Hissein Habré fait des émules. Karim Meïssa Wade a refusé de répondre aux questions du Procureur spécial près de la CREI, jeudi, lors de son audition. Il s'est contenté d'une déclaration liminaire, dans laquelle il se présente comme une victime politique.
''Je ne réponds à aucune de vos questions, et ne peux participer à une parodie de justice''. Karim Wade a fait face jeudi au Procureur spécial prés la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), à la suite de ses présumés prête-noms Bibo Bourgi et Mamadou Pouye.
Au cours de ce face à face, le fils de l'ancien président de la République, Abdoulaye Wade, a refusé de répondre aux questions des juges. Adoptant la stratégie chère à l'ex-président tchadien Hissein Habré, il s'est limité à une déclaration liminaire dans laquelle, il dénonce ''une parodie de justice''. Karim Wade considère qu'il ''relève de la Haute Cour de justice''.
À ce titre, dit l'ex-ministre d'État: ''Je ne peux pas collaborer à la violation de mes droits et de mes droits consacrés par la loi, les traités/conventions internationales ratifiés par le Sénégal, et une décision de justice notamment la Cour de Justice de la CEDEAO. Vous n’êtes pas mes juges''.
'' Je suis un otage politique''
Karim Wade s'est également interrogé sur ses droits, tout en se posant comme une victime politique. ''J’ai la certitude et la conviction que je suis devant une juridiction politique qui ne garantit aucun droit à un procès juste et équitable. Je suis un otage politique des nouvelles autorités sénégalaises. Je suis un détenu politique'', a-t-il lancé aux juges.
En effet, après une première inculpation, la Commission d’Instruction avait, au bout de six (06) mois, signifié à Karim Wade une seconde inculpation. Ce dernier dénonce cette procédure et considère que la juridiction aurait dû rendre un arrêt de non-lieu ou saisir la juridiction de jugement.
''Le fait de m’interroger douze (12) mois après est une illégalité manifeste'', considère Karim Wade qui pense, qu'après deux ans d'investigations, la CREI n'a rien contre lui. Ainsi, l'absence d'acte d’instruction à l’expiration de ce second délai de six (06) mois imparti à la Commission d’Instruction, ne serait ''qu’une manœuvre pour prolonger (s)a détention et (l)e maintenir en otage''.
Abdoulaye Wade, principal témoin
Malgré les récriminations et accusations de l'ex-ministre de l'Énergie, les actes posés par la CREI confortent l'idée qu'on s'achemine doucement, mais sûrement vers un procès. En effet, les juges ont joint les deux procédures. Ils vont instruire l'affaire sur la base du rapport qui a été produit à l'occasion de la première mise en demeure.
D'ailleurs, les proches de Karim déclarent se préparer en conséquence. Nos interlocuteurs renseignent qu'ils sont en train de convoquer tous les témoins qu'ils comptent citer à comparaître, lors du procès. À ce propos, ils veulent faire d'Abdoulaye Wade leur principal témoin. Cependant, d'autres informations font état d'un intense lobbying pour ne pas aller vers un procès.
Toujours est-il que des proches de Karim soutiennent qu'un procès serait dangereux pour le Président Macky Sall et pour le Plan Sénégal émergent (PSE). Ils révèlent aussi que ni Khalil Bourgi, ni Mamadou Pouye n'ont voulu enfoncer Karim Wade. Ces proches parlent de confusions faites par les juges de la CREI, en ce qui concerne des actions cédées par Bibo Bourgi, lors de transactions entre Afriport et Daport, le 16 juillet dernier.
Ils renseignent que Bourgi était dans les liens de la détention à cette date-là. Ce qui renforce leur conviction que la CREI a très peu d'éléments contre Karim Wade.