhua
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Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson n'aurait commis aucun impair s'il avait raccourci quelque peu son discours de 27 minutes le 6 mars à l'Université George Mason avant d'entamer lui voyage devant l'emmener danq cinq pays d'Afrique.



Il a au contraire fait le choix de reprocher à la Chine ses activités en Afrique, en affirmant que celle-ci encourageait une dépendance avec des contrats opaques, des pratiques de prêt abusives et des transactions mirées de corruption qui engluent les nations dans la dette et sapent leur souveraineté, et qui les privent d’une croissance de long terme et autonome.



Le chef de la diplomatie américaine a également qualifié la Chine de puissance coloniale avant d’entreprendre son voyage en Amérique latine il y a un mois, au cours duquel il a rencontré le ministre péruvien du Commerce et du Tourisme, Eduardo Ferreyros, qui a salué la Chine comme un bon partenaire commercial.



La même chose est vraie en Afrique. « Je pense que les Africains sont assez mûrs pour s'engager dans des partenariats de leur plein gré et qui seront utiles à leur pays et au continent », a déclaré jeudi le président de l'Union africaine Moussa Faki durant une conférence de presse.



Le ministre des Affaires étrangères de Djibouti, Ali Youssouf, a rejeté le battage médiatique sur la dette de son pays envers la Chine, en déclarant que « la dette est sous contrôle ». « Permettez-moi de souligner qu'aucun pays ne peut se développer sans infrastructures solides. Sur cet aspect, la Chine est un très bon partenaire », a-t-il ajouté.



Lorsque Rex Tillerson a atterri mercredi à Addis Abeba, la capitale de l'Ethiopie, pour la première étape de son voyage, il a pu être surpris d’y découvrir un système de train léger moderne construit par China Railway Group Ltd et mis en service en 2015.



Il aurait également été impressionné par la ligne ferroviaire moderne de 759 km reliant Addis Abeba à son voisin Djibouti, qui est entrée en service le 1er janvier 2018. Plus de 95 % du commerce de l'Ethiopie, un pays sans littoral, passe par Djibouti.



Quand Rex Tillerson a affirmé que les Etats-Unis voyaient un bel avenir pour l’Afrique, j’ai pensé qu'il faisait référence à la Chine, non seulement parce que j'ai écrit sur l'optimisme chinois en Afrique, mais parce que la BBC a également rapporté la semaine dernière que les entreprises chinoises avaient considérablement amélioré les infrastructures lacunaires d’un certain nombre de pays du continent.



Les Chinois sont convaincus que l'Ethiopie et de nombreux autres pays africains ont le potentiel de répéter le miracle économique de la Chine, tout en évitant les erreurs qu’elle a commises au cours des quatre dernières décennies.



Rex Tillerson aurait dû visiter la zone industrielle de l'Est à Dukem, en périphérie d'Addis Abeba, où les entreprises chinoises contribuent à la modernisation industrielle locale, à la formation des travailleurs et à la création de dizaines de milliers d'emplois. Cela invaliderait instantanément toutes les accusations de Rex Tillerson à propos de la Chine.



David Dollar, ancien émissaire du Trésor américain à Beijing sous l'administration Obama et ancien directeur de la Banque mondiale pour la Chine, a mené des recherches approfondies sur la présence de la Chine en Afrique et en Amérique latine. Quand je lui ai demandé son point de vue sur les accusations portées par Rex Tillerson et Hillary Clinton il y a quelques années, il a dénoncé leurs paroles comme « absurdes », « difficiles à prouver » et « humiliantes » pour les pays africains et latino-américains.



Douglas Paal, directeur du programme Asie de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, vient de rentrer d'un voyage d'étude en Afrique. Lors d'une conférence à la Brookings Institution mercredi dernier, il a salué l'activité économique de la Chine et a déclaré que les pays l'ont bien accueillie.



M. Paal, un spécialiste de la Chine qui a servi dans l'administration de George H. W. Bush, a qualifié le discours de Rex Tillerson de « terrible », « d'un discours appauvri sur le plan conceptuel et contreproductif » et « orientant la politique américaine dans la mauvaise direction ».



Deborah Brautigam, directrice de l'Initiative de recherche Chine-Afrique à la Johns Hopkins School of Advanced International Studies, a été citée par CNN samedi dans des propos comparant Rex Tillerson à Hillary Clinton.



« Il commet les mêmes erreurs fondamentales dans son analyse de ce que fait la Chine en Afrique », a déclaré M. Brautigam, en ajoutant que le fait d'accuser l'investissement chinois de créer peu d'emplois « ne reflète pas fidèlement la situation dans de nombreux pays ».



Le discours de Rex Tillerson pourrait avoir pour but de détourner les nations africaines de la colère contre le président américain Donald Trump qui a qualifié en janvier plusieurs pays de « pays de merde » ou de ses propres actions dans le passé dans des pays accusés de corruption et de violations des droits de l’homme en sa qualité de directeur général d'Exxon Mobil. Les exportations africaines de pétrole représentent environ 90 % du commerce entre les Etats-Unis et l'Afrique.



Le fait que Rex Tillerson soit le plus haut membre de l’administration américaine à se rendre en Afrique 14 mois après la prise de pouvoir de Donald Trump prouve son manque d'intérêt pour le continent. Le Département d'Etat actuel n'a pas encore choisi de secrétaire adjoint aux affaires africaines.



Les Etats-Unis ont également réduit leurs programmes de l'USAID en Afrique et leur contribution au maintien de la paix de l'ONU, dont une grande partie des missions se déroulent en Afrique.




Quelque soit son objectif, il est peu probable que cela soit couronné de succès alors que la Chine apporte un grand enthousiasme et optimisme aux pays africains. Bien sûr, l’Afrique bénéficierait encore plus d’une action coordonnée entre la Chine et les Etats-Unis pour répondre au colossal potentiel de croissance du continent, au lieu de critiques de la part de ces derniers.
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