Dans un communiqué parvenu à notre rédaction avant-hier, mardi 6 mars, la Banque mondiale (Bm) a fait savoir que l’Afrique connaît une «grave crise de l’apprentissage qui mine sa croissance économique et nuit au bien-être de sa population».
Dans un rapport intitulé «Perspectives : L’école au service de l’apprentissage en Afrique», la Banque mondiale a souligné que «les trois-quarts des élèves de la deuxième année du primaire évalués dans le cadre de tests de calcul administrés en Afrique subsaharienne étaient incapables de compter au-delà du chiffre 80, et 40 % étaient incapables d’additionner deux nombres à un chiffre». En lecture, indique toujours l’institution, «50 à 80 % des enfants de deuxième année étaient incapables de répondre à une seule question tirée d’un court passage qu’ils avaient lu, et un grand nombre ne pouvait lire le moindre mot».
Pour sortir de cette impasse, le rapport exhorte en particulier les pays à mettre l’accent sur l’élargissement de la carte scolaire et un personnel enseignant qualifié. En d’autres termes, la Banque mondiale prône, d’abord, le désengorgement des petites classes, où les enfants restent bloqués pendant de nombreuses années en ne progressant que très peu. Ensuite, lit-on dans le rapport, la Banque mondiale propose de renforcer le soutien dont bénéficient les enseignants, et insiste en particulier sur les enjeux du recrutement, de la préparation, du déploiement, de la supervision et de l’encadrement.
«Les politiques doivent s’attaquer au taux d’absentéisme élevé, observé chez les enseignants et aux lacunes de leurs connaissances et compétences, en insistant sur la mise en place de programmes meilleurs et plus efficaces de préparation, de soutien en milieu de travail et d’encouragements», poursuit la BM.
En proposant de mettre l’accent sur l’accessibilité et la qualité des services d’éducation, l’étude détaille les quatre domaines de priorité sur lesquels le Continent peut compter pour un accès universel d’une éducation de qualité. Comme recommandations fortes, on peut noter la réalisation de l’universalisation de l’éducation de base axée principalement sur l’accès équitable, la qualité et la rétention. S’y ajoutent d’assurer une gestion et un encadrement efficaces des enseignants, augmenter le financement d’une éducation de qualité et renforcer les capacités institutionnelles.
SAOUROU SENE, SG SAEMSS : «C’est un problème culturel qui déteint sur le niveau des enfants»
«La démotivation des enseignants et le système de rémunération des agents de la Fonction publique constituent de véritablement facteurs de crise d’apprentissage. Nous vivons dans un contexte de démotivation où les enseignants sont jetés en pâture. Nous transmettons les connaissances à partir d’une langue étrangère. L’éternelle question de la langue d’enseignement se pose. L’enfant doit se mouvoir dans un environnement culturel. C’est important qu’on fasse un enseignement avec nos langues nationales. C’est un problème culturel qui déteint sur le niveau des enfants en lecture et en mathématique. S’y ajoutent des conjonctures assez difficiles. C’est un ensemble de facteurs combinés qui font qu’on ne peut ne pas constater d’une baisse du niveau des enfants. Le dernier élément est que l’enseignement est concurrencé par le développement l’internet et les écrans. Les règles grammaticales en paient les frais».
ABDOU FATY, SG SELS/A : «La langue d’apprentissage est un obstacle majeur»
«C’est vrai que nous enfants ont des difficultés pour compter et pour lire. Au-delà des classes pléthoriques, la langue d’apprentissage est un obstacle majeur. Les enfants font des efforts extraordinaires pour transcender leurs langues et apprendre dans une autre langue. C’est naturel que si nous n’apprenons pas dans nos langues, ce n’est pas demain la veille que nous allons compter dans une langue étrangère pour relever le défi d’une éducation de qualité. Dans le cadre de la formation des enseignants, nous pouvons noter une forte amélioration. Le profil d’entrée est amélioré. C’est l’environnement, peut-être, scolaire qui pose problème avec les classes pléthoriques. L’environnement scolaire et celui linguistique posent problème à l’équation des enseignements et apprentissages de qualité».