DAKAR - A moins d'un an de l'élection présidentielle du 24 février 2019, la classe politique sénégalaise est toujours divisée au sujet de la personnalité qui va organiser ce scrutin, constatent les observateurs.
Depuis la fin des élections législatives du 30 juillet dernier, qui ont été remportées largement par la mouvance présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY), l'opposition veut que le ministère de l'Intérieur, le principal organisateur des élections, soit confié à une personne neutre.
L'actuel ministre de l'Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, et son prédécesseur, Abdoulaye Daouda Diallo, sont tous membres de l'Alliance pour la République (APR), le parti du président Macky Sall.
Début février, une frange de l'opposition, dont le Parti démocratique sénégalais (PDS) de l'ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012), regroupée au sein du front Initiative pour des élections démocratiques (IED), a manifesté pour des élections libres et transparentes.
L'opposition a réitéré cette semaine cette demande après une déclaration de soutien du ministre de l'Intérieur au président Macky Sall lors d'une émission télévisée.
Plusieurs partis d'oppositions ont réclamé la "démission et la radiation" du ministre de l'Intérieur.
Le comité directeur du PDS a exigé dans un communiqué la "démission immédiate et sans condition" du ministre, lui prêtant l'intention de chercher à faire gagner Macky Sall au premier tour de l'élection présidentielle du 24 février 2019.
"Nous ne saurions accepter que ce partisan déclaré d'un candidat organise des élections dans notre pays", a indiqué le PDS.
Face à la demande de l'opposition, le ministre de l'Intérieur Aly Ngouille Ndiaye a réfuté les propos qu'on lui prête.
"Ce que je dis, c'est que dans ce pays, on a dépassé le bourrage des urnes, on a dépassé le trucage des élections", a souligné M. Ndiaye.
Plusieurs acteurs et observateurs politiques ont souhaité que le président Macky Sall fasse comme ses prédécesseurs Abdou Diouf et Abdoulaye Wade en confiant l'organisation des élections à une personnalité neutre.
En 2000, le président Abdou Diouf avait nommé un général à la retraite pour l'organisation de la présidentielle.
Pour sa part, Abdoulaye Wade avait nommé un administrateur civil au poste de ministre chargé des élections.
A plusieurs reprises, le président Macky Sall a affirmé qu'il ne ferait pas moins que ces prédécesseurs dans l'organisation des élections, soulignant la maturité de la démocratie sénégalaise.