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Seydi Gassama répond au Premier ministre : "Ses propos sont surprenants, à la limite irresponsables"
Publié le jeudi 1 mars 2018  |  Seneweb.com
Seydi
© Autre presse par DR
Seydi Gassama, secrétaire exécutif de Amnesty International - Sénégal
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Réponse du berger à la bergère. Le président d'Amnesty Sénégal, Seydi Gassama, n'a pas attendu longtemps pour répondre au Premier ministre, Mahammad Dionne, qui a pointé "une certaine société civile de politiciens encagoulés" et pro-homo. Extraits.

"Dépénalisation de l'homosexualité"
"Ce sont des propos surprenants, à la limite irresponsables, de la part du premier ministre d'un régime qui connait la sensibilité de la question des homosexuels au Sénégal pour avoir été souvent accusé de vouloir leur accorder des droits. Le rapport annuel d'Amnesty International est basé sur des faits réels, documentés et analysés tout au long de l'année 2017. Il couvre plus de 150 pays et territoires. Le gouvernement du Sénégal est le seul au monde à se distinguer avec ce type de réaction qui n'honore pas notre pays. La diabolisation de la société civile, bien qu'elle ne soit pas nouvelle, est en train de prendre des proportions inquiétantes avec ce régime. Et il doit être prêt à en assumer toutes les conséquences en cas de dérives de la part de ses militants, qu'il excite volontairement contre la société civile, au lieu d'assumer en toute responsabilité les manquements à ses obligations de protéger les droits humains des sénégalais. La différence entre les acteurs de la société civile et les hommes politiques, c'est que les uns défendent des principes, les autres défendent des intérêts. Quand ils sont dans l'opposition, la société civile est fréquentable ; mais dès qu'ils arrivent au pouvoir, elle est pestiférée. Il faut que ça s'arrête.

"Amnesty Sénégal n'a jamais demandé…"
"Nous rappelons à l'État du Sénégal son obligation de protéger tous les Sénégalais contre la violence et la persécution. La violence d'État mais aussi la violence exercée par les communautés. Je ne connais pas un seul chef religieux qui cautionnerait le lynchage des homosexuels dans nos communautés, avec toutes les dérives que cela comporte. Ce que la société ne semble pas tolérer, ce sont les pratiques exhibitionnistes, la revendication de nouveaux droits tel que le mariage pour tous c'est-à-dire le mariage entre hommes, entre femmes, des parents de même sexe, etc. Amnesty International Sénégal n'a jamais demandé à l'État du Sénégal d'autoriser des gays pride ou d'autoriser le mariage pour tous. Nous ne sommes pas schizophrènes. Ce que nous rejetons, c'est l'immixtion dans la vie privée des gens, parfois sur la base de dénonciations infondées, pour les arrêter et les jeter en prison, ainsi que la violence contre des homosexuels réels ou présumés.

Recommandations
"Nous exhortons l'État du Sénégal à prendre les mesures qui s'imposent pour mettre fin aux violations des droits humains commises par ses propres agents, les membres des forces de défense et de sécurité notamment, et qui restent très nombreuses. Nous lui demandons de prendre des mesures pour améliorer la situation des détenus qui doivent vivre leur détention dans des conditions de dignité. Nous lui demandons de mettre fin à l'exploitation par la mendicité des enfants talibés en appliquant les lois en vigueur et en prenant des mesures à caractère budgétaire pour moderniser les daaras. Nous demandons un traitement égal de tous les citoyens par l'État et par la justice et cela passe par des réformes pour garantir l'indépendance de la justice qui est une aspiration forte des sénégalais.

Main tendue
"Si des efforts sont faits sur ces points, le rapport de l'année 2018 sera nettement moins critique et le Sénégal pourrait même au cours des prochaines années ne pas figurer dans les rapports d'Amnesty International, à l'instar des pays comme le Cap Vert et l'Ile Maurice. Nous sommes disposés à apporter notre contribution à ces efforts si on nous considère comme des partenaires."


Chamsidine Sané
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