Sur la hausse des frais d’inscription aux différents examens et concours, notamment le Certificat de fin d’études élémentaires (CFEE) et le Brevet de fin d’études moyennes (BFEM), Mamadou Lamine Dianté affirme : «les frais d’inscription passent de 250 à 1.000 FCFA pour le CFEE et de 500 à 2.000 FCFA pour le BFEM, soit une hausse de 400%». Pointant un doigt accusateur vers les associations de parents d’élèves. Cette sortie soulève une vague d’indignation. La Fédération des associations de parents d’élèves du Sénégal et le directeur des examens et des concours (Dexco) apportent des clarifications et dénoncent la posture «politicienne» de Dianté, et non syndicaliste. Le syndicat des inspecteurs de l’éducation du Sénégal estime que «l’impact du décret doit se sentir dans les conditions d’organisation des examens».
MAMADOU LAMINE DIANTÉ, SYNDICALISTE : «Une spoliation injustifiée des ménages»
E n considérant les statistiques de 2017, la participation des élèves passerait de 69.902.750 FCFA à 279.611.000 FCFA, soit une hausse de 209.708.250 FCFA pour le CFEE ; et de 95.264.000 FCFA à 381.056.000 FCFA, soit une augmentation de 285.792.000 FCFA pour le BFEM. Au total, pour ces deux examens, les ménages contribueraient à hauteur de 660.667.000 FCFA au lieu de 165.166.750, soit un effort supplémentaire de 495.500.250 FCFA supporté par les candidats. Pire, il semblerait que ces hausses des droits d’inscription aux examens scolaires (CFEE et BFEM) aient été fixées d’un commun accord entre le ministère de l’éducation nationale et les présidents de l’Unapees et de la Fenapees qui prétendent parler et agir au nom des véritables parents d’élèves du Sénégal. En réalité, dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord du 17 février 2014 qui stipule que certains taux des indemnités liées aux examens soient revus à la hausse, des concertations ont effectivement eu lieu avec les représentants des organisations syndicales pour proposer de nouveaux taux afin d’apporter les mesures correctives. Mais il n’a jamais été question de solliciter quoique ce soit des parents, encore moins des élèves. Bien au contraire, les revendications des syndicats d’enseignants ne sont adressées qu’au gouvernement. La hausse des frais d’inscription au Cfee et au Bfem est exagérée, car les charges supplémentaires restent bien en deçà de 500.000.000 FCFA. En réalité, les seuls changements intervenus pour le CFEE portent sur les indemnités de surveillance et de secrétariat de jury dont les taux passent de 3.000 à 4.000 FCFA (2.000 F/jour pendant 2jours), ainsi que celles de correction dont le taux passe de 3.000 à 8.000 F CFA par examinateur. Quant au BFEM, cette hausse ne saurait dépasser 90.000.000 FCFA, car les changements intervenus concernent seulement les présidents de jurys dont les indemnités passent de 7.000 à 20.000 FCFA (environ 15.000.000 FCFA de plus sur le budget), les secré- taires de jurys dont les indemnités passent de 1.000 F/ jour à 2.000F/ jour (environ 25.000.000 FCFA de plus sur le budget) et les surveillants non correcteurs dont les indemnités passent aussi de 1.000 F/ jour à 2.000 F/ jour (environ 50.000.000FCFA de plus sur le budget). Au total, on ferait supporter aux ménages des efforts supplémentaires de plus 500.000.000 FCFA contre des charges additionnelles qui n’excèdent pas 165.000.000 FCFA. Pour quelles raisons ? Le peuple de l’école doit être édifié.Tout porte à croire qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’une spoliation injustifiée des ménages à des fins inavouées. Parce que les examens scolaires ne doivent en aucun cas être privatisés, au nom de l’équité prônée dans le PAQUET-EF. De même, nul n’a le droit de percevoir des commissions sur les acquis du mouvement syndical.
AMADOU MOCTAR NDIAYE, DIRECTEUR DES EXAMENS ET CONCOURS : «Les parents d’élèves ont proposé eux-mêmes les montants»
Sa sortie est surprenante. Je ne la prends pas comme une réaction d’un syndicaliste, mais comme d’un politicien qui cherche à déstabiliser le système scolaire. Il sait que cette entreprise a eu le mérite d’être construite de manière participative avec l’ensemble des parents d’élèves. Ces derniers qui ont proposé les montants, compte tenu de la modicité des sommes versées par les élèves en termes de frais d’inscription depuis 1994. On ne verra dans aucun pays du monde, des frais d’inscription qui s’élèvent à 250 FCfa pendant 25 ans. Le Sénégal a réformé ses textes. La première a concerné le Bfem en 2004 avec un premier tour et un second tour, où nous sommes désormais à 14 épreuves. S’y ajoutent les épreuves particulières. Pour l’entrée en sixième, il y a eu la généralisation du Curriculum de l’éducation de base en 2013. Nous sommes passés d’une logique 4 épreuves à une logique 11 épreuves, avec l’entrée par les compétences. Le format d’évaluation a changé. Il ne s’agit plus de distribuer des feuilles volantes aux enfants. Tout est prévu sur des papiers A4 et A3, avec un rythme de consommation pour les tirages des épreuves de 150 rames de papier par jour, pendant 2 mois pour alimenter les machines. Ce qu’il ne dit pas et il sait. Nous ne sommes simplement là pour organiser matériellement les examens. Nous avons une pré- paration immatérielle des évaluations nationales. La réflexion sur la construction des épreuves, des barèmes, la revue étymologique, la mise en place des guides pour rendre plus objectives les évaluations. Les Fonds d’appui ne servent pas à alimenter les examens. L’argent permet d’organiser d’autres examens, notamment le Certificat de fin de stage des instituteurs adjoints (Cfsia), Mariama Bâ. Ce fonds, mis en place par un décret 2017 – 1403, revoie à la hausse, en fonction des préoccupations des enseignants, des indemnités liées à la supervision, la correction et à la surveillance. Les pays comme la Cote d’ivoire et le Burkina sont à 5000 FCfa d’inscription. De 1994 à 2017, nous sommes passés de 250 FCfa à 1000 FCfa. Les mesures ont été prises d’un commun accord. Cette sortie est pour dé- stabiliser le système éducatif et semer le doute au niveau des populations. Cette démarche a été inclusive. Les parents d’élèves ont proposé euxmêmes les montants. On ne peut pas vouloir faire de la qualité avec 250 FCfa.
EL CANTARA SARR, SG SIENS : «La hausse doit se sentir dans les conditions d’organisation des examens»
Cette hausse doit avoir un impact sur les conditions d’organisation des différents examens, notamment la surveillance dans les salles de classe et la correction des épreuves. Nous insistons sur le fait que l’école publique n’a vocation à faire de l’argent. L’éducation ne doit pas être utilisée comme une variable d’ajustement, car cette hausse a un impact sur le pouvoir d’achat des parents. L’impact du décret doit se sentir dans les conditions d’organisation des examens. Une incidence positive en termes d’organisation de ces évaluations, de surveillance et de correction. Si tel n’est pas le cas, nous allons considérer que c’est une affaire de trésorerie.
BAKARY BADIANE, PRÉSIDENT DE LA FENAPEES : «Ce que nous demandons aux parents n’est pas au-dessus de leurs moyens»
«Nous avons été conviés, en réalité à une réunion pour justement discuter sur le problème des frais d’inscription au CFEE comme au BFEM, au ministère de l’Education. Les taux actuels pour ces examens de l’élémentaire et du moyen datent de 1994. Aujourd’hui, en commission, nous avons dit que les choses ont tellement évolué qu’il faudrait songer à revoir à la hausse ces frais. Toutes les charges liées à l’organisation de ces évaluations nationales ont été mises à notre disposition. Nous avons examiné les taux en commission. Nous avons arrêté des montants, prenant en compte les modalités d’organisation des examens. Sur la base de ce que la commission a arrêté, il appartient au ministère de l’Education nationale de prendre des décisions. J’ai expliqué à Mamadou Lamine Dianté que l’augmentation est une affaire d’une commission composée des parents, des inspecteurs, je crois, et du gouvernement. Nous sommes en phase avec le gouvernement. Ce qui a motivé notre point de vue est que tous nos enfants qui n’ont pas d’extraits seront enrôlés. Chaque épreuve est donnée sur feuille, donc non écrite au tableau. Ensuite, les syndicats ont demandé à ce que le prix de correction soit rehaussé. Pour cela, il faudrait que la participation des ménages soit pondérée, car il faut donc augmenter les enveloppes et le personnel de surveillance. Nous avons fait le tour du Sénégal en donnant l’information à notre base. Il faut dire à Dianté que notre analyse a été très correcte. S’il veut faire de la politique, qu’il aille le faire. L’augmentation des indemnités de surveillance et de correction a un coût. Ce que nous demandons aux parents n’est pas au-dessus de leurs moyens.