Ouagadougou (Burkina Faso) - Le transfert des ressources financières vers les administrations locales "n’est pas encore effectif" dans le cadre des politiques de décentralisation mises en œuvre dans la plupart des pays africain, a estimé, jeudi, à Ouagadougou (Burkina Faso), le maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé.
"Le transfert de compétences devait être accompagné d’un transfert de ressources financières pour le développement local, ce qui n’est pas encore effectif alors qu’on veut aller vers un rééquilibrage des territoires", a déclaré M. Baldé, président de la commission Démocratie locale et Décentralisation de l’Association internationale des maires francophones (AIMF).
Selon l’édile de Ziguinchor, la capitale sud du Sénégal, "on ne peut pas rééquilibrer des territoirs en ayant des communes urbaines et rurales dans le misérabilisme".
"On peut avoir les meilleurs textes au monde sur la décentralisation mais s’il n’y a pas de transferts financiers, on restera toujours au même stade", a dit M. Baldé, en marge de la cérémonie d’ouverture de la conférence annuelle de l’AIMF, qui se déroule dans la capitale burkinabè.
Le gouvernement du Burkina Faso, en ce qui le concerne, envisage à l’horizon 2035, de transférer 15% du budget de l’Etat aux collectivités locales, a annoncé le ministre burkinabè de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Siméon Sawadogo, dans son message aux participants.
Au Sénégal, a souligné Abdoulaye Baldé, "c’est 5,5% non pas du budget de l’Etat, mais de la TVA collectée qui est transférée aux collectivités locales. C’est totalement insuffisant pour parvenir à un développement territorial et à une communalisation", selon le maire de Ziguinchor.
Les questions liées aux finances locales, au statut de l’élu local et à la fonction publique territoriale sont au menu de cette rencontre qui enregistre la participation d’élus locaux de pays tels que le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, de la Mauritanie, du Sénégal et du Togo.
"Des questions importantes qui méritent un partage approfondie et surtout des échanges de bons procédés pour aller à un palier supérieur, parce que nous sommes à peu près au même niveau", commente Abdoulaye Baldé.
Il s’agit selon lui "d’assainir l’environnement juridique et social des collectivités locales, de parfaire les textes dans la plupart des pays où il y a pratiquement un vide juridique, d’aller vers un véritable transfert financier comme stipulé dans l’Acte3 de la décentralisation au Sénégal".
Un des résultats du plaidoyer sur le statut de l’élu local et la fonction publique territoriale réside dans le lancement prochain de l’Observatoire national de la fonction publique locale au Sénégal, a souligné Andoulaye Baldé. En tant que maire, il dit avoir déjà signé des actes qui vont mettre en œuvre cette fonction publique locale.
Au Burkina Faso la loi portant création de la fonction publique territoriale a été adoptée en janvier 2017.
La conférence annuelle de l’AIMF, qui prend fin vendredi, veut promouvoir des partenariats entre les acteurs de la société civile ou institutionnels "capables de porter le plaidoyer et de faire bouger les lignes concernant les thématiques liés au développement local".