Très gros dérapage. En tant qu’institution, le président du Parlement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), Moustapha Cissé Lô, s’est illustré de très mauvaise manière.
Selon des propos qui lui sont prêtés, il a descendu en flammes les magistrats sénégalais qui feraient du n’importe quoi. «Tous les citoyens ne sont pas traités au même pied au niveau de la justice. Les enfants des personnalités commettent souvent des choses répréhensibles, mais ils ne sont pas emprisonnés. C’est presque leur jeu favori. Une personne habitant Touba a détourné une centaine de millions appartenant à la dame Oumy Thiam, mais elle continue de vaquer, librement, à ses occupations. Au même moment, des gens qui ont détourné 100 000 francs purgent des peines en prison», aurait déclaré celui que la presse surnomme El Pistolero, à l’issue d’une visite à la Maison d’arrêt et de correction de Diourbel. Et d’embrayer sur ses grossièretés en soutenant qu’il n’y a pas de justice au Sénégal. «C’est regrettable mais le fait existe bel et bien. Les magistrats ne jugent pas équitablement et dans leur intime conviction. Ils font n’importe quoi, ils ne jugent pas la vérité. Toutes les décisions de Justice rendues ne sont pas faites dans la vérité. Il faut qu’ils cessent de faire des caaxaan», aurait-il ajouté. Des phrases choc suffisantes pour faire tousser une brochette de magistrats intègres.
Cette attaque sonne comme un affront aux valeureux magistrats sénégalais pouvant provoquer l’affrontement pour remettre l’homme connu pour ces sorties pleines d’élucubrations à sa place. Car, un silence de maillon essentiel de notre démocratie pourrait signifier que ce qu’il avance est vrai.
Pis, si c’est un journaliste qui avait avancé de tels propos, toute la République se mettrait à les condamner. Et les magistrats seraient les premiers à se sentir offensés avant de mettre en branle la justice, invoquant n’importe quelque article, pour laver leur honneur.
Qu’une institution aussi grande tienne de tels propos sans aucune réaction des concernés ou du ministre de la Justice pour condamner est très grave. Et cela risque de faire jurisprudence si l’on n’y prenne garde. En effet, demain, n’importe qui peut qualifier nos magistrats de tous les noms d’oiseaux et évoquer légitimement cette jurisprudence Cissé Lô. Dans un cas pareil, ces derniers seraient très gênés de lui appliquer toute la rigueur de la loi, au risque de confirmer M. Lô. On les attend au tournant….
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