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Maitre El Hadj Diouf (Ancien vice-président du Jaraaf) : ‘’On a les meilleurs joueurs du monde, mais l’encadrement est médiocre’’
Publié le samedi 17 fevrier 2018  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Me El Hadj Diouf, avocat, député et président du Parti des travailleurs et du peuple
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Après avoir tourné la page du Jaraaf, Maître El Hadj Diouf compte mettre en place avec des amis un nouveau club. Très au fait de l’actualité du football national, il se prononce également sur le management de Maître Augustin Senghor.



Que pensez-vous de la gestion du football par l’équipe dirigée par Me Augustin Senghor ?

La gestion de notre football est calamiteuse. Nous avons eu la chance d’être qualifiée pour avoir rencontré de petites équipes. Ce n’est pas le mérite des dirigeants. C’est comme l’élection de Trump. Ce n’est pas le mérite des Etats-Unis. C’est un accident de l’histoire. Ce sont les pires dirigeants que nous avons eus dans ce pays. Ils vont d’échec en échec. Je pense qu’ils sont là parce qu’ils ont de bons marabouts. J’aime bien Me Senghor. On a prêté serment le même jour. On allait chez lui fêter le jour de notre entrée dans cette profession chaque année. C’est un grand ami, mais force est de constater que nous avons trop souffert depuis qu’il est là. Après dix ans, on est qualifié à la Coupe du monde pour aller en aventure. On ne peut pas le changer parce qu’ils (les membres de la Fédération) ont modifié les textes de sorte à se pérenniser.

Vous pensez donc qu’on n’a pas de chance à ce Mondial ?

Il faut être sérieux ! Comment on peut produire des résultats en rencontrant des pays comme l’Ouzbékistan ? Au moment où le Nigeria par exemple se frotte à de grandes équipes comme l’Argentine. Si on veut faire de bons résultats, il faut rencontrer les grands. Des pays comme l’Argentine, le Brésil, l’Allemagne… Les pays qui peuvent gagner la coupe du monde. On a les meilleurs joueurs du monde, mais l’encadrement est médiocre. On n’est même pas capable de se qualifier au Chan. C’est la Guinée qui nous a éliminé. Avec cette qualification à la Coupe du monde, les dirigeants politiques et sportifs qui devaient partir vont s’arcbouter et manipuler l’opinion. Vraiment le Sénégal est mal parti. C’est un pays de propagande, de manipulation et d’escroquerie à la fois politique et sportive.

Etes-vous toujours Jaraafman ?

Non ! Vous savez, j’ai aimé le Jaraaf. Quand je commençais à supporter cette équipe, j’étais jeune lycéen. Je suivais les reportages de Delmas, Pathé Dièye Fall, Magib Sène, Abdoulaye Diaw qui était à l’époque à Kaolack. Il y avait Balabass Diallo à Ziguinchor, Golbert Diagne à Saint-Louis. Je supportais Demba Mbaye, Eusébio Ibrahima Ba, Léopold Diop, Mbaye Fall, Cheikh Fam. J’étais émerveillé par cette équipe. Pourtant à Kaolack, il y avait Mbossé, mais c’est le Jaraaf que j’aimais. Il n’y avait même pas la télévision, c’est à la radio qu’on suivait les matchs. Centre de Cheikh Fam, reprise de Mbaye Fall, but ! (comme un reporter, NDLR). C’était magnifique ! Tête de Mansour Sow, débordement d’Eusébio… Une fois à Dakar, j’ai adhéré et plus tard, le président Wagane me coopte au poste de vice-président. En même temps, j’étais le conseil de l’équipe. J’ai suivi plusieurs transferts de joueurs, notamment ceux de Pape Bouba Diop, Mame Biram Diouf (à Manchester United), Moustapha Diallo… J’allais partout en Europe à mes frais. Et j’ai rapporté beaucoup d’argent à l’équipe. Et tout ça, je faisais don au Jaraaf.

Quand il n’y avait pas d’argent pour payer les joueurs, je puisais dans la caisse de mon cabinet pour payer les entraîneurs comme Lamine Dieng, les joueurs comme Makhou, Babacar Seck, Ciré Dia, Khadim Ndiaye. Je faisais tout ça par amour pour cette équipe. Ce que je faisais, il y a des Dakarois qui étaient membres avant moi et qui ne l’ont jamais fait. C’est pourquoi le président Wagane avait dit que j’allais le remplacer, car à part lui, il n’y avait personne. A part mon frère Issakha qui était trésorier et qui prêtait de l’argent au Jaraaf. Les joueurs venaient chez moi. Même les basketteuses, mes épouses les connaissent. Je payais des maillots, des chaussures, des habits. Je payais les primes pour qu’ils achètent du ‘’dibi’’ et se payer un taxi au lieu de prendre les cars rapides. Le dernier trophée qu’on a gagné, c’est moi qui assurais l’intérim du président Wagane en voyage. C’était contre le Casa Sport, en 2013. Depuis lors, le Jaraaf n’a rien gagné, parce que les traîtres ne gagnent pas.

Vous êtes-vous senti trahi ?

(Il hésite). C’est vrai que j’ai été trahi parce que j’ai gagné cette élection. J’ai mis 8 millions de francs Cfa pour préparer cette Assemblée générale. J’ai débloqué 2 millions pour le transport des supporters et leurs billets d’entrée, 2 millions pour les maillots. J’ai donné de l’argent à feu Doudou Ndiaye Rose pour qu’il nous amène 40 tam-tams au stade pour concurrencer Allez-Casa. Et ce jour-là, dans les tribunes, le Jaraaf a tenu face à Allez-Casa. Un mois après, il y a eu l’élection. Tous ces jeunes étaient mobilisés autour de moi. Mais les gens ont comploté contre moi. Le lendemain, une partie de la presse ‘’achetée’’ par Cheikh Seck a titré : Cheikh Seck élu, El Hadj Diouf président autoproclamé. C’est malhonnête.

Vous avez tourné la page du Jaraaf. Mais êtes-vous toujours dans le sport ?

Oui ! Je suis toujours dans le sport. D’ailleurs, je suis en train de voir avec des amis comment créer un club performant, moderne comme le Paris Saint-Germain, le Real, avec de grands bailleurs, de grands responsables. Maintenant dans ce monde du sport, il faut avoir de l’argent pour développer une équipe. Je ne veux pas en dire plus, parce que ‘’bu nit ñi xamee foo jëm, doo agg’’ (qui veut aller loin ménage sa monture). On est en train de mûrir le projet. Il y a des gens qui sont dans tous les métiers, des cadres qui travaillent dans de grandes sociétés. C’est avec eux que je vais créer une grande équipe. Vous avez vu le PSG, depuis que les Qataris sont venus, ils rivalisent avec les Real et Barcelone. Ils achètent des joueurs pour des centaines de milliards. C’est ce que nous voulons installer ici.

Ce club sera-t-il kaolackois ou dakarois ?

Non, il sera un club du Sénégal. Je ne sais pas où on va l’implanter mais il fera très mal. De toutes les façons, le Jaraaf et moi, c’est terminé. Ce fut une aventure exaltante que j’ai vécue avec passion. Entre le Jaraaf et moi, c’est comme un divorce avec une épouse qu’on a toujours aimée. Je ne dirais pas qu’il y a une haine. Le problème, ce n’est pas entre le Jaraaf et El Hadj Diouf ; ce sont les opportunistes qui ne sont même pas des Jaraafmen. Ce sont des traîtres qui sont derrière Cheikh Seck pour bouffer son argent, des vieillards à la retraite. Malheureusement, il ne s’en rend pas compte. Moi, j’avais la jeunesse. Mon argent, je le donnais à l’équipe, non à des individus pour les corromp.
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