Dakar - La défense du maire de Dakar Khalifa Sall, jugé pour détournement de fonds publics avec sept de ses collaborateurs, a réclamé lundi une annulation de la procédure et sa relaxe, alors que le parquet a requis contre lui une peine de sept ans de prison.
"Je vous demanderai d'annuler la procédure et d'ordonner la main levée des mandats de dépôts", a déclaré au juge du tribunal correctionnel de Dakar Me Bamba Cissé, l'un des avocats du premier édile de la capitale sénégalaise.
L'absence d'un avocat lors de la garde à vue est selon lui l'un des motifs d'annulation de la procédure.
Khalifa Sall, 62 ans, et ses co-prévenus (directeur administratif et financier, comptables, secrétaire...) sont jugés pour le détournement présumé d'1,83 milliard de FCFA (2,8 millions d'euros) prélevés, selon l'accusation, pendant plusieurs années dans les caisses de la mairie.
Ils sont accusés de "faux et usage de faux en écriture de commerce, faux dans les documents administratifs, escroquerie portant sur les deniers, blanchiment de capitaux et association de malfaiteurs, détournement de deniers publics et complicité de détournement de deniers publics".
Comme Khalifa Sall l'a fait depuis l'ouverture des débats sur le fond le 23 janvier, Me Cissé a affirmé que les sommes en cause étaient des fonds "politiques", contrairement à ce qu'affirment l'accusation et l'Etat sénégalais, qui s'est porté partie civile.
"Les sommes votées par le Conseil municipal sont destinées au cabinet du maire. Comment peut-on parler de détournement de deniers publics?", a abondé son confrère Abdou Dialy Kâne.
"Si on élague l'aspect politique de ce dossier, il n'y a pas sur le plan juridique matière à condamner les prévenus", a aussi estimé Me Cissé pendant sa plaidoirie.
Le procureur a requis vendredi sept ans ferme et une amende de 5,49 milliards de francs CFA (8,37 millions d'euros) contre Khalifa Sall et le directeur administratif et financier de la Ville de Dakar, Mbaye Touré.
Il a réclamé des peines de deux ans, dont un avec sursis, à cinq années de prison ferme contre quatre prévenus et la relaxe pour deux autres.
L'Etat du Sénégal réclame pour sa part plus de 10 millions d'euros de dommages et intérêts au maire et à ses co-accusés.
Pour Khalifa Sall, qui risque la suite de sa carrière politique, ce procès vise avant tout à l'empêcher de se présenter face à Macky Sall lors de la présidentielle de 2019.
Socialiste dissident, le maire de Dakar depuis 2009 est en détention provisoire dans une prison de la capitale depuis que cette affaire a éclaté en mars, ce qui ne l'a pas empêché d'être élu député en juillet.