Le tribunal d’instance de Kolda a condamné, ce jeudi 8 mars, 7 trafiquants de bois pris en flagrant délit dans la forêt du département de Médina Yoro Foula, située au nord de la région de Kolda, à des peines allant de 6 mois à un an de prison ferme. Ils devront aussi s’acquitter d’amendes.
La lutte contre le trafic de bois de Vène vers la Gambie est loin d’être gagnée dans la région de Kolda. Pour preuve, toutes les semaines, on assiste à un défilé de trafiquants de bois devant la barre du tribunal d’instance de Kolda. Ils sont toujours poursuivis pour exploitation et transport illicite de bois de Vène. La plupart des trafiquants viennent des autres régions du Sénégal, notamment Koumpentoum, Tambacounda, Fatick, Kédougou, entre autres, mais aussi des pays limitrophes à savoir la Gambie et la république de Guinée. Le cas de Lansana Bandiaye, Demba Sow, Mamadou Bangoura, Mohamadou Touré, Modou Ba, Yaya Niang et Yoro Diallo en est une parfaite illustration.
Ces sept prévenus ont comparu ce jeudi devant les magistrats. Ils ont été pris la main dans le sac dans la forêt dévastée du département de Médina Yoro Foula (MYF) par les agents des Eaux et Forêts de Kolda. Devant la barre, ils ont tous commencé par nier les faits pour lesquels ils sont poursuivis, notamment l’exploitation et le transport illicite de bois. Mais c’était sans compter avec la perspicacité des juges qui les ont poussés à avouer avoir été pris avec des chargements de bois. Lansana Bandiaye, Demba Sow, Mamadou Bangoura, Mohamadou Touré, Modou Ba et Yaya Niang ont été condamnés à six mois d’emprisonnement ferme. En plus de la sanction pénale, ils vont payer des amendes d’un million de francs CFA chacun, plus 500 000 francs chacun pour des dommages et intérêts. Par contre, Yoro Diallo a écopé d’un an de prison ferme. Lui va payer une amende de 500 000 francs CFA et un million F CFA de dommages et intérêts. En plus des peines et amendes, leurs charrettes, ânes, chevaux, matériels et troncs saisis ont été confisqués par le tribunal au profit du service des Eaux et Forêts de Kolda.
La coupe illicite du bois perpétrée le long de la frontière avec la Gambie a poussé le président de la République à instruire toutes les forces de défense et de sécurité de mutualiser les efforts, à travers l’organisation d’opérations combinées, afin de lutter efficacement contre le fléau. La forêt du département de Médina, ce cordon vert, fait l’objet de toutes les convoitises. Un véritable négoce pour les exploitants en parfaite connivence avec parfois certaines autorités locales et des réseaux de commerçants et des leaders d’opinion. Cette surexploitation a fait qu’aujourd’hui, la forêt de Médina Yoro Foula ne l’est que de nom.
Il ressort de la synthèse de quelques ateliers sur la question que pour comprendre les dessous de cette poudrière en veilleuse, il faut une approche élargie, un double éclairage historico-géographique global de la Casamance et surtout géopolitique prenant en charge la position géographique de la crise Casamançaise, l’échec de la politique de décentralisation en zone sud, la faible capacité d’organisation des populations locales et de la société civile en manque d’alternatives et de moyens face à la complexité de la situation et de l’incapacité de nos pouvoirs à mieux maîtriser les flux de réseaux qui jouent tantôt le rôle de tampon tantôt de sentinelle de la surveillance, pour garantir la sécurité des puissances étrangères, à l’image de la Chine et de pays tels que la Gambie qui est le point de chute immédiat.