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Mutilations génitales - La loi peine à être appliquée
Publié le vendredi 2 mars 2018  |  Enquête Plus
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© Getty Images par Per-Anders Pettersson
Mutilations génitales: l`OMS informe les médecins
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Le Sénégal est considéré comme un bon élève en termes de ratification des lois. Le hic est qu’il peine à les appliquer. C’est le cas de celle liée à l’interdiction de l’excision. Depuis 1999, la loi existe mais fait face à des obstacles.



L’article 299 du Code pénal indique que sera puni d’un emprisonnement de 5 à 6 ans, quiconque aura porté ou tenté de porter atteinte à l’intégrité de l’organe génital d’une personne de sexe féminin par ablation totale ou partielle d’un ou plusieurs de ses éléments, par infibulation, par insensibilisation ou par un autre moyen. La peine maximale sera appliquée lorsque ces mutilations sexuelles auront été réalisées ou favorisées par une personne relevant du corps médical ou paramédical.

La coordonnatrice de Génération fille, Soukeyna Ndao Diallo, rappelle que lorsqu’elles auront entraîné la mort, la peine des travaux forcés à perpétuité sera toujours prononcée. ‘’Si la personne meurt, le coupable sera condamné à vie’’, précise-t-elle. La même peine sera appliquée pour toute personne qui aura par des dons, des promesses, influences, menaces, intimidations, abus d’autorité ou de pouvoir, provoqué des mutilations sexuelles, ou donné les instructions pour les commettre. ‘’La personne qui subit la pression peut dénoncer ou porter plainte contre celui qui profère des menaces’’, dit-elle.

‘’ Les défis sont énormes’’

Toutefois, il y a, dans la société, une résistance locale de certains religieux et autorités coutumières. A cet obstacle s’ajoutent une insuffisance de l’allocation de ressources par l’Etat, de l’engagement politique au plus haut niveau sur la question et l’absence d’une instance de coordination regroupant les secteurs ministériels concernés. ‘’Au niveau national, l’Etat dépense 50 millions F CFA par an, ce qui est minime pour la lutte contre l’excision. Il y a un manque de volonté politique dans ce sens’’, s’insurge Soukeyna Ndao Diallo qui révèle : ‘’Depuis la mise en place de la loi, 8 cas sont documentés. Pour l’un des premiers cas à Matam, le juge qui a osé traiter le dossier est tombé malade et ça, depuis plus de 8 ans. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de suite.’’

Face à ces obstacles dans l’application de la loi, il faut développer d’autres stratégies, notamment l’approche de communication pour ne pas nuire. ‘’Il y a des mots à éviter, les messages négatifs contre les cultures, surtout ne pas parler de combat. Ne pas verser dans la stigmatisation’’, souligne Soukeyna Ndao Diallo. Aminata Sall, formatrice, parle, elle, de ‘’la notion d’intimité que l’on ne doit pas banaliser’’. Pour cela, ces femmes ambassadrices veulent utiliser des voix et images positives de femmes et de filles, y compris des survivantes. Elles en appellent à une réflexion sur le choix des mots justes et du meilleur nom pour parler de cette pratique néfaste, sans heurter ni nuire.

AIDA DIENE
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